Le Docteur Caroline Braun vit au Botswana depuis environ deux ans
Elle s’y occupe entre autres du développement du football, de la formation des entraîneurs et de la détection des talents
"Je voudrais briser les stéréotypes", annonce-t-elle
C’est au Botswana que le Docteur Caroline Braun vit depuis environ deux ans. En collaboration avec le Comité olympique allemand, le Ministère des Affaires étrangères envoie depuis environ 60 ans des experts sportifs dans différents pays du monde dans le cadre de son programme de promotion culturelle et sportive.
C'est ainsi qu'elle s'est retrouvée dans ce pays d'Afrique australe, connu pour le delta de l'Okavango et pour ses paysages. "Voilà maintenant deux ans et demi que je suis responsable du projet de football à long terme entre l'Allemagne et le Botswana", raconte-t-elle à FIFA.com. "Les partenaires du projet sont le Ministère allemand des Affaires étrangères, le Comité olympique allemand, la Fédération allemande de football, la Fédération de football du Botswana (BFA) et le Ministère botswanais du développement de la jeunesse, des sports et de la culture."
Parmi ses attributions principales figurent la formation des entraîneurs et la détection des talents. En tant que directrice technique de la BFA, elle est aussi responsable du développement sportif global et assume la fonction d’entraîneur-adjointe de l'équipe nationale masculine. "Une femme à ce poste, c'est bien sûr quelque chose de spécial. La diversité dans l’équipe d'entraîneurs est importante et elle bénéficie à tous", assure-t-elle. 'Je voudrais aussi en profiter pour briser les stéréotypes qui existent encore, en particulier dans le football. Ouvrir la voie aux femmes dans le football au Botswana et dans le monde. Jusqu'à ce que nous n'ayons plus besoin d'aborder explicitement cette question."
Pour y parvenir, les femmes sont également dans son viseur. L'une de ses premières actions a été d'être présente auprès des sélections féminines afin de conseiller les entraîneurs. Et cela a porté ses fruits, comme en témoignent les récents succès obtenus.
"Nous sommes entrés dans l'histoire avec l'équipe nationale féminine en atteignant le troisième tour des qualifications olympiques. Nous y avons perdu contre la Zambie, qui a participé aux Jeux à Tokyo. Avant cela, nous avions éliminé l'Afrique du Sud, ce qui constituait un résultat historique. Nous avons également terminé deuxième de la Coupe COSAFA", détaille-t-elle. "J’ai assisté aux camps d'entraînement et aux rencontres en tant que conseillère technique et j'ai apporté mon soutien sur et en dehors du terrain. Malgré tous ces succès, certains parlent encore de remplacer la femme entraîneur par un homme. L’idée est que, maintenant que le succès est au rendez-vous, on a besoin de quelqu’un de compétent… Il faut faire sortir ces idées de la tête des gens", insiste-t-elle. "Dans ce type de situation, je bouscule les conventions et j’explique les choses. Parallèlement, je veux former les femmes engagées, les faire progresser, améliorer les licences dont elles disposent. Pour qu’elles puissent dire ensuite : 'regardez, j’ai une licence A ou B, je suis qualifiée.'" Le fait que le Dr. Braun soit la première directrice technique et qu'une femme, Goabaone G. Taylor, ait été récemment nommée Directrice Générale de la Fédération y contribue également. "C'est évidemment une situation spéciale qui aide les jeunes filles et les femmes, en leur montrant qu'elles peuvent elles aussi réaliser quelque chose dans le football."
Braun, qui a travaillé avec Monika Staab sur un projet en Gambie, n'a que de bonnes choses à dire sur la coopération au sein de la Fédération, même si tout le monde au Botswana ne s’en était pas réjoui initialement. "Tous mes collègues de la Fédération sont nés et ont grandi au Botswana. Soudain, quelqu'un d'une culture différente et avec des idées différentes arrive, et pas seulement pour un atelier, mais pour quelques années. De plus, cette personne est une femme et elle est plus jeune...", ajoute la technicienne de 35 ans en souriant. "Il est normal que les choses aient parfois été compliquées au début. C'est comme dans tout autre environnement. Vous devez avoir une compétence, un respect mutuel et une ouverture d'esprit. La collaboration fonctionne très bien. J'ai été immédiatement bien accueillie et je peux apporter mon expertise dans de nombreux domaines. Mon approche consiste à associer la Fédération positivement à autant de partenariats internationaux que possible et à mettre en œuvre, étape par étape, des choses qui n'existaient pas auparavant. Il y a quelques semaines, par exemple, nous avons organisé avec la Namibie le premier cours international en ligne pour instructeurs de la DFB." La nécessité de la formation des entraîneurs a été reconnue au sein de la Fédération et davantage de fonds ont été investis dans ce domaine. "Nous avons facilité l'organisation de nombreux camps d'entraînement supplémentaires pour les équipes nationales de jeunes et de seniors et nous sommes en train de mettre en place bien plus encore", détaille celle qui a récemment rejoint le programme de leadership de la FIFA* en tant que "mentor expert technique."
"Quand je suis arrivée, j'ai fait une analyse de la situation. J'ai trouvé différents plans, différentes stratégies et de nombreuses idées. Malheureusement, beaucoup d'entre elles n’étaient pas mises en œuvre faute de budget ou de personnel", explique Caroline Braun, qui possède un doctorat en sciences du sport et la licence A de l'UEFA.
Je bouscule les conventions et j’explique les choses. Parallèlement, je veux former les femmes engagées, les faire progresser, améliorer les licences dont elles disposent.
"Organiser un cours de coaching, surtout en période de COVID, est très difficile. Les réglementations changent tout le temps, la flexibilité est nécessaire tout au long du processus. Malgré la situation actuelle, j’essaie toujours de lancer des idées et de les mettre en œuvre autant que possible", conclut-elle. *Le programme de cours du département de leadership technique de la FIFA offre une formation aux directeurs techniques (DT). Un programme de mentorat a été mis en place. Le Dr. Braun est l'une des quelque 40 experts qui dirigent les différents modules des ateliers et travaillent individuellement avec les DT du monde entier.