mercredi 30 novembre 2022, 12:00

La légende de la Coupe du Monde vue par ses plus grands conteurs

En reconnaissance du rôle joué par les médias dans la popularité du football à travers le monde, la FIFA a rendu hommage à la longévité et à la constance des journalistes ayant couvert au moins huit éditions de l’épreuve suprême.

Une cérémonie spéciale a donc été organisée en collaboration avec l'AIPS (Association Internationale de la Presse Sportive) pour les quelque 80 reporters et photographes concernés. Ces grands professionnels ont été remerciés du sérieux, de l’expertise et de l’expérience dont ils sont les garants, tant au sein de leur corporation que vis-à-vis du football. Tous ont su retranscrire avec brio les émotions d'un tournoi qui fait rêver les supporters du monde entier.

La Coupe du Monde de la FIFA 2022™ se déroulant dans une seule ville, Doha, l’occasion était belle de réunir ces personnalités. Les invités ont ainsi pu assister à l’événement et recevoir leur prix - une réplique miniature du trophée de la Coupe du Monde - des mains du double champion du monde Ronaldo.

Visage bien connu des téléspectateurs brésiliens, Galvao Bueno voit dans cette reconnaissance "une caresse pour l’âme". Croiser Pelé suffirait déjà au bonheur de la plupart des amateurs de football. Bueno, lui, a carrément embrassé le plus grand joueur de tous les temps lors de la victoire du Brésil, en finale d’États-Unis 1994. "La Coupe du Monde 1994 est sans doute celle qui m’est la plus chère", confie le journaliste, qui n’a manqué aucun rendez-vous depuis 1974. "Le Brésil n’avait plus soulevé le trophée depuis 24 ans. J’avais avec moi Pelé et Arnaldo Cezar Coelho, qui avait arbitré la finale d’Espagne 1982 et qui a travaillé à mes côtés pendant 30 ans."

FIFA Legends Assignment in Sao Paulo DAY 1

"Quand le coup de sifflet final a retenti, le réalisateur a braqué l’une de ses caméras sur Pelé. Nous étions comme des fous, dans les bras l’un de l’autre. Par la suite, cette image a fait le tour du monde. Tetra ou Teracampeao, une expression qui fait référence aux quatre victoires du Brésil en Coupe du Monde, est devenu un chant de victoire dans tout le pays."

Bueno est donc bien placé pour répondre à une question qui obsède de nombreux esthètes du football : quelle équipe brésilienne était la meilleure ? Sa réponse risque cependant d’en surprendre plus d’un... "La meilleure que j’ai vue, c’est celle de 1961. À l’époque, je ne travaillais pas encore dans le football. Je n’ai débuté qu’en 1974. Mais pour moi, c’est la meilleure de toutes. Je garde également un très bon souvenir de celle qui a disputé la Coupe du Monde 1982. Elle n’a pas gagné le titre, mais ça n’est qu'une statistique."

AIPS / FIFA Journalist on the Podium ceremony  - FIFA World Cup Qatar 2022

José Antonio Fernando Nurnberg a, lui aussi, vu sa carrière décoller après un événement historique. "Je me souviens très bien de la Coupe du Monde 1986 car on m’avait demandé de couvrir les matches de l’Argentine", explique le Bolivien, présent depuis 11 éditions. "J’ai fait huit interviews exclusives de Diego Maradona alors qu’il y avait beaucoup de demandes, surtout dans la seconde moitié de la compétition. À ce moment-là, l’Argentine faisait partie des favoris."

"Lors des deux premiers matches, il n’y avait pratiquement personne. Il faut dire que les supporters argentins eux-mêmes n’y croyaient pas vraiment au début. En dehors de nos collègues argentins, nous n’étions qu’une poignée à venir interroger les joueurs au centre d’entraînement du Club America. J’ai eu de la chance : l’une de ces interviews, réalisée deux jours avant la finale, a totalement bouleversé le cours de ma carrière."

"Ce jour-là, j’ai donné à Maradona un écusson doré de ma ville, Santa Cruz de la Sierra. C’était une sorte d’hommage car on sentait que son ascension était devenue irrésistible. Ça ne faisait pas partie de l’interview, c’était simplement un témoignage d’estime de ma part et de la part de la communauté que je représentais. Il a semblé très touché."

AIPS / FIFA Journalist on the Podium ceremony  - FIFA World Cup Qatar 2022

Grant Wahl a constaté quant à lui que sa trajectoire personnelle avait épousé celle du football dans son pays. L'Américain devrait achever l’odyssée entamée sur ses terres en 1994 dans quatre ans, à l’occasion du retour de la Coupe du Monde en Amérique du Nord.

"Je fais ce métier depuis assez longtemps pour mesurer l’évolution du football aux États-Unis. Quand j’ai commencé, c’était une discipline assez confidentielle ; aujourd’hui, elle est très populaire," explique-t-il.

"La Coupe du Monde 1994 a certainement eu une grosse influence sur son développement," ajoute Wahl. "En 1996, nous avons lancé notre propre championnat masculin et depuis, nous nous sommes aussi dotés d’une compétition féminine. La Coupe du Monde Féminine 1999 a aussi eu d’énormes répercussions. Dans l’ensemble, ces tournois FIFA ont largement contribué à la popularité du football."

Et de conclure : "Quand je vois où nous en sommes rendus aujourd'hui, je me dis que le football est devenu une industrie prospère aux États-Unis, mais c’est surtout le sport en lui-même qui a progressé. Nous avons de bonnes équipes maintenant. Ça me fait plaisir et je dois avouer que je suis curieux de voir quelle direction va prendre le football aux États-Unis, dans les années à venir."