Les Comores ont atteint le meilleur Classement FIFA de leur histoire à l’issue de 2023
Des exploits et des progrès réalisés malgré les obstacles
Le développement du football comorien est soutenu par la FIFA
Il y a deux ans presque jour pour jour, les Comores réalisaient l’exploit d’atteindre la phase à élimination directe de la Coupe d’Afrique des Nations de la CAF 2022. Mais les trois gardiens de but de la sélection étant indisponibles pour cause de blessure et de Covid 19, ils se trouvaient obligés d’aligner dans les buts un joueur de champ, Chaker Alhadhur, à l’heure d’affronter le Cameroun. Ce huitième de finale n’a accouché d’aucun miracle : les Lions Indomptables ont battu les Cœlacanthes (2-1). Pour autant, ce match restera dans les annales de l’histoire du football africain.
Des buts, du suspense, de la dramaturgie, de l’émotion… Tous les ingrédients étaient réunis pour rendre ce Comores-Cameroun légendaire. Un match mythique, mais aussi hautement symbolique : cette rencontre montre à elle seule combien les Comores peuvent rivaliser avec les meilleurs, quand même bien même les plus grands obstacles se dressent sur leur route.
"Nous sommes un pays fragile", souligne Saïd Ali Saïd Athouman, Président de la Fédération Comorienne de Football (FFC). "Et comme toute nation insulaire, nous sommes confrontés à des défis liés à l’économie, à l’environnement, aux transports… Un exemple parmi d’autres : nous sommes dépendants de l’avion pour nous déplacer d’un pays ou d’une île à une autre. Cela engendre des dépenses, et ça pollue. Malgré les difficultés, on se bat pour exister !"
Et les Comores ont des armes. La sélection est en progrès constant depuis une dizaine d’années. Elle s’est encore distinguée récemment en disposant du Ghana et de la République centrafricaine lors des qualifications pour la Coupe du Monde de la FIFA 2026. Ces performances leur ont permis de faire un bond au Classement Mondial FIFA / Coca-Cola et d’atteindre le meilleur rang de l’histoire à l’issue de 2023 : 119e.
"Cette progression récompense un travail entamé il y a quelques années avec l’appui du gouvernement comorien en particulier. Chaque sélectionneur - Amir (Abdou), Younes (Zerdouk) puis Stefano (Cusin) - a apporté sa pierre à l’édifice par son expérience et ses compétences. C’est un collectif," explique Mr Athouman. "Et on n’aurait jamais pu en arriver là sans l’appui du peuple, des supporters aux Comores mais aussi ceux de la diaspora. Une diaspora qui pèse beaucoup puisque 90% des joueurs en sont issus."
El Fardou Ben Nabouhane est de ceux-là. Capitaine historique et meilleur buteur de l’histoire de la sélection avec 17 buts, l’attaquant fête cette année ses 10 ans de carrière internationale. Il a donc vécu de l’intérieure cette montée en puissance des Cœlacanthes. "Il y a eu de la continuité. Les gamins, que nous étions il y a 10 ans, sont devenus des cadres ayant gravi des obstacles ensemble. L’insouciance a passé le relai à l’expérience au fil du temps", explique-t-il au micro d’Inside FIFA.
"De toute évidence, du chemin a été parcouru mais j’ai du mal à en prendre la mesure", poursuit-il. "Ce qui est certain, c’est qu’en ce laps de temps, le football a donné de la fierté au peuple comorien et ce n’était peut-être pas le cas avant. Il y a aujourd’hui une immense ferveur derrière l’équipe nationale qui n’était pas aussi forte à mes débuts en sélection."
"C’est cette communion, cette unité entre le peuple et la sélection qui nous motive et qui nous fait progresser", insiste Saïd Ali Saïd Athouman. "Nous n’avons pas beaucoup de moyens, nous sommes même démunis par rapport à d’autres fédérations. J’imagine que si on avait les ressources dont bénéficient d’autres fédérations, on progresserait encore plus vite. Heureusement, la FIFA nous aide. Il faut savoir que 80% de nos revenus proviennent d’elle !"
C’est cette communion, cette unité entre le peuple et la sélection qui nous motive et qui nous fait progresser
Le manque de subventions entrave le développement efficace du football aux Comores. C’est pourquoi l’instance dirigeante du football mondial a financé des initiatives de développement du football à travers plusieurs programmes tels que Football for Schools et Développement Des Talents (TDS). Par ailleurs, dans le cadre du programme FIFA Forward, la FFC a reçu des fonds pour construire le Centre technique de Mitsamihouli, projet phare de l'actuel Comité Exécutif National, et acquérir quatre terrains synthétiques sur les trois îles qui constituent le pays.
En avril, à l'occasion d'une visite officielle, le Président de la FIFA Gianni Infantino s’était entretenu avec le président de l’Union des Comores, Son Excellence Azali Assoumani, afin d’envisager avec lui l’avenir du football dans son pays. "Nous avons parlé football, mais aussi infrastructures. Nous avons réfléchi ensemble au meilleur moyen d'accompagner le développement du football dans ce beau pays. Pour ce faire, nous aurons besoin d’équipements et de terrains sur les trois îles", avait fait savoir le Président Infantino, qui a de nouveau rencontré le Mr Assoumani en septembre dernier.
"On a grandement besoin de cet accompagnement. Cela nous permettra de faire face à de multiples défis. Une amélioration de nos infrastructures et une meilleure formation de nos techniciens ne peuvent que nous aider à progresser", souligne Mr Athouman et de conclure : "Nous comptons beaucoup sur la diaspora, mais c’est important qu’on puisse s’organiser au niveau local, qu’on sache accompagner nos talents et former davantage d’internationaux issus de notre propre championnat."
En signe de reconnaissance envers l'aide apportée par l’instance dirigeante du football mondial, la fédération a fait parvenir au Musée de la FIFA un maillot afin qu’il soit exposé… Celui porté par Chaker Alhadhur lors de ce fameux Comores-Cameroun !