mercredi 13 avril 2016, 14:01

El Arabi : "J’étais un passionné de foot avant d’en être joueur"

"Ne pas m’enflammer, c’est ma spécialité ! Je suis surpris par mes résultats mais je ne me prends pas la tête, je suis comme un gamin, trop heureux de jouer en Ligue 1." Nous sommes en 2010 lorsque Youssef El Arabi lâche ces mots. Il enchaînait alors les buts sous le maillot du club de son cœur, Caen, tout juste promu en Ligue 1.

Aujourd’hui, malgré les années, les buts à foison, et un statut d’incontournable en sélection comme en Liga, l’attaquant marocain de 29 ans n’a pas tellement changé. Il est resté ce "gamin, trop heureux de jouer..." en Liga. "Ma plus grande fierté c'est d’être parvenu à devenir le héros de l’histoire que je me racontais, enfant", confirme-t-il au micro de FIFA.com. Entretien.

Youssef, quel regard portez-vous sur votre saison ? Globalement, cette saison est un peu compliquée. On a connu deux entraîneurs différents, au niveau du classement, on n’est pas bien. A titre personnel, je suis à 10 buts, ce qui est satisfaisant. Mais j’en serai pleinement content si on parvenait à se sauver à la fin de la saison et que les 10 buts auront vraiment servi à quelque chose.

Ces buts vous auront en tout cas permis de rentrer dans l’histoire de votre club, puisque vous en êtes devenu récemment le meilleur réalisateur de l’histoire… C’est vrai, et j’en suis évidemment très heureux. J’espère que je laisserai ainsi un joli souvenir aux supporteurs de Grenade.

Vous y plaisez-vous toujours ? C’est ma quatrième année à Grenade. J’ai connu des moments un peu difficiles, mais je continue à m’y épanouir. D’abord parce que ce club me permet de jouer en Liga. C'est un championnat qui me plaît énormément. Et puis la ville est magnifique et elle a l’avantage de n’être pas très éloignée du Maroc ! Quand j’ai deux-trois jours de repos, j’en profite pour prendre la voiture et y aller me ressourcer. J’y suis en deux heures. Le Maroc a l’air de vous inspirer. Sous le maillot des Lions de l'Atlas, vous en êtes à 15 buts en 36 sélections. Un joli ratio… C’est pas mal, mais puisqu’on parle de record je suis encore loin de celui d’Ahmed Faras et ses 42 buts. Et en ne marquant qu’un match sur deux, il va plutôt falloir être patient pour l’atteindre ! En attendant, je vais me satisfaire de la qualification pour la Coupe d’Afrique des Nations. J’éprouve énormément de fierté à porter le maillot de la sélection : j’espère l’emmener beaucoup plus loin, à un titre ou à une participation à une Coupe du Monde. Cela fait trop longtemps que ce n’est pas arrivé. Le Maroc sort d’une période difficile. Il a notamment été disqualifié de la dernière Coupe d'Afrique des Nations de la CAF qu’il était parti pour organiser.  Clin d’œil du destin, il a récemment été la première équipe à se qualifier pour la CAN 2017. Qu’est-ce qui a changé ? La qualité a toujours été là, mais c’est vrai que cela ne se reflétait pas dans les résultats pour des raisons que j’ai du mal à expliquer. Les différents changements de sélectionneur n’ont certainement pas aidé. En tout cas, là nous sommes sur des bons rails. L’arrivée du nouvel entraîneur a été très positive

Qu’a apporté Hervé Renard ?

C’est un entraîneur qui a fait ses preuves en Afrique. Il a gagné deux CAN avec deux pays différents. Au Maroc, il dispose d’un bon noyau de joueurs. On a bien travaillé ensemble. Et cette fois, les résultats s’en sont fait ressentir

Vous êtes entré dans l’histoire de votre club en février, vous avez été le héros de la qualification marocaine pour la CAN en inscrivant trois buts face au Cap-Vert en mars. Avez-vous l’ambition d'entrer maintenant dans l'histoire de votre sélection ? D'abord, peu importe qui marque. Seules la victoire et la qualification comptent. Et puis se qualifier pour une CAN c’est bien, mais ce n’est non plus pas un exploit ! C’est un devoir. J’espère surtout aller plus loin, remporter ce tournoi ou participer à une Coupe du Monde. C’est la seule condition pour entrer dans l’histoire d’une sélection, et encore…

Faute de titre, vous affichez sur votre compte Instagram des photos prises avec Zinedine Zidane et Lionel Messi, comme on accrocherait des médailles à un palmarès… Ce sont des sortes de trophée pour moi. J’étais un passionné de foot avant d’en être joueur. Croiser des légendes du foot telles que Zidane, c’est tout simplement fantastique. Ces photos sont des souvenirs. Quand je vois un joueur ou un entraîneur qui me plait, qui me fait rêver, quand bien même il a été mon adversaire pendant 90 minutes, pourquoi m’empêcher de faire une photo avec lui ?

Mais au vu de votre parcours, ne vous considérez-vous pas comme une star ? Non. Une star, ça joue dans un grand club, ça dispute des Coupes du Monde et des Ligues des champions. Moi, je me vois comme un modeste attaquant, comme un simple joueur de foot qui a le privilège de faire de sa passion son métier, et qui espère prolonger ce plaisir le plus longtemps possible. Rien de plus.

Quelle est votre plus grande fierté ? Quand j’étais jeune, j’étais ramasseur de balle au Stade d’Ornano de Caen. Je m’imaginais être à la place des joueurs. Des joueurs que j’idolâtrais, que je suppliais de me donner les maillots à la fin des matches, en vain bien souvent. Aujourd’hui, rien ne me rend de plus heureux que de donner mon maillot à un ramasseur de balle. Voilà ma plus grande fierté. Ce ne sera jamais celle de rentrer dans l’histoire d’un club ou d’une sélection, mais plutôt d’être parvenu à devenir le héros de l’histoire que je me racontais, enfant.

Avez-vous des regrets ? Aucun.

Et un rêve ? Gagner un trophée, participer à la Coupe du Monde avec la sélection, disputer la Ligue des champions… J’en ai quelques-uns. Ce sont les rêves qui font avancer et progresser.

Le portrait de Youssef El Arabi