Le football féminin est en plein essor au Nicaragua
Las Pinorelas ont réalisé la meilleure progression en termes de places dans le dernier Classement Mondial Féminin FIFA/Coca-Cola
Dalila Lopez, Directrice du Football Féminin au sein de la FENIFUT, a impulsé l’élan
Longue et sinueuse est la route vers les sommets du football mondial. L’équipe du Nicaragua féminine peut en témoigner, elle qui n’est jamais parvenue à décrocher la moindre qualification pour un tournoi majeur en 25 ans d’existence. Mais depuis six mois, Las Pinoleras évitent soigneusement chaque obstacle qui se dressent sur leur chemin. Invaincues en 2024, elles ont même réalisé la meilleure progression en termes de places au Classement Mondial Féminin FIFA/Coca-Cola d'août.
"Les bons résultats ne viennent pas du jour au lendemain", analyse Dalila Lopez, Directrice du Football Féminin au sein de la FENIFUT au micro de Inside FIFA. "Ils sont souvent le reflet d'un travail organisé et planifié, réalisé à moyen ou long terme. Il faut également des investissements pour accompagner la dynamique mais aussi le soutien des plus hautes autorités."
"Nos axes de travail ont été multiples", poursuit-elle. "L'identification de profils de joueuses par notre Directeur Technique, l’utilisation plus judicieuse des fenêtres internationales, et les investissements à entreprendre pour faire venir des joueuses internationales sont des domaines sur lesquels nous nous sommes particulièrement penchés."
Dalila Lopez et la FENIFUT n’ont pas non plus ménagé leurs efforts pour développer le football féminin de base. Avec le soutien de la FIFA, des ateliers de formation des administrateurs du football féminin ont notamment été organisés pour accélérer la croissance de la discipline. Des festivals ont également été mis en place pour encourager plus de jeunes filles à se familiariser avec ce sport.
"La FIFA a donné une impulsion en créant ces programmes pour ses associations membres. L’un des objectifs était de faire en sorte que les filles aient désormais la possibilité de s’adonner à leur passion, et qu'elles puissent le faire dans des environnements adaptés et sûrs. Le but a été atteint au Nicaragua", souligne-t-elle.
Enfant, la Nicaraguayenne n’avait pas eu cette opportunité. Elle a attendu d’avoir 15 ans pour commencer à pratiquer le football. Avec talent. Diplômée en communication sociale, elle est parvenue à mener de front études et football, devenant un pilier de la sélection nationale dont elle a été la capitaine en 1999. A l’issue de sa carrière de joueuse, son parcours universitaire, son charisme et sa connaissance du milieu footballistique l’ont conduit à accepter le poste de Directrice du Football Féminin que lui a proposé sa fédération, en 2004. Poste qu’elle occupe toujours 20 ans plus tard.
"Ce dont je suis fière, c’est d’avoir réussi à faire le compromis entre les engagements que je m’étais fixés envers mon pays, envers ma famille et envers moi-même", confie-t-elle. "Les filles d’aujourd’hui n'ont pas à vivre ce que les pionnières du football ont dû traverser. J’estime que celles qui connaissent le chemin ont le devoir de le rendre plus accessible pour les autres."
Les filles d’aujourd’hui n'ont pas à vivre ce que les pionnières du football ont dû traverser. J’estime que celles qui connaissent le chemin ont le devoir de le rendre plus accessible pour les autres
"Il n’y avait que 10 équipes et une seule ligue il y a 20 ans. Aujourd’hui il y en a à près de 70 dans différentes catégories d’âge : 10 en première division, 10 en deuxième division, 19 en U17, 20 en U15. Il existe également un tournoi U13. Cette évolution me comble", ajoute-elle. "Plus de 100 femmes ont obtenu leur licence d’entraîneur. Le bilan est également positif côté arbitrage, Tatiana Guzman étant un modèle au Nicaragua. Voir le respect dont bénéficient aujourd'hui, globalement, les officielles de match est une grande satisfaction pour moi." De toute évidence, la réciproque est vraie. Car Dalila Lopez est elle-même un modèle qui inspire le respect. D’ailleurs, sa place était de choix parmi les 35 participantes à la troisième édition du Programme pour la Promotion des Femmes aux Postes de Direction du Football, qui a eu lieu en 2022. Cet évènement rassemble et honore "les femmes jouant un rôle crucial dans la réussite des organisations" selon les propres termes de Sarai Bareman, Directrice du Football Féminin de la FIFA.
"J’en garde un merveilleux souvenir", raconte l’intéressée à propos de cette initiative conjointe de la FIFA et de l'UEFA gérée par l'IMD Business School qui vise à promouvoir l'accession des femmes à des fonctions de direction dans le monde du ballon rond. "Ce programme m’a permis de grandir en tant que personne. Je suis devenue plus forte, j’ai gagné en résilience. J’ai des outils qui m’aident à développer mon travail de manière plus affirmé."
"Cette expérience m’a notamment permis d’assimiler qu'on ne pouvait pas négocier sa santé mentale avec son travail. C’est impossible. Elle m'a donné l’opportunité de repenser le sens de mes priorités. Enfin, j’y ai appris que, comme dans un match de football, ce n'est pas seulement l'endurance ou la force qui fait la différence… La technique permet souvent de faire avancer les choses sans que l’on s’épuise à la tâche." Dalila Lopez disposait d’un certain bagage technique étant joueuse. Elle a l’a manifestement gardé en tant que Directrice du Football Féminin. Et grâce à elle, le Nicaragua a marqué des buts. Il en a atteint, aussi, beaucoup.