samedi 05 mars 2016, 11:50

Meulensteen : "On revient toujours vers ses points forts"

Il est l'homme que l'on pouvait voir assis à côté de Sir Alex Ferguson durant la période la plus fructueuse de Manchester United au cours de l'ère moderne. Pendant leur collaboration, René Meulensteen et Sir Alex ont aidé United à gagner trois Premier Leagues anglaises, trois FA Community Shields, deux Coupes de la Ligue, une Ligue des champions de l'UEFA et une Coupe du Monde des Clubs de la FIFA. Après son mandat à Old Trafford, Meulensteen a occupé des positions sur les bancs de touche à Anzhi Makhachkala et à Fulham, les deux fois à court terme. L'année dernière, il a pris ses fonctions de conseiller de l'équipe de Philadelphia Union, qui évolue en Major League Soccer.

FIFA.com a rencontré celui qui a contribué à peaufiner les gestes et la technique de joueurs comme Cristiano Ronaldo et Wayne Rooney pour lui demander de retracer son parcours de l'après-Sir Alex Ferguson, et en savoir plus sur sa passion.

Comment s'est passée la transition du poste d'entraîneur à celui de conseiller de Philadelphia Union ?La raison pour laquelle j'ai accepté est que je pense que l'Amérique est un marché intéressant, un marché toujours émergent. La Major League Soccer a fait pas mal de progrès dans le bon sens – elle continue d'en faire – et je voulais en savoir plus là-dessus. Ce poste de conseiller était une formidable occasion de le faire. Depuis six mois, je conseille l'Union et en même temps, j'en apprends beaucoup sur les académies de football et le système universitaire américains. Cela m'a aidé à comprendre tout cela un peu mieux.

Peut-on dire que ces dernières années ont été une période riche pour vous en termes d'apprentissage ?C'est toujours un processus d'apprentissage. On revient toujours vers ses points forts, c'est-à-dire pour moi le plus haut niveau et le travail avec les meilleurs joueurs. Évidemment, il s'agit d'un très petit marché d'une certaine manière. Beaucoup d'entraîneurs sont mal épaulés et ce n'est pas facile. Ce qui m'est arrivé avec Anzhi et ensuite à Fulham m'a desservi au sens où les gens qui prennent les décisions ne savent pas ce qui s'est vraiment passé ou les causes, et ensuite les gens hésitent un peu à vous donner une nouvelle chance.

Quels défis vous stimulent en tant qu'entraîneur ?Le niveau national m'intéresse certainement, car c'est une approche différente. Vous devez identifier les joueurs, cela n'a rien à voir avec l'argent. Vous devez repérer le talent et le potentiel. Il faut travailler avec un groupe pendant une période de temps très courte pour que la sauce prenne et que les joueurs comprennent un style qui va pouvoir les faire gagner. J'aime ça. Si j'avais une offre au niveau national, je la considérerais le plus sérieusement du monde, même pour prendre en charge une équipe olympique, une équipe essayant de se qualifier pour une Coupe du Monde U-20 ou quelque chose comme ça.

Qui vous a le plus influencé dans votre vie en tant que manager ?Il y en a quelques-uns. Il faut toujours être large d'esprit. Pour moi, la première et la plus grande influence a été celle de Wiel Coerver. J'ai travaillé avec lui pendant quatre ans. Ça a énormément influencé ma façon de penser en termes de développement des joueurs. C'est avec lui que j'ai compris que tout ce que l'on fait doit apporter un plus. Ensuite, le fait de travailler étroitement avec Sir Alex Ferguson à Manchester United m'a également beaucoup influencé. Parmi la nouvelle génération d'entraîneurs, je m'identifie beaucoup aux idées de Pep Guardiola. Je l'ai rencontré plusieurs fois. Je l'ai rencontré il y a des années, bien avant qu'il se lance dans la carrière d'entraîneur. C'est probablement la conversation la plus intéressante que j'ai eue avec lui, car il m'a posé beaucoup de questions sur le développement des joueurs et des jeunes footballeurs et la façon de mélanger tout ça pour que ça fonctionne. Je suis également un grand fan et un partisan de Johan Cruyff.

Qu'est-ce qui vous donne envie d'entraîner ?Quand j'étais à United, les gens me disaient "Vous devez avoir le plus beau métier du monde !" et je répondais "Oui, c'est vrai". Le plus intéressant est de préparer les joueurs et de mettre en place des séances à la fois plaisantes pour eux mais aussi efficaces du point de vue des résultats. C'est ça le plus satisfaisant. On essaie de leur faire un tableau. Voici ce qui va se passer à notre avis, voilà leurs points forts, ça c'est ce dont il faut se méfier et ça, c'est la manière de les surprendre. Vous préparez vos joueurs dans les moindres détails aussi bien sur le terrain qu'en dehors. Quand tout cela fonctionne, c'est la plus belle des récompenses.

Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez vu vos plans réellement exécutés sur un terrain ?Au début c'était sur une plus petite échelle car je travaillais avec les joueurs individuellement. Je retrouvais en matches des choses que nous avions travaillées individuellement. Ce travail apportait déjà des choses positives en match. Quand j'ai commencé à être l'entraîneur principal, j'étais responsable de l'ensemble. Les joueurs réagissent toujours à l'environnement que vous créez et les ingrédients en fonction des paramètres étaient très clairs. Je me souviens toujours du jour où le manager m'a appelé dans son bureau pour me dire que j'allais être l'entraîneur de l'équipe première. Il avait son grand tableau à feuilles et il a écrit les choses qu'il voulait voir dans son équipe : "Défensivement, j'aime que nos équipes pressent quand c'est nécessaire et j'aime que notre bloc soit compact et sache redescendre pour prendre l'adversaire en contre. Du point de vue offensif, je veux une conservation intelligente du ballon, mais en même temps, je veux de la vitesse, de la puissance, de la pénétration et de la surprise".

Il voulait que j'introduise ces ingrédients au quotidien et il m'avait donné les paramètres. Tout ce que nous faisions, quelle que soit la phase de jeu, en possession ou sans, c'était toujours la même chose. Je crois que c'est précisément la raison pour laquelle en ce moment, tout le monde est à la peine, car ces ingrédients ne sont plus là et c'est pourquoi nous n'arrêtons pas de répéter : "Peu importe ce que les gens disent ou les opinions qui sont les leurs", en fin de compte, tout est lié à l'environnement que vous créez au quotidien, car c'est à ça que les joueurs réagissent. Sir Alex m'avait dit ceci : "N'oublie jamais ça René : quoi que tu fasses à l'entraînement, tu le retrouveras le jour du match".