vendredi 14 octobre 2016, 10:38

Griffiths loue la dignité de ses protégées

Les yeux rougis par les larmes, les jambes lourdes, les Anglaises ont quitté les vestiaires dans un silence de plomb. Les Young Lionesses de John Griffiths ont tout de même trouvé le courage d'interrompre leur morne procession vers le bus de leur équipe. En remarquant que la porte du vestiaire japonais était restée légèrement entrouverte, les vaincues du jour se sont arrêtées pour saluer leurs adversaires avec élégance.

"Bien joué", s'est exclamée la première Anglaise, en adressant un pouce levé aux Petites Nadeshiko. "Vous avez été fantastiques ! Bonne chance pour la suite", a renchéri une autre. Visiblement touchées, les Japonaises ont répondu à ces démonstrations inattendue par des sourires et d'autres marques d'estime.   * *

Les compliments et les vœux se sont succédé. Il ne s'agissait cependant pas d'une première pour l'Angleterre. Digne dans la défaite, les Young Lionesses s'étaient montrées tout aussi courtoises à l'issue de leur match précédent. Après avoir battu le Brésil (2:1) et validé leur billet pour le tour suivant, elles avaient préféré consoler leurs rivales au coup de sifflet final, plutôt que de fêter bruyamment leur succès. "Je suis tellement fier de voir ce genre de choses. C'est très important", explique le sélectionneur anglais à FIFA.com. "J'ai un groupe extraordinaire. Mes joueuses ont fait preuve de beaucoup de fair-play et d'humilité dans ce tournoi. Quand j'ai vu la façon dont elles se sont comportées avec les Brésiliennes, j'ai ressenti une immense fierté. C'est merveilleux d'assister à des gestes d'une telle sportivité. Je dois dire néanmoins que les Japonaises n'ont rien à nous envier dans ce domaine. Mes joueuses ont été aussi impressionnées par l'attitude de leurs adversaires que par la qualité de leur jeu."

"Le Japon mérite notre respect car il pratique un football absolument incroyable tout en conservant des valeurs humaines", juge encore l'entraîneur. "Nous n'avons pas réussi à nous imposer, mais nous avons prouvé que nous avions, nous aussi, une belle équipe. Les filles se sont parfaitement comportées, sur le terrain comme en dehors : elles n'ont pas contesté les arbitres et elles ont traité tout le monde avec respect. Je suis certain que leur cote de popularité a augmenté à l'issue du tournoi."

En route pour 2023 À l'image de ses protégées, Griffiths a multiplié les commentaires gracieux. Il a ainsi été le premier à reconnaître la supériorité des Japonaises, en omettant de mentionner le préjudice causé par l'absence de l'attaquante Georgia Stanway. "L'absence d'une grande joueuse se fait toujours sentir, mais ce n'est pas le plus important ici", assure le technicien lorsqu'on l'interroge sur la suspension de sa meilleure buteuse. "Physiquement, il nous a manqué un petit quelque chose. Nous avions de l'énergie, mais nous n'avons pas été suffisamment mobiles. Nous n'avons cependant pas à rougir de cette défaite. Nous ne sommes pas les premiers et nous ne serons certainement pas les derniers à mordre la poussière face au Japon."

Sorties invaincues d'un groupe où figuraient également le Brésil, la RDP Corée championne d'Asie, et le Nigeria champion d'Afrique, les Anglaises ont largement dépassé les espoirs placés en elles. En arrivant en Jordanie, l'objectif n'était pas forcément de soulever le trophée, mais plutôt de façonner les stars de demain. Du point de vue de Griffiths, l'expérience est donc un franc succès. "Nous n'avions plus participé à cette épreuve depuis huit ans. C'est donc un événement important pour nous. À l'issue du tournoi, certaines de nos filles ont accumulé plus de 30 sélections en 18 mois. Cette expérience leur sera très précieuse pour la suite. Cette compétition réunit régulièrement les meilleures équipes au monde. L'Angleterre a tout à gagner en confrontant ses espoirs les plus prometteurs à des adversaires de très haut niveau."

"Les résultats ont évidemment leur importance. Il faut gagner, ne serait-ce que pour avoir le droit de participer à ces phases finales", estime-t-il. "Notre but est de nous mesurer avec les plus grandes équipes, à tous les niveaux. D'un autre côté, le développement de ce groupe s'est toujours fait dans la perspective de former de futures internationales et en pensant à la Coupe du Monde Féminine 2023. L'essentiel à nos yeux, c'est de voir certaines de ces joueuses intégrer les Three Lionesses à l'avenir."