Le 10 février 2006, plus de 70 000 supporters égyptiens s'étaient déplacés au Stade international du Caire pour voir l'équipe nationale battre la Côte d'Ivoire en finale de la Coupe d'Afrique des Nations de la CAF 2006. Il y a dix ans jour pour jour, les Pharaons fêtaient leur cinquième titre continental après avoir battu les Éléphants aux tirs au but.
Cette victoire a marqué le début d'une série historique pour la sélection égyptienne, qui a conquis à nouveau le titre continental deux ans plus tard au Ghana, en battant le Cameroun en finale. En 2010, les Pharaons ont réalisé le triplé en Angola, en battant le Ghana (1:0) en finale. L'Égypte est ainsi devenue le pays le plus titré dans cette compétition, avec sept trophées.
"Tout le monde doutait de nos chances après notre défaite dans un match amical, mais l'aide que nous avons reçu des officiels et des supporters, qui sont venus en nombre, nous a permis d'atteindre la finale et de remporter le titre", se souvient le milieu de terrain Mohamed Shawky, un des principaux artisans des victoires de 2006 et 2008, au micro de FIFA.com. "Avant l'édition 2006, je n'étais pas sûr de participer à cause d'une légère blessure. En 2008, ma participation était très attendue au niveau individuel, car je jouais alors en Angleterre", poursuit le joueur de 34 ans. "Nous ne visions pas le titre au début, mais après notre large victoire 4:2 face au Cameroun, nous avons revu nos objectifs à la hausse".
Après la victoire de 2010, la suprématie égyptienne sur l'Afrique s'est envolée puisque les Pharaons n'ont pas réussi à se qualifier pour les trois éditions suivantes de la CAN et ont échoué au dernier tour des qualifications pour les éditions 2010 et 2014 de la Coupe du Monde de la FIFA™ en perdant face à l'Algérie et au Ghana, respectivement. "Le football égyptien a reculé après la révolution mais il est surprenant que cela ait duré si longtemps", regrette Shawky. "Beaucoup de joueurs titrés avec la sélection ont pris leur retraite ou ont été éloignés des terrains, ce qui a eu un impact négatif. Nous étions un bon groupe emmené par Hassan Shehata, un sélectionneur expérimenté qui savait comment se comporter avec toutes ces stars", détaille-t-il. "Lorsqu'il est parti, nous avons été affectés. On peut dire que tout a joué contre nous et c'est ce qui explique cette baisse de niveau."
Un rêve devenu réalité Pour Shawky et sa génération, la participation de l'Égypte à Italie 1990 a marqué les esprits et suscité des vocations. "Personne n'a oublié le nul 1:1 face aux Pays-Bas et la performance de l'équipe nationale", rappelle l'ancien Pharaon. "Personnellement, je me rappelle de nombreux instants de ce match, y compris les occasions manquées par Ahmed El Kass, Gamal Abdel Hamid et Magdy Tolba. La participation de l'Égypte à Italie 1990 est la raison pour laquelle j'ai pratiqué le football, comme beaucoup de jeunes de cette époque, qui rêvaient de porter le maillot de l'équipe nationale."
Le rêve de Shawky est devenu réalité à l'âge de 19 ans, où il a été sélectionné en équipe de jeunes même s'il ne jouait que dans un modeste club de Port-Saïd. Il est tout de même parvenu à qualifier son équipe pour la Coupe du Monde U-20, Argentine 2001, où il a fini troisième. Mais pour Shawky et les siens, l'échelon supérieur est resté à ce jour inaccessible. La génération dorée qui a conquis trois CAN n'a participé qu'aux qualifications d'Afrique du Sud 2010 et tout le monde se rappelle du match décisif face à l'Algérie. Notre destin n'était pas d'aller en Coupe du Monde", lâche-t-il.
Shawky se montre en revanche beaucoup moins fataliste pour l'avenir : "Le football africain a beaucoup changé : les équipes ont un niveau proche et il n'y a plus de sélections imbattables. Avec le sélectionneur actuel Hector Cuper et la nouvelle génération de joueurs, je pense que nous avons de grandes chances d'atteindre la CAN et la Coupe du Monde."