jeudi 03 mars 2016, 13:34

Lloris : "Il ne faut pas se rendre plus important qu'on l'est"

"On a entendu les deux grands 'boum'. On n'a réalisé ce qui s'était passé qu'à la fin, lorsque l'on est sorti du terrain". Au micro de la FIFA, le capitaine de l'équipe de France Hugo Lloris a accepté de revenir sur cette tragique soirée du 13 novembre 2015, sur les attentats perpétrés à Paris et aux abords du Stade de France à Saint-Denis.

"On passe d'un sentiment à un autre : on est satisfait du résultat, de la performance, il y a toute la pression qui retombe. Et d'un coup, on se reconnecte à la réalité à travers des écrans qui sont situés dans le tunnel", détaille le gardien des Bleus, qui venaient alors de battre l'Allemagne 2:0, en match amical. "Au moment où on a allumé la télévision, l'assaut était donné au Bataclan. C'est un moment tragique et assez douloureux."

Bien au delà de la performance sportive des Tricolores ce soir-là, Lloris retient le formidable état d'esprit affiché par les acteurs du match, des joueurs aux journalistes, en passant par les fans, suite à ce terrible drame : "Cela a été un grand moment de solidarité entre les Français, les Allemands, les journalistes.. C'est un moment où on oublie complètement le football. Les barrières qui existent normalement entre adversaires tombent. C'est le genre d'évènement qui permet de relativiser. On se dit tout simplement qu'on est tous, avant tout, des êtres humains."

Trois jours plus tard, les Bleus avaient rendez-vous avec l'Angleterre pour une autre rencontre amicale. Un match rendu forcément particulier par le contexte. "A travers ce sport, on a le devoir de donner l'exemple et de divertir son pays, même si nos têtes et nos pensées sont ailleurs", explique Lloris à propos de cet Angleterre-France, qui s'est anecdotiquement conclu par une défaite française 2:0. "Psychologiquement, nous n'étions pas prêts pour disputer cette partie, mais on a joué avec fierté, pour notre sport et pour notre pays."

Tottenh..âme d'un champion ? Sans ces tragiques évènements, ce match aurait pourtant pu être une belle fête pour Lloris qui a rejoint l'Angleterre et Tottenham Hotspur en 2012. Et s'y est imposé. "Réussir à l'étranger, c'est aussi bien à un défi pour un joueur, que pour n'importe quel être humain. Je suis très content et très fier d'y être parvenu. Il y a beaucoup à apprendre à partir hors de chez soi. La Premier League est réputée pour son niveau et pour plein d'autres choses. Je prends beaucoup de plaisir à jouer tous les week-ends, sur chaque terrain", assure l'intéressé.

Le plaisir doit être d'autant plus grand que lui et ses Spurs réalisent une superbe saison. Ils sont actuellement deuxièmes du championnat, à trois points du surprenant leader, Leicester City. "L'année dernière, c'était une saison de transition. On devait s'adapter à la nouvelle philosophie de jeu de notre entraîneur, Mauricio Pochettino à un nouveau football, avec ses propres caractéristiques. Il attache beaucoup d'importance à ses adjoints, ça crée un bel état d'esprit entre les joueurs et le staff. On ne peut qu'avancer et progresser dans ce contexte", confie Lloris.

Et d'ajouter : "L'ambition est de finir le plus haut possible. C'est un championnat relevé, où de grands clubs sont en compétition, il faut donc impérativement être régulier et constant dans la performance et dans les résultats." Pour l'instant, la recette fonctionne, notamment grâce au rayonnement de Lloris sur sa ligne. "Il ne faut pas se rendre plus important que l'on est", tempère-t-il. "Je m'inscris dans un projet de groupe, au sein de toute une équipe. Mais c'est bien sûr un immense honneur d'être capitaine de l'un des plus grands clubs anglais".

En lui confiant le brassard cette saison, Pochettino peut en tous cas espérer que son groupe abordera avec sérénité la dernière ligne droite de la saison, qui s'annonce passionnante.