jeudi 17 mars 2016, 17:08

Bernhard en dernière héritière de Bisanz

Ancienne défenseuse de l'Allemagne, Anouschka Bernhard a fait partie de la sélection qui s'est hissée en finale de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA 1995™ en Suède. Toutes les techniciennes qui officient actuellement au sein des programmes féminins de la Fédération allemande de football étaient présentes sur le terrain ce jour-là. La Mannschaft avait échoué aux portes de l'exploit, battue 2:0 par la Norvège. Un homme se trouve à l'origine de ces vocations : Gero Bisanz.

L'image du sélectionneur allemand en pull gris, occupé à réconforter Silvia Neid au coup de sifflet final, est restée gravée dans de nombreuses mémoires. La façon dont il console l'attaquante est déjà une leçon en soi : le football n'est pas tout dans la vie. Il faut se relever tout de suite après une chute. Depuis, Neid a mené l'Allemagne au titre mondial en 2007 et a été élue Entraîneur de l'Année FIFA pour le football féminin en 2010 et 2013.

Actuelle sélectionneuse de l'Allemagne U-17, Bernhard a également subi l'influence de Bisanz. "Il a été mon premier sélectionneur et de mon point de vue, c'était un entraîneur extraordinaire", assure-t-elle au micro de FIFA.com. "J'étais jeune et je l'admirais énormément. J'avais envie de devenir comme lui. C'était un peu mon idole. J'ai commencé à étudier pour enseigner. Au bout d'un moment, j'ai su que je deviendrai entraîneur. Mon cheminement avait commencé très tôt, bien avant que je raccroche les crampons."

Satisfaite de voir d'anciennes pensionnaires de la sélection U-17 poursuivre leur progression jusqu'au plus haut niveau, Bernhard refuse cependant de s'en attribuer le mérite. "Si elles ont du talent, ce n'est pas grâce à moi, mais je suis un maillon de la chaîne", admet-elle quand même. "Quand je les vois honorer leur première sélection en équipe nationale, je ne peux pas m'empêcher de ressentir de la fierté."

En route pour la Jordanie L'Allemagne U-17 se trouve actuellement en Autriche pour le tour élite de l'UEFA EURO U-17 féminin. Un bon parcours la rapprocherait de la Coupe du Monde Féminine U-17 de la FIFA, Jordanie 2016, à condition de se qualifier pour le tour final au Bélarus, du 4 au 16 mai. Les huit équipes encore en lice tenteront alors d'arracher l'une des trois places qualificatives pour Jordanie 2016. "Pour le moment, je suis optimiste", assure la sélectionneuse. "Nous avons quatre jeunes joueuses nées en 2000. Elles ont beaucoup de talent et elles apportent quelque chose de différent. Il y a de la qualité dans ce groupe", assure Bernhard, d'un ton optimiste.

Compte tenu de son passé d'internationale, Bernhard est idéalement placée pour aider ses protégées à bien préparer des matches à enjeu, d'autant que la perspective d'une première participation à une Coupe du Monde Féminine peut se révéler intimidante. "C'est la première fois qu'elles abordent des rencontres à quitte ou double. Elles doivent faire face à une pression énorme", analyse-t-elle. "Elles savent que la sélection U-17 a obtenu de bons résultats par le passé. Nous essayons donc de les aider à bien gérer ces situations. Malheureusement, il n'y a pas de formule magique ! Nous ne parlons pas de l'importance des matches en qualification."

Si elles n'en parlent pas, c'est parce qu'elles savent déjà à quoi s'attendre. Bernhard utilise les matches amicaux contre de grandes nations comme l'Angleterre ou la France pour mettre ses joueuses dans l'ambiance. Lorsque le moment de vérité arrive, l'équipe a déjà pris l'habitude de répondre présent dans les grandes occasions. Ce qui nous amène à une autre question importante : quel rôle joue la Coupe du Monde Féminine U-17 dans le développement d'une jeune joueuse ?

"L'expérience emmagasinée aura de nombreuses conséquences sur la suite de leurs carrières. Cette compétition propose des matches de très haut niveau. Les affiches sont retransmises en direct à la télévision", souligne-t-elle. "Certaines ne jouent pas, d'autres sont remplaçantes, d'autres encore ne gagnent pas. Passer trois ou quatre semaines ensemble, c'est aussi un défi. Pendant une Coupe du Monde, tous ces éléments convergent. C'est ce qui en fait une expérience essentielle pour de jeunes joueuses."

Bisanz est décédé le 17 octobre 2014, à l'âge de 78 ans. En voyant la détermination de Bernhard, son engagement aux côtés de ces joueuses en herbe et son envie de les aider à progresser, le maître serait certainement fier de son élève.