Pour réussir une carrière dans le football et aller au bout d’un parcours semé d’innombrables embûches, le talent ne suffit pas. Il faut aussi faire preuve de sérieux et de discipline, tout en saisissant les opportunités quand elles se présentent.
L’accession à l’élite ne constitue que la première étape. Une fois arrivé au plus haut niveau, il faut continuer à travailler et à se battre. Bien que disposant de toutes les qualités nécessaires, certains footballeurs doivent faire face à une difficulté supplémentaire : un destin qui s’obstine à leur barrer le chemin de la réussite. C’est le mal qui semblait frapper Jonathan Dos Santos, frère de Giovani, frustré par une carrière qui a mis longtemps à décoller.
L’international mexicain a pourtant réussi à réaliser son rêve. Pour ce faire, il a adopté une recette dont les principaux ingrédients sont "la patience et le travail".
"Difficile de trouver quelqu’un de plus poissard que moi dans le football", rigole le Mexicain, interrogé par FIFA.com. "C’est clair qu’entre mon club et ma famille, j’avais un contexte très favorable. Ça m’a permis de ne jamais perdre confiance, mais c’est vrai que parfois, je me demandais pourquoi ces choses tombaient toujours sur moi."
Récapitulons. Il y a quelques années, Jonathan Dos Santos était considéré comme l’une des pépites du centre de formation du FC Barcelone. Doté d’un impeccable bagage technique et d’une excellente vision du jeu, le milieu de terrain semblait avoir toutes les cartes en main pour réussir aux côtés des Xavi et autres Andrés Iniesta.
Rendez-vous manqués Pourtant, à chaque fois qu’il s’apprêtait à intégrer la cour des grands, son destin lui a mis des bâtons dans les roues. Le premier coup dur intervient lorsqu’il n’est pas retenu dans la sélection mexicaine à quelques encablures des qualifications pour la Coupe du Monde U-17 de la FIFA, Corée 2007.
Sa non-sélection pour la Coupe du Monde de la FIFA, Afrique du Sud 2010™ s’est révélée encore plus cruelle. Jonathan a en effet été le dernier joueur à quitter le groupe avant le départ du Tri pour la Nation arc-en-ciel. Quatre ans plus tard, c’est une blessure qui l’a empêché de prendre part à Brésil 2014.
"Ç’a été très difficile. Heureusement que j’étais jeune. Si ça m’arrivait maintenant, je ne sais pas ce que ça donnerait. J’ai dû faire preuve de beaucoup de patience et m’appuyer sur l’aide de ma famille, de mes amis et de mes coéquipiers", se souvient le joueur de 25 ans à propos de ces épisodes douloureux.
En plus de le priver d’une première participation à l’épreuve suprême, sa blessure, une rupture des ligaments du genou droit, a également précipité son départ du Barça, alors même que les portes de l’équipe première s’ouvraient à lui. "Tata Martino comptait sur moi au moment où c’est arrivé. Malheureusement, ce sont des choses qui arrivent dans le football. Je ne souhaite ça à aucun footballeur", lance-t-il avec une pointe d’amertume.
Déclic Contre toute attente, c’est à ce moment précis que tout s’est décanté pour lui. Intéressé par son talent et son pedigree, Villarreal a décidé de miser sur lui. Deux ans et 39 matches plus tard, le tableau a radicalement changé.
"Je savais que je devais aller dans une équipe au style de jeu similaire à celui de Barcelone. Mais bon, quand je suis arrivé là-bas, je revenais à peine de blessure et franchement, j’ai eu beaucoup de mal. Le ballon m’arrivait et je ne savais pas quoi en faire ! Mais avec de la force de caractère, on s’habitue au nouveau contexte. Aujourd’hui, je suis heureux", assure-t-il.
C’est entre autres grâce aux bonnes performances du Mexicain que le Submarino Amarillo est devenu la grande révélation de la Liga espagnole. Cette belle période n’a fait que stimuler les ambitions collectives et personnelles de Jona. "On est quatrièmes du championnat, en huitièmes de finale de la Ligue Europa et on ne compte pas s’arrêter là. Personnellement, quand j’ai quitté Barcelone, j’ai dit à mes parents que je me donnais deux ans maximum pour m’installer et partir dans un grand club européen. Villarreal a été une vitrine pour des tas de joueurs. Je veux continuer à profiter au maximum de cette opportunité."
Rêves tricolores Remis sur les rails en club, Jonathan n’a toujours pas explosé en sélection. Malgré ses 18 capes et un rôle fondamental dans le sacre lors de la Gold Cup 2015, il ne bénéficie pas encore de la même reconnaissance que les autres stars auprès du grand public.
"Je ne sais pas pourquoi on ne parle pas autant de moi. Peut-être que maintenant, il va falloir que je marque à tous les matches ! (rires). C’est peut-être dû à mon poste, où le rendement ne se reflète pas nécessairement dans les statistiques. Je suis heureux si mon travail est reconnu, mais la confiance que m’accorde mon club suffit à m’apporter de la sérénité", déclare-t-il.
Confiance et travail. Dos Santos sait que l’heure de la reconnaissance finira par sonner et il ne prête pas attention aux éternelles comparaisons avec mon frère aîné, Giovani. "Je me suis toujours inspiré de lui. C’est mon modèle et c’est aussi une source de stimulation. Quand les gens disaient 'celui-là, c’est le frère de Giovani', moi je me disais : 'je vais essayer de changer cette façon de voir les choses coûte que coûte". Aujourd’hui, à force de travail et d’efforts, je me suis fait un prénom. D’ailleurs, c’est lui qu’on appelle 'le frère de Jonathan' maintenant !", lance-t-il dans un éclat de rire.
Jonathan se remet actuellement d’un problème musculaire qui l’empêchera de disputer les rencontres du Mexique face au Canada dans le cadre des qualifications pour la Coupe du Monde de la FIFA, Russie 2018™. Décidément, le mauvais sort n’est jamais très loin… Cela ne l’empêche pas d’afficher une confiance totale en la sélection aztèque. "C’est la 'bonne génération'. De plus en plus de joueurs évoluent en Europe. C’est la meilleure génération de Mexicains de l’histoire. Cette équipe peut faire de grandes choses", conclut-il.