vendredi 02 octobre 2020, 08:06

Les grandes aventures des petites signatures

  • Un peu partout dans le monde, le Mercato bat son plein

  • Parfois, du premier contact à la signature, c’est une vraie aventure

  • Retour sur les anecdotes de transfert les plus célèbres

En période de mercato, ce qu'on retient derrière chaque mouvement, c’est qu’un joueur a changé de club en apposant son nom en bas d’un contrat. Un transfert, c’est aussi simple que ça… Ou presque. Car parfois, du premier contact à la signature, c’est une vraie aventure. FIFA.com vous en raconte quelques-unes.

Par exemple, saviez-vous que le chemin vers les sommets débute parfois sur un coin de table ? C’est en effet sur une serviette en papier que Lionel Messi a signé son premier contrat avec le FC Barcelone, après ses débuts aux Newell’s Old Boys. Agé de 13 ans à la fin de l’année 2000, le petit gaucher impressionne Carles Rexach, secrétaire technique du club, qui peine encore à convaincre ses dirigeants d’engager un joueur chétif, qui connaît des problèmes de croissance. Jorge, père de Leo, et Josep Maria Minguella, son agent, s’impatientent et envisagent de proposer leur prodige à d’autres clubs.

Horacio Gaggioli, ancien joueur de Newell’s, joue les intermédiaires et réunit tout ce petit monde autour d’une table au bar du Tennis Club Pompeya, et tous s'entendent pour un accord de principe, mais personne n’a pensé à apporter de papier. Qu’à cela ne tienne, les mots "Le 14 décembre 2000 à Barcelone, en présence de M. Minguella, Horacio et Carles Rexach, secrétaire technique du FCB. Ce dernier s’engage sous sa responsabilité et malgré certaines opinions divergentes à recruter le joueur Lionel Messi si tant est qu’un accord financier soit trouvé" sont noircis sur une serviette, avant que le contrat officiel ne soit signé quelques semaines après.

Vingts après, Messi est dans la légende du club, et ce document insolite, soigneusement conservé par Gaggioli, a fait son entrée au musée du Barça. "Cette serviette a autant de valeur pour le musée que la charte de fondation du club signée par Joan Gamper", estime-t-il.

Le coup de la serviette

Chez le grand rival du Real Madrid, l’histoire ne dit pas ce qu’il est advenu d’une autre serviette, utilisée à la même période. A Monaco, lors du gala récompensant le Joueur Mondial de la FIFA 2000, le lauréat, un certain Zinedine Zidane alors maître à jouer de la Juventus, est assis à la même table que Florentino Perez. Le président madrilène y va au culot, inscrit sur le bout de tissu "Voudrais-tu jouer pour le Real Madrid ?" et le fait passer au Français. Réponse discrète mais affirmative du champion du monde 1998, qui vient pourtant de prolonger son contrat avec la Vieille Dame jusqu’en 2005. La machine est en route, et Zizou rejoindra l’été suivant les Merengue pour 73 millions d’euros, un record à l’époque.

Faire signer le jeune Samuel Eto’o s’est avéré bien moins onéreux pour le Real. En 1996, l’attaquant n’a que 15 ans et débarque seul de son Cameroun natal à l’aéroport de Madrid. Problème, Eto’o a raté sa correspondance à Paris, et le guide venu l’accueillir à son arrivée en Espagne n’a pas attendu le vol suivant. "En plein hiver, ne connaissant pas un traître mot d'espagnol, j’étais perdu, ne sachant trop quoi faire", raconte le Camerounais. Déjà indomptable, le Lion ne s’affole pas et aborde le premier Noir qu’il croise et lui demande de l’accompagner en bus au siège du club.

Hep, taxi !

Une aventure qui rappelle celle arrivée à la légende malienne Salif Keita, qui se voit proposer un contrat par Saint-Etienne en 1967. Sorti clandestinement du Mali, la future Panthère Noire arrive à l’aéroport de Paris sans prévenir ses nouveaux dirigeants. Peu au fait de la géographie française, l’attaquant interpelle un chauffeur de taxi et lui demande de le conduire au stade Geoffroy-Guichard de Saint-Etienne à… 500 km ! Le chauffeur se laisse convaincre lorsque Keita lui assure que le club paiera la course. Il remboursera les Verts en leur offrant trois titres de champion et deux Coupes de France avant d’être transféré à l’Olympique de Marseille.

