Micah Lea’alafa n’est pas prêt d’oublier l’année 2016. Le joueur d’Auckland City et des Îles Salomon a participé à pas moins de trois compétitions majeures de la FIFA, sur trois continents différents, avec son club et son pays.
Il a non seulement disputé pour la première fois les qualifications de la zone Océanie pour la Coupe du Monde de la FIFA™, avec les Îles Salomon - un archipel de 900 îles au nord-est de l’Australie -, mais également foulé les parquets de Bucaramanga et Medellin lors de la Coupe du Monde de Futsal de la FIFA, Colombie 2016, que son équipe nationale, les Kurukuru,* *a quittée dès la phase de groupes.
Lea’alafa, dont la timidité naturelle et la modestie contrastent avec l’intensité et la passion qu’il montre sur les terrains, a bouclé cette année mémorable en faisant son entrée en jeu en Coupe du Monde des Clubs de la FIFA, Japon 2016, lors de la défaite étriquée d’Auckland City face à Kashima Antlers (2:1), futur finaliste.
"J’ai jonglé entre les différentes exigences du football et du futsal en 2016 avec la fierté de représenter le pays au plus haut niveau", souligne l’attaquant à FIFA.com. Connu en Océanie pour sa vitesse de pointe, Lea’alafa a fêté sa première sélection lors d’une victoire 2:0, en amical, face à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, avant de disputer au mois de mai la Coupe des Nations de l’OFC, qui faisait également office de deuxième tour des qualifications de la zone Océanie pour la Coupe du Monde.
Avec le bon ton Le joueur de 25 ans n’a pas manqué une seule minute des matches de son équipe dans la compétition continentale, dont les Bonitos ont atteint le dernier carré."Je ne m’attendais honnêtement pas à jouer pour l’équipe nationale de football, je me concentrais surtout sur le futsal", confie celui qui peut également évoluer sur l’aile ou comme milieu de terrain offensif.
Lea’alafa a croisé un visage familier en Papouasie-Nouvelle-Guinée, lorsque les Îles Salomon ont fait face à la Nouvelle-Zélande lors de la phase de groupes : son coéquipier Te Atawhai Hudson-Wihongi. "Nous nous entendons très bien à Auckland, c’est un super gars, mais notre amitié est laissée de côté quand les Salomon affrontent les All Whites", sourit-il. "Nous nous donnons à fond dès que nous sommes sur un terrain."
Chanteur de gospel accompli, Lea’alafa travaille régulièrement ses gammes dans son église locale lorsque son double costume de joueur de football et de futsal lui en laisse l’occasion. "La musique est mon autre passion", reconnaît-il, très terre-à-terre. "Je chante et joue aussi de quelques instruments dans le groupe de l’église. Quand je ne joue pas au football ou au futsal, je suis généralement là-bas à répéter, à donner des concerts le dimanche ou à aider à ranger. J’aime m’impliquer dès que je le peux."
Le musicien amateur ne s’attendait cependant pas à voir les Colombiens donner de la voix pour les Îles Salomon lors de la Coupe du Monde de Futsal, à laquelle il participait pour la troisième fois. Courageux et enthousiastes, les Kurukuru se sont mis le public dans la poche, poussant même le capitaine des Salomon, Elliot Ragomo, à délivrer avant leur dernier match un discours aussi sincère qu’émouvant.
Comme à domicile "Tellement de gens nous encourageaient que nous avions l’impression de jouer à domicile, c’était une bonne surprise", apprécie Lea’alafa. "Avoir le soutien des supporters colombiens était pour nous comme avoir un joueur supplémentaire sur le terrain. Nous ne méritions peut-être pas forcément un tel succès, mais c’était un plaisir, un vrai plaisir."
Extrêmement populaire aux Îles Salomon, le futsal a été introduit dans l’archipel au début des années 2000, par l’église baptiste australienne Dural, avant de s’y répandre comme une traînée de poudre. Vainqueurs du Championnat de Futsal de l’OFC cette année-là, les Kurukuru – et* *Lea’alafa – ont effectué à l’occasion de Brésil 2008 leur première apparition en Coupe du Monde de Futsal, dont ils ont également disputé les deux dernières éditions.
"Le futsal est très populaire eux Îles Salomon", insiste le joueur. "C’est, pour un enfant, l’une des deux seules opportunités, avec le beach soccer, d’évoluer un jour sur la scène mondiale. Tout le pays s’arrête pour regarder les matches, même les médecins dans les hôpitaux. Lorsque nous jouons, nous savons que tout le monde à la maison nous suit et nous soutient de façon incroyable."
Lea’alafa a participé en 2016 à une troisième et dernière compétition de la FIFA et, cette fois, son pays n’y était pour rien. La victoire d’Auckland City en Ligue des champions de l’OFC – grâce notamment à un doublé en finale de l’attaquant des Salomon, Ballon d’or de la compétition – lui a ainsi permis de goûter au Japon à sa deuxième Coupe du Monde des Clubs consécutive.
"Jouer pour Auckland City était une chance énorme", lance celui lui qui a signé en 2015 pour les Navy Blues. "Je savais que ce serait difficile et je ne m’attendais pas à enchaîner les succès à ce point", conclut-il impatient de voir ce que 2017 lui réserve.