Manger à Saint-Pétersbourg
Au sens le plus strict, la gastronomie pétersbourgeoise n'existe pas. Troisième ville d'Europe par sa population derrière Moscou et Londres, Saint-Pétersbourg offre au visiteur de passage un choix gigantesque entre des milliers de restaurants, de bars et de cafés, où se côtoient toutes les cuisines du monde. FIFA.com se penche sur les spécialités typiques de la région.
Éperlan L'éperlan compte parmi les symboles les plus célèbres de la ville, au même titre que ses fameux ponts-levis. Durant la saison de la ponte, il remonte la Neva entre la fin avril et le début du mois de mai. Les habitants de la région se pressent alors des rives du lac Ladoga jusqu'au golfe de Finlande pour le pêcher. L'éperlan frais est vendu en magasin, dans les rues, mais aussi dans les cafés et dans les restaurants. On le reconnaît facilement à son fumet, qui n'est pas sans évoquer l'odeur du concombre. L'été, l'engouement qui entoure cette spécialité commence à s'apaiser. Les supporters qui se rendront à Saint-Pétersbourg pour la Coupe des Confédérations de la FIFA 2017 et la Coupe du Monde de la FIFA 2018™ auront donc tout intérêt à arriver un peu plus tôt, d'autant que le mois de mai est souvent considéré comme la meilleure période pour visiter la capitale du nord.
L'éperlan n'est pas qu'un simple poisson ou un plat raffiné. Il fait véritablement partie de l'identité pétersbourgeoise. Pour être considéré comme un citoyen de la ville à part entière, il faut aimer, comprendre et cuisiner l'éperlan. On conseille généralement de vider et de nettoyer les plus gros spécimens, mais les plus petits peuvent être dégustés avec la tête et la queue. Les éperlans sont traditionnellement roulés dans la farine avant d'être mis à frire, mais il existe des dizaines de recettes : ils peuvent être marinés, rôtis, fumés ou salés.
L'aura de l'éperlan n'a rien perdu de son éclat à Saint-Pétersbourg. Depuis quelques années, la ville organise une journée de l'éperlan et envisage même de faire réaliser une statue à l'effigie de son poisson fétiche.
Pychki Les pychki sont un dessert traditionnel de Saint-Pétersbourg. Si vous vous êtes rendu dans la capitale du nord et que vous êtes passé à côté de ces délices à base de farine, cela signifie qu'il vous reste des choses à découvrir sur la gastronomie locale. Comme l'éperlan, les pychki sont une source de fierté. Toutefois, ne vous avisez surtout pas de confondre donuts et pychki durant votre séjour. Bien que ces derniers appartiennent effectivement à la famille des donuts, on ne vous pardonnerait pas cette faute de goût. Ces beignets aériens circulaires et percés d'un large trou en leur centre sont souvent saupoudrés de sucre et trempés dans le café. Cette technique de dégustation est considérée comme un véritable rituel par les citoyens de Saint-Pétersbourg.
Les cafés servant des pychki ont connu leur apogée dans les années 30. Aujourd'hui, ils conservent l'esprit de l'époque soviétique, lorsque la ville était connue sous le nom de Leningrad. Contrairement à l'éperlan, les pychki ont un point de ralliement : le célèbre café Pyshechnaya, juste derrière la perspective Nevski, au 25 rue Bolshaya Konyushennaya. Si vous voulez passer pour un authentique Pétersbourgeois, vous ne pourrez pas faire l'économie de quelques pychki dans ce lieu mythique.
Bœuf stroganoff La fameuse recette stroganoff, et plus particulièrement le bœuf stroganoff, n'est pas exclusivement pétersbourgeoise. Son histoire se confond avec celle du comte Aleksandr Grigorievich Stroganov (1795-1891). Né à Saint-Pétersbourg, il a occupé le poste de gouverneur militaire de la capitale de l'époque, mais aussi celui de ministre de l'Intérieur. Les origines de la recette se perdent quelque part entre la mer Baltique et la mer Noire, Stroganov ayant officié en tant que gouverneur général d'Odessa en fin de carrière. Une version de la légende prétend que le comte, qui avait des problèmes dentaires, aurait demandé au chef français André Dupont de découper du bœuf bien tendre en petites lamelles et de les lui servir avec une sauce aigre, afin de faciliter sa mastication. De nos jours, presque tous les restaurants de Saint-Pétersbourg proposent du bœuf stroganoff.