Le club phocéen, en 1950, avait lui tout prévu pour accueillir à la gare le Suédois Gunnar Andersson, transféré de Kjøbenhavns Boldklub, au Danemark. Tout sauf… un kidnapping ! Le journaliste Raymond Gimel, qui voulait s’assurer l’exclusivité du premier article sur Andersson et qui souhaitait se venger du président du club Louis-Bernard Dancausse, mécontent de ses articles et qui lui avait interdit l’accès aux joueurs, avait envoyé un télégramme à Andersson lui demandant de descendre à la gare précédente - Avignon - pour lui assurer une arrivée discrète. Le Scandinave s’exécute et, à cinq heures du matin, est emmené dans un hôtel par le journaliste, à qui il confie la primeur de ses déclarations, avant de s’endormir pour de longues heures. Pendant ce temps, sur le quai de la gare de Marseille, le comité d’accueil olympien attend impatiemment, entre inquiétude et colère…

Cela a pris du temps, mais le Suédois savait où il mettait les pieds. Ce qui ne semblait pas être le cas du Brésilien Robinho lors de son passage du Real Madrid à Manchester City en 2008. "Le dernier jour du marché des transferts, Chelsea a fait une offre formidable que j'ai acceptée…", lâche l’attaquant lors de sa présentation, avant qu’un journaliste ne rectifie : "Vous voulez dire Manchester ?" A sa décharge, les Blues avaient tout tenté pour s’offrir ses services et la veille de son transfert, même si son corps venait d’atterrir à Manchester, Robinho clamait : "J'ai la tête à Chelsea..."

Trois en un

Autres Brésiliens perturbés, Gustavo Nery en 2005, et Márcio Amoroso un an plus tard, savaient où ils signaient à leur arrivée au Sport Club Corinthians, mais avaient visiblement oublié que le nom du club était assez répandu, avec huit Corinthians différents dans l’état de São Paulo. Le premier annonçait ainsi son ambition de gagner des titres avec le "Futebol Clube", tandis que le second avouait son plaisir de jouer pour la "Sociedade Esportiva", appellation normalement associée à Palmeiras, l’éternel rival du Timão...

Quelques années plus tôt, l’Allemand Bernd Schuster aurait également pu se mélanger les crayons à force de les utiliser pour apposer sa signature un peu partout. À 18 ans, à l’issue de sa formation à Augsbourg, le talentueux milieu offensif avait signé pour... trois clubs différents ! Au risque d’avoir un emploi du temps un peu trop chargé, il dut finalement se désister auprès du Borussia Mönchengladbach et du FC Augsbourg pour choisir le FC Cologne en 1978, où il fera des merveilles avant de rejoindre le FC Barcelone.

Le club catalan a sans doute vérifié minutieusement que l’Ange blond n’avait pas fait la même bêtise avant de s’engager afin de ne pas revivre le douloureux épisode "Alfredo Di Stefano". En 1953, les Blaugrana avaient négocié le transfert du génie argentin avec River Plate, son club avant qu’il ne rejoigne sans autorisation les Millonarios de Bogota lors de la suspension du championnat argentin. Dans le même temps, le Real Madrid s’entendait avec le club colombien et la Flèche Blonde se retrouvait en même temps propriété des deux rivaux historiques.

Il faut l’intervention de la FIFA pour régler la situation en nommant Armando Muñoz Calero, ancien président de la fédération espagnole, pour dénouer le conflit. Le médiateur décide que Di Stefano jouera pour le Real lors des saisons 1953/54 et 1955/56, et pour le Barça en 1954/55 et 1956/57. Une décision qui ne satisfait pas les Catalans, qui revendent finalement au rival leurs droits sur le joueur.

Saucisses en or ?

Don Alfredo sera plus tard élu meilleur joueur de l’histoire du club madrilène mais avait déjà marqué l’histoire des Millonarios de River Plate. Le club de Buenos Aires doit d’ailleurs ce surnom à l’un des transferts les plus spectaculaires de son histoire. En 1932, l’ailier Barnabé Ferreyra est alors l’un des meilleurs joueurs d’Argentine sous les couleurs de Tigre, qui ne veut absolument pas céder son joyau. Ils ne pourront cependant pas refuser l’offre des ambitieux dirigeants de River qui s’engagent à payer le montant du transfert… en or !

Autres temps, autres mœurs, huit décennies plus tard, en 2006, un autre transfert se conclut en Roumanie avec un paiement en marchandise, et non pas en monnaie. Le Regal Hornia, club de quatrième division, s’attache les services de Marius Cioara, défenseur de l’équipe de deuxième division de l’UT Arad. Le prix du transfert ? 15 kilos de saucisses de porc…