Brésil 2014 n'est pas un bon souvenir pour le Ghana. Dans la dernière Coupe du Monde de la FIFA™, les Black Stars n'ont pas remporté le moindre match. Certes, ils étaient dans un groupe relevé, où figuraient également l'Allemagne, futur vainqueur de l'épreuve, le Portugal et les États-Unis, mais leur niveau avait globalement déçu toute une nation amoureuse de football. Cinq mois plus tard, l'expérimenté Avram Grant, qui a notamment entraîné Chelsea, le Maccabi Tel-Aviv, Portsmouth et West Ham, était nommé à la tête du Ghana pour remettre l'équipe sur la pente ascendante. Il y est parvenu en menant les siens à la finale de la Coupe d'Afrique des Nations de la CAF 2015, avec à la clé une défaite aux tirs au but contre la Côte d'Ivoire.
Le Ghana a désormais rendez-vous avec le Mozambique en matches aller et retour pour les qualifications à la CAN 2017, où les Blacks Stars auront comme objectif de faire mieux que lors de l'édition précédente. À la veille de ces deux rencontres, Grant a répondu aux questions de FIFA.com concernant la construction de l'équipe dans la foulée de la déception de la CAN. Il évoque également les qualifications pour la Coupe du Monde de la FIFA, Russie 2018™ et parle de l'avenir prometteur des Black Stars.
M. Grant, quel regard portez-vous sur votre mandat de sélectionneur du Ghana jusqu'à ce jour, en particulier si vous le comparez à vos autres expériences d'entraîneur ? D'abord, sur le plan personnel, je peux dire que je suis heureux. Grâce au football, je peux découvrir beaucoup d'endroits et de nombreuses cultures différentes. Aujourd'hui au Ghana, le défi me plaît beaucoup. Je dis souvent, à moi-même ainsi qu'aux gens au Ghana : "Comment est-il possible, avec autant de talent en Afrique, qu'aucune équipe de ce continent n'ait atteint les demi-finales d'une Coupe du Monde ?" Mais le talent à lui seul ne suffit pas. Il faut plus que du talent. C'est un grand défi auquel je prends plaisir.
Durant le tour de qualification contre les Comores pour la Coupe du Monde 2018 (2:0, sur l'ensemble des deux matches), ce résultat reflétait-il les progrès réalisés par le football africain dans son ensemble ? En Afrique les choses ont beaucoup changé par rapport au passé. Avant, il existait sur ce continent une grande différence entre les grandes équipes et les petites. Le système de qualification en Afrique est différent, avec ces barrages en matches aller et retour. Toutes les grandes équipes ont eu des problèmes face aux petites. Avant, cela n'arrivait pas. Les équipes nationales sont désormais entraînées par de meilleurs sélectionneurs. Cette expérience contre les Comores a été très importante pour moi personnellement. Aux Comores, ça n'a pas été un match facile. Mais le plus important est le résultat : nous sommes en phase de groupes et nous allons essayer de nous qualifier pour la Coupe du Monde.
Les équipes qui ne se sont jamais qualifiées pour la Coupe du Monde redoublent-elles d'efforts étant donné que ce barrage en aller et retour constitue une opportunité unique de se qualifier ? Oui, et le phénomène se produit dans le monde entier, même en Europe, où l'on voit que l'Allemagne éprouve des problèmes face à des équipes qu'elle battait facilement il y a 20 ans. Prenez par exemple l'Albanie. On la considère comme une "petite équipe", mais ce n'est plus vrai du tout. Si vous regardez du côté de l'Asie, la Thaïlande, où j'ai passé un moment, possède aujourd'hui une bonne équipe, difficile à jouer. Il y a eu beaucoup de progrès dans le football sur le plan tactique et physique. Les soi-disant grandes équipes possèdent toujours un avantage en ce sens qu'elles ont les meilleurs joueurs, mais elles n'ont plus d'avantage tactique ou physique. Cet avantage a disparu.
Comment évaluez-vous la réaction de votre équipe à la déception après la défaite en finale de la CAN, l'année dernière ? Nous avons été très satisfaits du résultat, car les attentes n'étaient pas très élevées après notre performance à la Coupe du Monde au Brésil, où nous n'avons pas gagné le moindre match. Les attentes étaient donc minimes et les joueurs ont bien réagi, surtout après le premier match (défaite 2:1 contre le Sénégal). Ils ont montré une bonne mentalité. À tous points de vue, ils ont été meilleurs qu'à Brésil 2014, donc les sensations étaient meilleures elles aussi. Pour les supporters aussi, ce fut un bon résultat, à part évidemment pour la finale, où nous avons été malchanceux.
Qu'est-ce qui attend le Ghana avant le tirage au sort pour le Tour 3 des qualifications africaines pour la Coupe du Monde ? Nous avons deux matches très importants contre le Mozambique, en aller et retour, dans les qualifications pour la Coupe d'Afrique des Nations. C'est une très bonne équipe. Nous devrons être à notre meilleur niveau. Ensuite, on pourra commencer à penser à la prochaine CAN. Mais le travail n'est pas fini. Quand vous arrivez à la tête d'une équipe, et que vous voyez des progrès, beaucoup de progrès, alors les résultats doivent suivre. Le Ghana est un pays de football, avec de très bonnes personnes et des joueurs bourrés de talent. Je vois des progrès. Nous sommes meilleurs de match en match et nous progressons toujours dans un domaine ou un autre. Les gens disent que nous avons un problème de mentalité, mais ce n'est pas vrai. Nous sommes forts mentalement. Les joueurs sont réceptifs aux informations.
Le Ghana sera-t-il le premier pays africain à se qualifier pour les demi-finales d'une Coupe du Monde ? Il est très important d'avoir des objectifs. Je sais que c'est encore un peu loin, mais je pense qu'au bout du compte, le Ghana a les moyens d'y parvenir. D'autres équipes africaines sont également très bonnes. Si l'on a déjà réussi une, deux, trois bonnes choses, ça veut dire que c'est faisable. Et nous devons le faire !