jeudi 10 novembre 2016, 08:56

Tahiti dans un océan d'espoir

Tahiti a vécu l'un des plus beaux contes de fées de l'année 2012, en s'emparant du titre continental et du même coup d'un billet pour la Coupe des Confédérations de la FIFA. Quatre ans plus tard, elle a l'occasion de se distinguer à nouveau dans la course à la phase finale. Cela étant, il est parfois plus difficile de rééditer un exploit que de le créer.

Les Toa Aito ont entamé ce 7 novembre le troisième tour des qualifications de l'OFC pour la Coupe du Monde de la FIFA, Russie 2018™ par une courte victoire 1:0 sur les Îles Salomon grâce à Tauhiti Keck, au terme d'une rencontre équilibrée, à Papeete. Sachant qu'une seule équipe sur les trois en lice dans le groupe pourra poursuivre l'aventure, la marge d'erreur est restreinte.

Tahiti jouera le match retour face aux Bilikiki Boys ce 13 novembre, avant d'affronter une Papouasie-Nouvelle-Guinée en pleine montée en puissance, l'an prochain. Une confrontation finale désignera l'unique représentant de l’OFC, qui devra ensuite disputer un barrage contre une formation d'Amérique du Sud pour tenter de s'ouvrir les portes de l'épreuve reine. Autant dire que la route de la Russie s'apparente à un véritable parcours du combattant pour les candidats océaniens.

Les défis de Tahiti Tahiti a déjà perdu une partie de ses attaches avec la glorieuse campagne de 2012. De nombreux joueurs ont pris leur retraite ou ne sont pas disponibles et Ludovic Graugnard a succédé à Eddy Etaeta au poste de sélectionneur. Comme toujours, le vivier limité de talents et l'éloignement géographique freinent la progression de l'équipe. À titre d'exemple, les Toa Aito se rendent cette semaine à l'autre bout de l'Océanie. Depuis leur île, située à mi-chemin de la Nouvelle-Zélande et de l'Amérique du Sud, ils devront prendre trois avions pour arriver à Honiara. C'est un déplacement compliqué comparé à la plupart des régions du monde.

Autre problème : l'hémorragie de joueurs. Les superbes prestations des Tahitiens en Coupe du Monde de Beach Soccer de la FIFA, dont ils ont atteint la finale et la demi-finale lors des deux dernières éditions, ont un coût. Des pointures du calibre de Jonathan Torohia et Heiarri Tavanae ont défendu les couleurs nationales sur le sable ces dernières semaines, tandis que l'ancien capitaine de la sélection et star de beach soccer Raimana Li Fung Kuee évolue actuellement en France et n'est donc pas disponible. "Quand on dispose de peu d'options, l'absence d'un joueur comme Raimana laisse un grand vide", confie Graugnard à FIFA.com. "Trois de nos meilleurs éléments n'ont pas répondu à la convocation, alors nous devons nous débrouiller avec les jeunes. Nous avons intégré trois ou quatre nouvelles recrues et un U-20 dans les stages de préparation."

"La génération des Alvin Tehau, Steevy Chong Hue et Heimano Bourebarre, qui ont environ 28 ans, peut encore disputer une campagne et jouer jusqu'à 30-32 ans. Il est important de prévoir la relève et de promouvoir des espoirs", ajoute-t-il. "Nous faisons participer de jeunes joueurs aux entraînements et j'espère qu'ils deviendront les piliers de l'équipe d'ici quatre à six ans."

Un barrage qui porte bien son nom En juin dernier, Tahiti a dû rendre sa couronne lors de la Coupe des Nations de l'OFC, qui faisait fonction de deuxième tour des qualifications pour Russie 2018. Elle a été éliminée en phase de groupes à la différence de buts. Sortie en tête de la poule, la Papouasie-Nouvelle-Guinée s'est, quant à elle, trouvée à un cheveu, ou plus exactement à une séance de tirs au but, de décrocher son sésame pour la Coupe des Confédérations 2017. "Ce que nous avons accompli en Coupe des Nations, pratiquement sans préparation, est plus que respectable", assure Graugnard, dont l'équipe est presque entièrement basée à Tahiti. "Ça prouve que ces joueurs ont plus de talent que leurs prestations en championnat pourraient le laisser croire. Mais le niveau est tel qu'ils n'ont pas besoin d'exceller, alors ils ne forcent pas."

Si les Toa Aito parviennent à franchir sans encombre les écueils océaniens, il leur restera à réussir un tour de force : remporter le barrage aller-retour face à la cinquième équipe d'Amérique du Sud. "Le barrage est le plus haut niveau que Tahiti puisse rêver d'atteindre", juge Graugnard. "Après, il ne faut pas se faire d'illusions quand on affronte la cinquième équipe sud-américaine. Mise à part la Nouvelle-Zélande, qui a des chances comme elle l'a prouvé récemment contre les États-Unis, je ne vois pas d'équipes du Pacifique capable de tenir tête au Paraguay, au Chili, à la Colombie ou encore au Venezuela. Mais ce serait déjà fabuleux de jouer contre ces grandes nations de football."