samedi 20 mai 2017, 14:13

Soteldo, la rébellion du talent devant les géants

  • Soteldo mesure 158 cm, ce qui fait de lui le deuxième plus petit joueur du tournoi

  • Il a été un des fers de lance du triomphe vénézuélien sur l'Allemagne

  • Il a déjà disputé trois matches dans les qualifications pour Russie 2018

Vu de la tribune, Yeferson Soteldo à l'air d'un David entouré de plusieurs Goliath. Ses 158 cm sont à comparer aux 183,5 cm de moyenne de la défense allemande. Mais sur le terrain, Manzanita, le numéro 10 du Venezuela, n'est pas un petit au milieu des grands : c'est un cauchemar.

"Ils sont tous assez grands mais ça ne me dérange pas d'être petit, car chaque fois que je fais un démarrage, ils ont du mal à me rattraper", affirme Soteldo au micro de FIFA.com après avoir été l'un des grands artisans du triomphe vénézuélien sur l'Allemagne (2:0) lors de l'entrée en matière des deux équipes dans la Coupe du Monde U-20 de la FIFA, République de Corée 2017.

Soteldo n'a pas marqué mais en deuxième période surtout, il a donné le tournis aux défenseurs allemands dans son rôle de meneur de jeu. "C'est dans le dernier quart du terrain qu'il est difficile de m'arrêter. J'essaye de recevoir le ballon en faisant face au but adverse. C'est beaucoup plus difficile de défendre sur moi comme ça que quand je suis dos au but."

En première période, la chaleur (28 ºC au thermomètre, mais plus de 30 ºC à en juger par la quantité de sueur produite par les 22 acteurs) a pesé sur le rythme du jeu. "La chaleur ne m'a pas aidé. Quand je recevais le ballon, ils arrivaient tout de suite à deux ou trois sur moi et je n'avais pas le temps de réfléchir. À la mi-temps, dans le vestiaire, nous avons pas mal discuté. En deuxième période, j'ai pu me rafraîchir un peu et ç'a été mieux."

Auparavant, Yeferson jouait sur les ailes, principalement à gauche étant donné qu'il est gaucher. Mais le sélectionneur Rafael Dudamel tout comme Miguel Ponce, son entraîneur à Huachipato de Chile, l'ont repositionné dans l'axe pour minimiser les inconvénients liés à sa petite taille.

"Dans les un contre un, il est très difficile à maîtriser en raison de son explosivité. Nous avons insisté pour qu'il apprenne à jouer dans la zone de création, où il peut animer le jeu et faire jouer ses coéquipiers. Il comprend de mieux en mieux les situations dans lesquelles il peut aller au duel et celles où il vaut mieux qu'il évite. Sa présence est bénéfique pour tous", explique le sélectionneur vénézuélien à FIFA.com.

Le numéro 10 va de mieux en mieux physiquement après avoir été à deux doigts de manquer le Mondial suite à une faute énorme commise sur lui, il y a un mois en championnat du Chili. "J'avais pleuré non pas à cause de la douleur, mais parce que j'ai tout de suite réalisé que je risquais de manquer la Coupe du Monde. Mais heureusement, Dieu est grand, il est toujours avec moi et il m'a permis de récupérer à temps."

L'injustice aurait été grande s'il n'avait pas pu jouer son premier grand tournoi international, d'autant plus qu'il a déjà disputé trois matches dans les qualifications sud-américaines pour la Coupe du Monde de la FIFA, Russie 2018™.

Soteldo est né en 1997 dans un quartier d'Acarigua nommé El Muertico. Le sport lui a sauvé la vie. "Je viens d'un quartier très dangereux. Quand j'avais 11 ans, j'ai filé un mauvais coton mais heureusement, le football m'a évité de devenir un délinquant. Le football et le fait de porter le maillot du Venezuela m'ont réellement sauvé." Et le font grandir.

Durant l'hymne vénézuélien, dans l'après-midi suffocante de Daejeon, l'émotion était visible sur le visage du jeune numéro 10. "Être en Coupe du Monde est un rêve pour moi. Nous nous sommes fixé un objectif : être champions".