La Papouasie-Nouvelle-Guinée enchaîne les premières
C’est sans doute l’une des coïncidences les plus frappantes de l’histoire du football papouan-néo-guinéen. La sélection masculine a goûté en 2016, lors de la Coupe des Nations de l’OFC, à sa première finale internationale – perdue aux tirs au but – alors que le pays s’apprête aujourd’hui à accueillir son tout premier tournoi mondial : la Coupe du Monde Féminine U-20 de la FIFA.
On s’accorde ainsi à penser, dans les milieux footballistiques de la plus grande nation de l’OFC, que ce géant endormi est finalement en train de se réveiller. Son parcours continental est la preuve évidente des progrès réalisés chez les hommes et la Coupe du Monde Féminine U-20 à venir – une première historique – pourrait avoir un impact considérable sur la pratique féminine et au-delà.
Le tournoi, dont le coup d’envoi sera donné le 13 novembre, devrait permettre de poursuivre l’élan initié l’an dernier sur les rivages de la Papouasie-Nouvelle-Guinée par une autre compétition internationale : les Jeux du Pacifique. L’ancienne capitaine de la sélection féminine, Catherine Davani, qui officie désormais comme juge à la Cour Suprême du pays, est persuadée qu’il marquera un tournant.
Sa vaste expérience, sur et en dehors des terrains, en fait une observatrice privilégiée pour évaluer les progrès sociaux potentiels que l’organisation d’un tournoi de la FIFA pourrait avoir sur un pays où les inégalités hommes-femmes et les violences sexistes sont des problèmes majeurs, selon le Programme de développement des Nations Unies.
"Les gens connaissent la FIFA et c’est un vrai accomplissement pour nous de pouvoir accueillir un tel tournoi", confie-t-elle dans un entretien avec le Musée du Football mondial de la FIFA. "Il apportera beaucoup à notre population féminine. Une grande majorité de nos femmes n’ont jamais quitté ces côtes et ce tournoi leur permettra d’ouvrir les yeux sur la réalité du monde", poursuit-elle. "J’espère que ses retombées ne seront pas seulement footballistiques et qu’il apportera beaucoup d’autres bonnes choses à notre pays."
Avec un tel potentiel, la Fédération locale a sauté sur l’opportunité lorsque l’Afrique du Sud, qui devait initialement organiser le tournoi, s’est retirée, ouvrant la voie à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, officiellement désignée en mars 2015. Davani espère que cela traduit un intérêt marqué pour le développement du football féminin et la mise en place de fondations solides, à la base, plutôt que pour l’attrait de rencontres internationales et d’un championnat national féminin.
Le football bientôt numéro 1 ? "Le gouvernement et la Fédération ont, pour la première fois, investi de façon conséquente dans la préparation de la sélection U-20 actuelle et je sais que la Fédération s’est penchée sur l’héritage que laissera le tournoi", souligne l’ancienne joueuse, qui a participé au tout premier match de sa sélection, en 1988, et contribué à sa première victoire aux Jeux du Pacifique, en 2003.
"En matière d’héritage, j’aimerais voir l’établissement d’une feuille de route pour le développement du football féminin, qui n’a fait l’objet que d’efforts très ponctuels jusqu’ici, et de dispositions pour l’encadrement, la formation et les comités", ajoute-t-elle.
Comme l’ont montré leurs exploits lors de la Coupe des Nations, la roue tourne également pour les hommes. Les Kapuls ont attendu 43 ans avant de disputer cette première finale internationale – un match tendu de 120 minutes, sans aucun but – mais plusieurs signes laissent aujourd’hui penser que le pays pourrait bientôt tourner la page de plusieurs décennies de frustration.
Hekari United a pris en 2010 le meilleur sur Waitakere United, lors d’une confrontation aller-retour, pour atteindre la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA, tirant dans la foulée l’ensemble du championnat vers le haut. L’ancien sélectionneur néo-zélandais Ricki Herbert a ensuite conduit l’équipe U-23 sur la troisième marche du podium des Jeux du Pacifique, l’an dernier, à domicile, capitalisant sur les progrès réalisés par Frank Farina avec les catégories inférieures.
L’équipe A – aux ordres de l’ancien entraîneur-adjoint du Danemark Flemming Serritslev – a désormais une chance de se qualifier pour la Coupe du Monde de la FIFA, Russie 2018™, comme les autres demi-finalistes de la Coupe des Nations. "Nous voulons décrocher notre billet pour la Coupe du Monde", souligne le capitaine, David Muta, au Musée du Football mondial de la FIFA. "Notre esprit d’équipe est excellent. Nous sommes très proches les uns et des autres, nous ne faisons qu’un. Nos supporters nous aident beaucoup et tout le monde a travaillé très dur."
Y-aura-t-il un avant et un après organisation de Coupe du Monde ? Muta en est convaincu : "Le football sera bientôt le sport numéro un en Papouasie-Nouvelle-Guinée", prédit-il. "La Coupe des Nations lui a donné un gros coup d’accélérateur. C’est super de voir tous ces enfants taper dans un ballon !"