Kathryn Nesbitt a été élue meilleure arbitre assistante de la MLS 2020.
Elle est devenue la première femme à obtenir cette distinction.
Elle évoque avec FIFA.com son rôle d’arbitre.
En décembre, Kathryn Nesbitt est devenue la première femme à officier lors du match pour le titre d’un championnat professionnel masculin en Amérique du Nord. Cette rencontre opposait le Columbus Crew et les Seattle Sounders dans le cadre de la MLS Cup, qui décide du vainqueur de la Major League Soccer. La même année, Nesbitt avait déjà obtenu une désignation en finale du "MLS is Back Tournament", qui marquait la reprise du championnat après son interruption pour cause de Covid-19. Elle était alors devenue la première femme à figurer dans l’équipe arbitrale d’une finale de championnat. Elle est également arrivée en tête des votes pour la distinction de meilleur arbitre assistant de la MLS.
"Chacun trace sa route", raconte Nesbitt à FIFA.com, à propos de son parcours dans l'arbitrage. "J’ai commencé quand j’étais jeune, c’était un travail d’été. Ça me permettait de garder un pied dans le football. J’appréciais le fait de rester active et d’avoir l’occasion de tout faire pour être la meilleure dans une activité comportant une dimension athlétique. C’est ce qui m’a poussée à continuer là-dedans."
Analyse et décision
En dehors du ballon rond, les passions de Kathryn tournent autour de la chimie analytique et l’enseignement. Bien loin du football a priori, mais les deux disciplines semblent intimement liées chez elle. "J’ai été professeure de chimie jusqu’à deux semaines avant la Coupe du Monde Féminine de la FIFA en 2019. J’ai passé dix ans à faire des recherches puis j’ai lancé mon propre laboratoire à l’université Towson à Baltimore. Mon sujet d’étude était l’analyse des neurotransmetteurs, les composés chimiques libérés par les neurones. Notre laboratoire développait, améliorait et optimisait les techniques d’échantillonnage de ces neurotransmetteurs, puis il les analysait."
Depuis toujours, son esprit est donc tourné vers l’analyse, un trait de caractère qui l’a aidée dans sa progression en tant qu’arbitre assistante. "Dans mon rôle, on est en permanence amené à prendre des décisions. Et ce n’est jamais blanc ou noir", indique Nesbitt. "Il s’agit d’être capable de traiter une grosse quantité de données en même temps - la façon dont un tacle a été exécuté, la réaction du joueur, la physionomie du match - et de prendre les meilleures décisions."
"Il y a des décisions où il n’y a pas photo", poursuit-elle. "Un défenseur qui renverse un attaquant à 1m50 du but, c’est incontestablement une situation où une occasion de but est annihilée. Mais ça ne se passe jamais vraiment comme ça. Une action ne se reproduira jamais exactement de la même manière. Mon rôle principal, en tant qu’arbitre assistante, c’est la règle du hors-jeu. Et là c’est pareil, ce n’est pas toujours aussi tranché que ça en a l’air."
Elle est une professionnelle accomplie, qui a ouvert la porte à de nombreuses personnes pour le futur. À la FIFA, nous travaillons pour un avenir où le genre ne sera pas un obstacle au développement et à la nomination des arbitres. Katy est un brilla...
Directe et proactive
Le rôle de l’arbitre assistant ne se limite pas à la règle du hors-jeu. Ils doit aussi surveiller la touche, assister l’arbitre central sur certaines fautes commises loin du ballon, apporter son aide sur les décisions de penalty, et les confrontations avec les différents acteurs sont monnaie courante. "Chacun développe son propre style pour négocier ces situations. Certains sont stricts et sévères. D’autres sont calmes. Moi, je suis plutôt directe et proactive avec les joueurs. J’essaie d’éviter que les choses s’enveniment."
Nesbitt a fait ses débuts dans le football professionnel en 2013 lors du match d’ouverture de la National Women's Soccer League (NWSL), face à des tribunes copieusement remplies, mais depuis le début de la pandémie de Covid-19, Nesbitt a dû s’habituer à officier dans le quasi-silence. Elle a passé sept semaines à l’intérieur de "la bulle" dans le cadre de son rôle au MLS is Back Tournament, disputé du 8 juillet au 11 août 2020.
"Les premiers jours, il a fallu prendre ses marques et voir comment tout allait fonctionner, mais au bout de quelques jours, nous nous sommes sentis à l’aise et en sécurité. Nous étions vraiment dans une bulle. Nous ne pouvions vraiment pas en sortir. L’effet de cette atmosphère, au moins pour nous, les arbitres, qui sommes tellement concentrés sur le football et notre mission, c’est que nous sommes encore plus prêts que d’habitude sur ces matches. Toute la journée, on vit, on mange et on respire football."
Retenir le positif
Nesbitt est consciente de l’image qu’ont les arbitres chez les supporters, les joueurs et les entraîneurs. "On sait qu’on va avoir le mauvais rôle", admet-elle. "Les erreurs montrent notre visage humain. Les arbitres essaient d’être à leur meilleur niveau, de se mettre au service du football. Comme tout le monde, nous n’aimons pas faire des erreurs", reconnaît celle qui estime avoir beaucoup appris grâce à son rôle d'arbitre. "La plus grande chose que j’ai apprise, c’est de tirer des points positifs de toutes les situations. Cela peut s’appliquer à beaucoup de domaines. Je suis plus performante lorsque je suis heureuse et positive, lorsque j’exploite ces opportunités, sans considérer les choses comme acquises. C’est quelque chose de très important que je peux appliquer à mon quotidien avec la famille, à la maison."
Fan de football et formée à l’assistance vidéo à l’arbitrage, Nesbitt est devenue une référence pour les arbitres féminines du monde entier. "C’est un immense honneur d’entendre des gens dire que je suis devenue un modèle pour les femmes", conclut-elle.