A l'occasion de l'anniversaire de Gheorghe Hagi le 5 février, FIFA.com revient sur le parcours et la carrière du génial milieu de terrain roumain, surnommé le Maradona des Carpates.
Comme beaucoup de footballeurs de génie, Gheorghe Hagi a eu plusieurs surnoms. La plupart des gens le connaissaient comme le "Maradona des Carpates". Mais pour les fans de Galatasaray, il était avant tout le Commandante. En Roumanie, son surnom était tout simplement Regele (le roi).
Dans son pays natal, Hagi est considéré de très loin comme le meilleur footballeur de l'histoire. Tout au long de sa carrière - dans les années 1980 et 1990 - il a déchaîné les passions en Roumanie grâce à sa faculté de transformer l'extraordinaire en ordinaire, par sa technique, sa vision du jeu, ses frappes redoutables et sa créativité. Sur le terrain, il était autoritaire et n'hésitait pas à réprimander ses coéquipiers. En même temps, sa joie de jouer était contagieuse. Hagi aimait manier le ballon et tout ce qu'il entreprenait était marqué du sceau de cet amour.
Ses parents ont remarqué ses aptitudes très tôt. À trois ans, le petit Gheorghe est envoyé dans une école de football de haut niveau à Constanta. "À 11 ans, j'avais déjà participé à un tournoi professionnel nommé la Cupa Sperantei. Pendant deux éditions de suite, j'ai été nommé meilleur joueur et j'ai terminé meilleur buteur de cette compétition", rappelait le maître à jouer au micro de FIFA.com.
Grands clubs et fortunes diverses
La gloire commence à pointer le bout du nez en 1983. Âgé de tout juste 18 ans, Hagi est convoqué pour la première fois en équipe de Roumanie. Ce sera la première de 124 capes. Quatre ans plus tard, il signe son premier gros contrat en rejoignant le Steaua Bucarest. Pendant de nombreuses années, il sera moins éblouissant en club qu'en sélection. Cela dit, il remporte quand même trois doublés Coupe-championnat consécutifs. Suffisant pour attirer l'attention des plus grands clubs de la planète, avec à la clé un transfert au Real Madrid en 1990.
Dans la capitale espagnole, Hagi ne trouve pas ses marques. Il prend alors la direction de Brescia, où il connaît la relégation en Serie B dès sa première saison au club. C'est donc en deuxième division italienne qu'à 29 ans, Hagi se prépare pour la Coupe du Monde de la FIFA, États-Unis 1994™, où il va définitivement éclater sur la scène internationale. Ses performances cette année-là lui valent un transfert au FC Barcelone, où une nouvelle fois il peine à percer. Il ne fera jamais vraiment partie de la fameuse Dream Team de Johan Cruyff. Cependant, il ne perdra pas son temps pendant ses deux années en Catalogne.
"C'était fantastique, même si je n'ai pas toujours joué. Cruyff est probablement l'un des entraîneurs les plus créatifs dans l'histoire du football. J'ai toujours adoré ses idées et il avait sans arrêt quelque chose de nouveau à proposer. J'ai énormément appris de lui et je suis heureux et reconnaissant d'avoir eu la chance de travailler avec lui à Barcelone", estime-t-il.
C'est finalement en 1996, à l'âge de 31 ans, que Hagi trouve un club où il peut montrer le meilleur de lui-même. Lorsqu'il décide de rejoindre Galatasaray, son choix surprend. Il l'explique par la mentalité spéciale qui règne au sein du géant du football turc : "Les champions veulent toujours continuer à gagner". Son choix s'avère judicieux. Au moment de quitter le club cinq ans plus tard, en 2001, Hagi était quasiment aussi adulé en Turquie qu'en Roumanie. Sous la houlette de l'entraîneur Fatih Terim, Gala est sacré champion de Turquie quatre années consécutives, et ajoute à cela une Coupe de l'UEFA et, cerise sur le gâteau, un triomphe aux dépens du Real Madrid dans la Supercoupe de l'UEFA.
En club, Hagi semble s'être bonifié avec l'âge. mais en sélection, le cru Hagi avait atteint sa maturité quelques années plus tôt.
Le rêve américain
Pour Hagi, États-Unis 1994 n'est pas la première Coupe du Monde de la FIFA™. Le meneur de jeu roumain a déjà participé à Italie 1990™. Mais quatre ans plus tard outre-Atlantique, il déploie une classe qui le place parmi les meilleurs joueurs du monde. Pour la première sortie de la Roumanie, Hagi est deux fois passeur décisif et auteur d'un but phénoménal. À 40 mètres des cages sur le flanc gauche, il déclenche une frappe qui termine sa course dans la lucarne opposée. Ce jour-là, la Roumanie bat 3:1 la Colombie, qui possédait à l'époque une équipe redoutable.
Cette année-là, Hagi trouve à trois reprises le chemin des filets, il n'en a pas oublié une miette. "C'était parfait pour moi. J'ai marqué des buts qui font désormais partie des plus beaux de l'histoire de la Coupe du Monde. Il faisait une chaleur impossible, mais j'ai quand même très bien joué", précise le meneur de jeu. "Nous avons été très malchanceux. La Roumanie a été éliminée en quart de finale par la Suède, à l'issue des tirs au but. Jusque-là, j'étais le meilleur joueur du tournoi. Après notre élimination, j'ai perdu ce statut."
Hagi est conscient d'avoir été à l'avant-garde des moments les plus riches de l'histoire du football de son pays. "C'était la génération dorée du football roumain et aucun joueur n'oubliera cette Coupe du Monde, car jamais une équipe de Roumanie n'a été aussi forte. Pas seulement du point de vue des résultats, mais aussi et surtout parce que notre style était vraiment impressionnant. C'était du football champagne."
Quatre ans plus tard à France 1998, la Roumanie et Hagi sont de nouveau au rendez-vous. Ils terminent premiers d'un groupe qui comprend l'Angleterre, la Colombie et la Tunisie. En huitième de finale, la Croatie sera toutefois trop forte pour cette génération qui touche à sa fin. Hagi annonce alors sa retraite internationale, mais reprend du service pour l'UEFA EURO 2000. À cette occasion, et à l'image d'un autre grand du football mondial en la personne de Zinedine Zidane, Hagi quittera la compétition et le football international sur une exclusion contre l'Italie, qui bat la Roumanie 2:0 en quart de finale.
Cet incident ne ternit cependant en rien la réputation de Hagi dans sa terre natale. Lors d'une enquête menée par l'UEFA en 2003 pour désigner le meilleur footballeur roumain des 50 dernières années, les compatriotes de Hagi n'ont pas hésité une seconde. Au nombre de sélections, le "Maradona des Carpates" a ensuite été dépassé par Dorinel Munteanu et son record du nombre de buts marqués sous le maillot jaune, à savoir 35 unités, a été égalé par Adrian Mutu. Mais en termes de popularité, il reste le roi incontesté du football roumain.