Chaque année en août, les touristes affluent en masse dans la capitale finlandaise pour assister au Festival d'Helsinki. En revanche, à l'été 2003, c'était bien le football qui était sous les feux des projecteurs à l'occasion de la dixième édition de la Coupe du Monde U-17 de la FIFA.
Et le spectacle a là aussi été au rendez-vous. Les supporters ont assisté à d'incroyables retournements de situation avec l'égalisation de la Sierra Leone, pourtant menée de deux buts par une puissante Espagne, et le retour du Cameroun, revenu à hauteur du Portugal après avoir été mené 5-0. Le public a également eu droit à quelques larges victoires telles que celles de la Colombie (9-1) ou des États-Unis (6-1) ainsi qu'à des buts exceptionnels signés Freddy Adu, Ederson et Vieirinha, auteur d'un superbe lob de 50 mètres. Cerise sur le gâteau, la finale entre le Brésil et l'Espagne est venue clôturer le tournoi.
Bien aidés par leur charnière centrale composée de Joao et Leonardo, les Sud-Américains se sont hissés jusqu'en finale sans avoir encaissé le moindre but en 445 minutes. Ils ont aussi pu compter sur l'instinct de buteur d'Ederson, Evandro et Abuda. De leur côté, les Ibères se sont appuyés sur un milieu de terrain intraitable comprenant David Silva, Sisi et Cesc Fabregas, l'un des plus jeunes joueurs du tournoi, mais également l'un des plus impressionnants, à l'instar de Lucas Biglia, Fredy Guarin et John Obi Mikel.
Invincible Brésil
En finale, les protégés de Juan Santisteban prennent rapidement le jeu à leur compte avec des combinaisons à une touche de balle, mais le coup franc concédé au bout de sept minutes s'avère fatal. La magnifique frappe enroulée de Joao vient s'écraser contre le poteau, Leonardo est à l'affût et donne l'avantage à la Seleção. L'édition finlandaise de la Coupe du Monde U-17 de la FIFA devient alors la plus prolifique de l'histoire, à égalité avec celle de 1997 en Égypte.
Les Brésiliens sont tout près de faire le break quelques minutes plus tard lorsque Javier Mandaluniz repousse la demi-volée d'Ederson en direction d'Abuda, mais l'Auriverde trouve la transversale. Cette grosse frayeur a le mérite de donner un coup de fouet à Silva, Sisi et Jurado, incapables de forcer l'arrière-garde adverse dirigée par Joao malgré leurs efforts répétés.
Au retour des vestiaires, la Rojita semble plus en réussite : le missile tiré à distance par Jurado passe à quelques centimètres du cadre et c'est ensuite au tour de Bruno d'être mis à contribution sur une tête au deuxième poteau de Xisco peu après l'heure de jeu. Fabregas, Xisco, et Silva ont également la possibilité de remettre les deux formations dos à dos, mais Bruno parvient à garder sa cage inviolée jusqu'au coup de sifflet final pour porter son invincibilité en 535 minutes dans le tournoi.
Santisteban voit loin
Le Brésil devient au passage le pays le plus titré de la compétition, devant le Nigeria et le Ghana, sacrés à deux reprises. Battue en finale pour la deuxième fois, la Rojita est la grande perdante de l'épreuve. "C'est l'Espagne qui a joué comme le Brésil", regrette Santisteban après la rencontre. "Nous nous sommes créé de nombreuses occasions en deuxième période mais n'avons pas su concrétiser. J'espère que certains de ces joueurs iront de l'avant pour devenir les stars de demain."
Le souhait du tacticien se réalise puisque Silva et Fabregas, meilleur buteur et vainqueur du Ballon d'Or adidas récompensant le meilleur joueur du tournoi, permettront quelques années plus tard à l'équipe A de s'imposer, enfin, sur la scène internationale.
"L'Espagne est une équipe exceptionnelle composée de joueurs fantastiques", affirme pour sa part Evandro, désigné Ballon d'Argent. "Mais nous avons cru en nous, nous avons travaillé très dur et réussi à réaliser une superbe performance." Et son sélectionneur Marcos Paqueta d'ajouter : "Ce n'est pas notre meilleur match du tournoi, peut-être que nous avons marqué trop tôt, mais aujourd'hui, le résultat était plus important que la manière".
Si le technicien brésilien a le sentiment de ne pas avoir assuré le spectacle en finale, personne en revanche ne remet en question la qualité du jeu affiché à Helsinki par les protagonistes des différentes équipes, auteurs de performances de haute volée en cette deuxième quinzaine d'août 2003.