mercredi 30 mars 2016, 21:01

L'aventure iranienne de Gaspar

"J'ai toujours été un aventurier. Je suis quelqu'un de curieux. J'aime prendre des risques", confie Dan Gaspar, entraîneur des gardiens et adjoint du sélectionneur de l'Iran au micro de FIFA.com. Le ballon rond a permis à cet enfant du Connecticut de voyager aux quatre coins du monde en travaillant aux côtés de Carlos Queiroz depuis 1993. Avec l'ancien assistant de Sir Alex Ferguson à Manchester United, il s'est rendu au Japon, au Portugal, en Afrique du Sud et aux États-Unis.

Plus récemment, le technicien américain a participé à la qualification de la Team Melli pour le troisième tour des préliminaires asiatiques de la Coupe du Monde de la FIFA, Russie 2018™. Invaincus tout au long du deuxième tour, les Iraniens ont bouclé leur parcours en signant deux succès à Téhéran contre l'Inde et Oman. En huit sorties, ils n'ont concédé que trois buts. "Je suis très reconnaissant à Carlos Queiroz de sa confiance. Il pensait que je pouvais lui être utile pour réaliser ce projet exceptionnel", explique Gaspar à propos de son choix de venir travailler en Iran, il y a cinq ans. "Pour prendre ma décision, j'ai fait comme d'habitude : j'ai réfléchi avec mon cerveau, j'ai ressenti avec mon cœur puis j'ai laissé parler mes tripes et me voilà !"

La perspective de conduire un nouveau pays en phase finale du rendez-vous mondial a fini de convaincre Gaspar de tenter l'aventure en 2011. Il suffit d'évoquer son expérience au sein de la sélection portugaise pendant Afrique du Sud 2010 pour mesurer l'importance qu'un tel défi revêt à ses yeux. "C'était fabuleux. Les mots me manquent pour dire ce que représente un tel privilège", avoue-t-il. "Quand l'offre iranienne s'est présentée, j'ai tout de suite compris que j'aurais peut-être la chance de disputer une autre Coupe du Monde et d'aider un pays à vivre ces instants magiques."

L'Argentine sous pression Du rêve à la réalité, il n'y a qu'un pas. L'Iran a validé son billet pour Brésil 2014 et y a livré des performances honorables. À défaut de se qualifier pour la suite du tournoi, il a impressionné au terme d'un match accroché contre l'Argentine. Sans un trait de génie de Lionel Messi, les deux équipes seraient sûrement reparties dos à dos. "Ce jour-là, le meilleur joueur argentin, c'était le gardien ! Qui aurait cru que nous pourrions mettre les Argentins en difficulté au point de faire de leur gardien l'homme du match ? J'ai beaucoup de respect et d'admiration pour nos joueurs car ils ont fait honneur à leur pays, à leurs compatriotes et à notre sport", sourit-il.

L'Iran a parfaitement négocié son parcours dans le Groupe D des qualifications asiatiques pour Russie 2018. Poids lourds du football asiatique avec ses trois titres continentaux et ses quatre participations à l'épreuve mondiale, la Team Melli était certes donnée largement favorite face à Oman, au Turkménistan, à Guam et à l'Inde. Toutefois, les longs trajets et les conditions climatiques très contrastées ont compliqué les choses. "C'est dur car l'environnement est parfois difficile à appréhender. À Guam, nous avons joué sur un terrain artificiel. Nous avons tout de même réussi à surmonter ces conditions inhabituelles", assure Gaspar. La large victoire (6:0) obtenue à Guam témoigne effectivement de la capacité de l'Iran à s'adapter sans rien perdre de son mordant.

La bonne décision "L'Iran a traversé des situations délicates ces dernières années, mais je suis étonné de voir la façon dont les gens gèrent tout ça. Quand on vient d'une culture différente comme les États-Unis ou l'Europe, on a l'habitude que tout se déroule exactement comme prévu. Les Iraniens sont capables de réagir sur le coup et de trouver des solutions dans l'instant", détaille-t-il.

La capacité d'adaptation est un trait de caractère dont Gaspar sait lui aussi faire preuve : "Il faut se remettre en cause. Ai-je fait les bons choix ? Ai-je fait ce qu'il fallait pour ma famille ? Rien ne m'a jamais préparé à ça dans ma culture d'origine. Tout est une question de flexibilité. Je ne me suis jamais senti autant en sécurité, aussi à l'aise et aussi respecté qu'en Iran."

Gaspar y travaille depuis cinq ans. Il s'agit de l'un des deux plus longs mandats de sa carrière. Alors que la Team Melli aborde le troisième tour des préliminaires de Russie 2018, une cinquième participation à la Coupe du Monde n'a jamais été aussi proche. Pour Gaspar, ce parcours représente la plus grande aventure professionnelle de sa vie. "Parfois, je me demande si j'ai pris la bonne décision. Mais quand je tire le bilan, je me rends compte que c'est un voyage que je referais sans hésiter", conclut-il.