Rassolnik de Leningrad Les plats liquides ou semi-liquides portés à ébullition, comme les soupes ou la kacha, tiennent depuis toujours une place importante dans la cuisine russe, au même titre que les plats salés ou vinaigrés. Le rassolnik peut donc être considéré comme la soupe russe par excellence. Très appréciée depuis le 15ème siècle, elle reste moins connue que le chtchi ou le bortsch. Les recettes traditionnelles préconisent d'utiliser des concombres au vinaigre ou de la saumure de concombre.
À l'époque de l'Union soviétique, le rassolnik était souvent préparé avec du bœuf et de l'orge perlé. Cette variante a été baptisée rassolnik de Leningrad (depuis le changement de nom intervenu en 1991, on trouve aussi souvent "rassolnik de Pétersbourg"). L'orge perlé le distingue de son cousin moscovite.
Salade de Petrograd La cuisine russe contemporaine fait la part belle aux salades mais, au 19ème siècle, l'idée de couper de la nourriture en petits morceaux pour les mélanger n'était pas encore entrée dans les mœurs. Depuis deux siècles, la salade s'est imposée sur toutes les tables, au point que personne n'envisagerait aujourd'hui de ne pas en trouver dans un repas de fête.
Les raisons pour lesquelles ce copieux mélange à base de blancs de poulet, de champignons, de pommes de terre, de carottes, de fromage, d'œufs et de mayonnaise a adopté le nom de Petrograd sont inconnues. Toutefois, son origine ne fait guère de doute : personne n'ignore en effet que Saint-Pétersbourg a porté le nom de Petrograd entre 1914 et 1924. Aujourd'hui, la partie de la ville qui se trouve sur la rive droite de l'estuaire de la Neva est appelée le quartier de Petrograd.
Blinis Arina Rodionovna Les Russes connaissent bien le nom associé à cette spécialité nationale, mais sa renommée est peut-être plus obscure aux yeux des touristes. Arina Rodionovna était la nourrice du grand poète russe Alexandre Pouchkine. Très attaché à elle, l'homme de lettres lui a dédié des textes tout au long de sa vie. Il l'évoquait en outre fréquemment dans ses correspondances. Pouchkine était originaire de Moscou, mais la légende raconte que sa nourrice serait née dans le village de Suyda près de Gatchina, dans la région de Saint-Pétersbourg.
Ces blinis se distinguent par leur couleur rose, qui vient du jus de betterave que l'on ajoute à la pâte. On les sert généralement avec de la confiture de groseilles. On parle alors de blinis du Tsar, car l'impératrice Catherine les affectionnait préparés ainsi. Pouchkine adorait les blinis de sa nourrice, au point d'en manger jusqu'à 30 par repas.
Il existe d'innombrables recettes de plats très répandus à Saint-Pétersbourg. Certains portent des noms mystérieux comme la truite de Gatchina ou la kacha de Stackenschneider (en hommage à l'architecte russe qui a construit des palais et d'autres bâtiments à Saint-Pétersbourg et Peterhof). Malheureusement, il nous serait impossible d'en dresser ici une liste exhaustive.
En guise de conclusion, intéressons-nous un instant aux boissons locales qui ne devraient pas manquer d'attirer les amateurs de football. La ville de Saint-Pétersbourg abrite de très nombreux débits de boissons, où vous pourrez fêter la victoire de votre équipe. Quelle que soit votre provenance, vous trouverez ici des spécialités familières ou totalement exotiques, selon votre humeur du moment.
Il est en revanche difficile de recommander une bière ou un cocktail en particulier, tant le choix est varié. Si la qualité est toujours au rendez-vous, les modes changent d'une saison à l'autre. Le défenseur belge Nicolas Lombaerts, installé depuis dix ans dans la capitale du nord, ne plaisante qu'à moitié lorsqu'il affirme que la bière belge est meilleure Saint-Pétersbourg que dans son pays natal, où elle fait pourtant figure d'institution.