La FIFA a tenu le 14 décembre 2021 une réunion avec un large éventail d'institutions politiques et des organisations indépendantes de défense des droits de l'homme et des travailleurs pour évoquer l'avancement des droits de l'homme au Qatar avant la Coupe du Monde de la FIFA 2022™. La table ronde virtuelle a rassemblé des membres du Parlement européen, du Conseil de l'Europe, des Parlements suisse, allemand, autrichien, français, chypriote, norvégien, danois, roumain, italien et slovène, ainsi que des représentants de haut rang de la Commission Européenne, du Groupe d’États contre la Corruption (GRECO), des Nations Unies, de l'OMS, de l'UNODC et de l'UNESCO. Les représentants politiques ont échangé avec le Secrétaire Général du Supreme Committee for Delivery & Legacy, Hassan Al Thawadi, les experts de l'OIT, du BWI, de la CSI et du réseau Fare, le Président de la FIFA, Gianni Infantino, et la Secrétaire Générale de la FIFA, Fatma Samoura. Le dialogue a donné l'occasion aux parties prenantes de faire part de leurs questions et de leurs préoccupations sur un certain nombre de thèmes clés, dont le bien-être des travailleurs et les droits des LGBTIQA. Les organisations spécialisées ont décrit les importants progrès accomplis depuis l'attribution de la Coupe du Monde au Qatar et les obstacles restant à surmonter. "Nous discutons de sujets cruciaux", commente le Président de la FIFA. "C'est pourquoi il est essentiel d'entendre des explications détaillées sur la situation réelle de la bouche, non de la FIFA et des autorités qataries, mais d'experts indépendants des droits de l'homme. Il nous faut reconnaître les énormes avancées réalisées. Les autorités qataries méritent des éloges de notre part à tous. Il reste des problèmes, comme dans tous les pays. Le monde occidental n'est pas parfait non plus. Nous devons promouvoir les réformes, mais aussi soutenir ceux qui veulent vraiment faire évoluer les choses, sachant que cela prend parfois du temps", ajoute M. Infantino. Hassan Al Thawadi a mis l'accent sur la vision à long terme du pays hôte. "Lorsque nous avons posé notre candidature pour la Coupe du Monde, nous avons souligné le fait que cette phase finale, la première organisée en terres arabes et au Moyen-Orient, pourrait être un catalyseur de changements positifs sur de nombreux fronts. Si l'on peut débattre de l'ampleur des améliorations apportées, la détermination à progresser est indéniable, comme en témoignent les mesures prises à cet effet. Nous nous sommes engagés dès le premier jour à laisser un héritage avant la Coupe du Monde qui dure au-delà du tournoi, notamment en matière de réforme du travail, mais aussi dans d'autres domaines." "Les travailleurs migrants remercient la Coupe du Monde, parce qu'elle a amené des changements majeurs au Qatar. Leurs conditions de vie professionnelle et personnelle s'améliorent progressivement et ils sont heureux des réformes instituées", affirme Ambet Yuson, Secrétaire Général de l'Internationale des Travailleurs du Bâtiment et du Bois (BWI). "Ils souhaitent juste que ces lois soient strictement respectées et s'appliquent à tous les travailleurs migrants. Mais ils s'inquiètent de ce qu'il se passera après la Coupe du Monde et nous voulons savoir si ces changements seront maintenus une fois la compétition terminée."
Table ronde sur les droits de l'homme à Doha
Max Tuñon, chef du bureau de l'OIT à Doha, a également parlé en détail des réformes adoptées et du labeur encore à accomplir. "Il reste des problèmes de mise en œuvre. Certains employeurs usent de rétorsion à l'encontre des travailleurs qui veulent changer d'emploi et les revendications salariales prennent trop de temps. Les structures et les mécanismes de plaintes sont là, mais il peut s'écouler des mois avant que le demandeur perçoive son salaire. Il n'y a pas de solution miracle. Créer des institutions et s'assurer qu'elles remplissent leurs fonctions, voire changer la mentalité des employeurs, ne se fait pas en un jour. Mais les réformes sont intervenues à un rythme impressionnant." "Je m'occupe des droits des travailleurs depuis plus de 25 ans et j'ai été confronté à d'énormes défis", confie Tim Noonan, directeur des campagnes de la Confédération Syndicale Internationale (CSI). "Mais je n'avais jamais vu le droit du travail d'un pays évoluer dans un sens aussi favorable grâce à un tournoi. Le monde entier a les yeux rivés sur le Qatar. Il reste un long chemin à parcourir, mais beaucoup a déjà été fait. À présent, il incombe également à d'autres acteurs, notamment aux multinationales opérant ici, de veiller à l'application des réformes législatives." "Notre souci premier pour 2022 est de garantir l'absence de discrimination envers les visiteurs. Nous voulons une Coupe du Monde modèle à cet égard et nous travaillons avec la FIFA à cette fin", explique Piara Powar, Directeur Exécutif du réseau Fare. "Notre question principale concerne les droits des LGBTIQA, et plus précisément la loi qui criminalise l'homosexualité. Nous sommes conscients que de nombreuses personnes LGBTIQA ont peur de venir ici. Nous savons qu'il existe un élément culturel complexe et qu'une partie du message à transmettre porte sur les comportements souhaités. Mais le respect de la culture locale ne doit pas empêcher d'assurer la sécurité des communautés LGBTQIA. Nous pouvons ouvrir un dialogue avec ces groupes, écouter leurs préoccupations et les rassurer. Nous aspirons au progrès et au changement, et nous nous réjouissons à l'idée de voir des personnes de tous horizons dans ce magnifique pays."