lundi 15 août 2016, 08:27

Arce veut transformer son deuxième essai

Francisco Arce a toujours su qu'il reviendrait à la tête de du Paraguay. Peut-être pas si vite, quatre ans à peine après la fin de son premier mandat et en pleines qualifications pour la Coupe du Monde de la FIFA, Brésil 208™. Mais un jour, il aurait… sa revanche ? "Je n'aime pas ce mot", se défend Arce lors de son premier entretien avec FIFA.com depuis son retour aux commandes. "Il sous-entend un sentiment de rancune ou de vengeance. Ce n'est pas du tout le cas, même si nous estimons que notre départ était prématuré", assure le technicien de 45 ans.

"Je préfère parler de deuxième chance", ajoute El Chiqui, limogé en juin 2012 dans le sillage du match perdu contre la Bolivie à La Paz, 13 mois et 12 rencontres après sa nomination unanimement saluée au poste de sélectionneur. "Nous sommes heureux et prêts à reprendre notre route. Nous étions partis du bon pied, mais nous n'avons pas réussi à engranger assez de points", regrette Arce à propos des quatre unités obtenues par l'équipe avant sa destitution. La suite, on la connaît : le Paraguay est resté aux portes de la Coupe du Monde pour la première fois depuis États-Unis 1994.

"J'ai ma part de responsabilité, puisque j'ai dirigé cinq matches qualificatifs. Je me sens coupable, bien sûr", reconnaît Arce. "Mais cela ne m'a pas empêché de m'intéresser à la Coupe du Monde. Je suis professionnel, c'est mon travail. J'ai également suivi le parcours de tous les joueurs paraguayens depuis mon départ."

Arce évite de rappeler le rôle qu'il a joué en tant que joueur dans le groupe de 1998, peut-être pour ne pas tout mélanger. Ce souvenir imprègne pourtant son retour d'émotion. "J'ai fait partie de la sélection. Mais les membres de l'encadrement technique qui n'ont pas vécu cette expérience ont le même amour du drapeau, du pays et du maillot", assure-t-il.

De l'autocritique à la renaissance L'émotion ne l'empêche pas de pointer les erreurs du passé. "Par exemple, nous n'avons pas bien géré la question des relations humaines, non avec l'équipe, mais dans la communication du sélectionneur, un poste très sensible, avec la presse et le public. Nous avons appris à être plus patients et à mieux réfléchir nos décisions et nos réactions", explique-t-il, toujour à la première personne du pluriel pour bien montrer l'importance de son entourage. "Nous savons que certaines de nos initiatives ont été mal exécutées, même si elles étaient bien pensées. D'autres n'ont pu être mises en place, faute de temps. Mais plusieurs ont atteint leur objectif", argue-t-il.

Par exemple ? "L'entraînement hebdomadaire des joueurs locaux", répond-il sans hésiter. "Certains joueurs s'y sont affirmés et ont ainsi gagné leur place en sélection, à l'image de Víctor Ayala, Richard Ortiz, Pablo Aguilar, Federico Santander, Bruno Valdez, Miguel Samudio. Nous avons aussi lancé des jeunes comme Derlis González, Miguel Almirón, Jorge Benítez."

Comment a-t-il regagné la confiance des dirigeants ? "Je me suis relevé ici, au Paraguay, au lieu de m'enfuir en courant", explique-t-il. "Je suis revenus chez moi, à Rubio Ñú. Le travail que j'y ai accompli a convaincu de grands clubs comme Cerro Porteño et Olimpia de faire appel à moi. Nous avons remporté des titres avec ces deux équipes, pourtant difficiles à diriger, et le monde sportif du pays s'est rendu compte que mon projet était viable. C'est ce qui m'a valu cette seconde chance rare en football, surtout en sélection et si rapidement."

Analyse et objectifs Ces quatre années l'ont-elles changé ? "J'ai gagné en maturité et en expérience, mais mes convictions restent les mêmes : respecter le jeu, jouer le ballon et non l'espace. Nous devons faire preuve de pragmatisme et privilégier le résultat, tout en offrant du beau football autant que possible", détaille-t-il, conscient cependant que l'écart peut-être grand entre vouloir et pouvoir. "Davantage d'équipes, toutes dirigées par des techniciens paraguayens, tentent de proposer de belles choses. C'est bon pour notre projet", commente Arce, nommé après la démission de l'Argentin Ramón Díaz, qu'il loue Díaz pour avoir rendu le sens du résultat à la sélection et pour son choix de Víctor Ayala comme spécialiste des coups francs. "Nous allons beaucoup travailler là-dessus. Nous avons de nouveau de bons tireurs et de bons joueurs de tête dans les deux zones. C'est l'un des atouts sur lesquels les générations précédentes ont assis leurs qualifications"

Arce fera son retour officiel sur le banc en septembre dans le cadre de la compétition préliminaire de Russie 2018. Le Paraguay pointe au septième rang, tout près des places directement qualificatives ou du barrage. La courte préparation n'inquiète pas El Chiqui. "Nous connaissons les joueurs et eux nous connaissent. Nous reprenons le fil là où nous l'avions laissé il y a quatre ans", annonce-t-il avant la réception du Chili, double champion d'Amérique du Sud, pus un déplacement en Uruguay, l'un des leaders du classement. "Ce sont de belles échéances. J'ai toujours aimé les rencontres à gros enjeu."

Il juge crucial d'asseoir l'invincibilité de l'équipe à Asunción. "Nous devrons empocher des points à l'extérieur, naturellement, mais il nous faut raviver le sentiment de respect que le stade Defensores del Chaco a toujours imposé. Le soutien des supporters est primordial", clame-t-il, sûr que les supporters lui feront un bon accueil, malgré son premier échec"J'ai tourné la page et eux aussi, je pense. Je sais ce que nous pouvons faire et comment y parvenir. C'est à moi et aux joueurs de reconquérir les sceptiques."