lundi 04 mars 2013, 09:26

Cris savoure son retour aux sources

Après une aventure de neuf ans en Europe, Cris a retrouvé, dès ses premiers entraînements avec Grêmio, le soleil de plomb de Porto Alegre. Le défenseur central de 35 ans n'avait pas l'air incommodé : on a pu le voir en train de crier, de gesticuler et de faire tous les gestes autoritaires qu'on lui connaît et qui, en somme, justifient la confiance placée en lui par Vanderlei Luxemburgo au moment d'aborder la compétition la plus importante de l'année 2013.

Car c'est en pensant exclusivement à la Copa Libertadores que l'entraîneur a appelé personnellement l'ancien Lyonnais, qui s'était engagé quelques semaines plus tôt avec le club stambouliote de Galatasaray. Quand il a entendu la proposition du technicien qui l'avait lancé dans le grand bain en 1998, à Corinthians, Cris n'a pas hésité. "La conversation a été simple. Quand il m'a expliqué son projet en ajoutant qu'il comptait sur moi, je n'ai pas beaucoup réfléchi", se souvient-il au micro de FIFA.com. "Nous avons toujours eu de bonnes relations. C'est un vrai plaisir de travailler de nouveau avec lui."

Luxemburgo savait parfaitement ce qu'il faisait. L'idée de mettre sur pied une équipe polyvalente en vue d'une année 2013 qui s'annonce animée a commencé à prendre forme à la mi-2012, avec les arrivées d'Elano, de Zé Roberto et plus tard de Dida. Cris, avec sa bonne soixantaine de matches disputés en Ligue des champions de l'UEFA et les titres glanés au Brésil, en France et avec la Seleção, possède évidemment le profil idéal pour la Libertadores, et pour donner au secteur défensif du Tricolor gaúcho la hargne qui l'a toujours caractérisé.

Expérience et autorité "Pour Vanderlei, la bonne philosophie est de mélanger l'expérience et la jeunesse. Pour une compétition comme la Libertadores, il faut pouvoir compter sur un groupe de joueurs habitués aux grands rendez-vous et aux matches décisifs. On connaît la capacité des Uruguayens et des Argentins à faire déjouer l'adversaire, parfois par simple anti-jeu. Lui est en train de monter une équipe qui sera forte dans ce domaine également."

J'adore jouer des compétitions comme la Libertadores, où il faut du caractère et ne pas avoir peur des contacts physiques. Mes coéquipiers connaissent ma motivation. Elle est contagieuse.

Avec son style autoritaire, qui en France lui a valu le surnom de Policier, Cris s'est rapidement imposé dans le groupe et a impressionné son partenaire Saimon, 21 ans, par sa façon d'orienter la défense et de se donner à fond lors des premiers entraînements de janvier, peu de temps avant d'affronter la Liga de Quito dans la phase qualificative du tournoi continental. Très vite, c'est non seulement Saimon, mais également le public tricolor qui a compris le rôle important que l'ancien patron de la défense lyonnaise serait amené à jouer.

"Je n'ai pas vraiment eu le temps de faire connaissance avec les autres joueurs. Nous nous sommes tout de suite retrouvés sur le terrain. Pour moi, ça n'a pas été un problème, car j'aime parler et orienter, et j'arrive bien à analyser le jeu", explique-t-il. "Dans ces moments-là, l'expérience acquise en Europe aide beaucoup. J'ai disputé plus de 60 matches en C1, j'ai joué les demi-finales, mais la Libertadores reste un tournoi particulier. Parfois, vous jouez à très haute altitude, d'autres fois dans des stades tout petits, sous la pression, après avoir voyagé pendant 10 ou 12 heures. C'est une compétition usante. C'est pour ça qu'il est plus dur de la gagner."

L'avantage, dans ce cas, est que Cris semble être né pour ce genre de défis, même s'il n'a encore jamais gagné de titre continental. Lors de ses deux précédentes participations, il avait atteint les quarts de finale avec Corinthians en 1999 et les huitièmes en 2004 avec Cruzeiro. "Avant, on me critiquait, on m'appelait 'la brute', mais maintenant je suis reconnu grâce à ce style", souligne-t-il. "La Libertadores est comme ça. Ce n'est pas un secret que j'adore jouer ce type de compétitions, où il faut du caractère et ne pas avoir peur des contacts physiques. Mes coéquipiers connaissent ma motivation. Elle est contagieuse."

Faits l'un pour l'autre C'est en partie grâce à cette motivation que Grêmio ne s'est pas laissé abattre par la défaite à domicile contre Huachipato, lors de la première journée de la phase de groupes. Ce revers aurait pu secouer les prétentions d'un groupe moins expérimenté. "Les renforts comme Eduardo Vargas, Hernán Barcos ou André Santos ont créé de grosses attentes. Du jour au lendemain, nous sommes devenus la meilleure équipe du monde, sauf que nous n'avions jamais joué ensemble. Nous avons été critiqués, mais nous savions parfaitement que nous aurions besoin de temps pour progresser", analyse-t-il.

C'est sous la pression que Grêmio s'est rendu à Rio de Janeiro pour affronter Fluminense. Grâce à une victoire 3:0, le faux pas de la première journée a été complètement effacé. Selon Cris, ce succès a peut-être marqué un tournant pour l'équipe cette année. "Ça a changé beaucoup de choses. Battre le champion du Brésil sur son terrain, c'est bon pour le moral. Mais il faut rester humble, car les choses ne font que commencer. Mais ce qui est certain, c'est que nous sommes sur la bonne voie."

C'est donc avec une équipe expérimentée et un état d'esprit refait à neuf que Grêmio disputera son troisième match dans cette phase de groupes de la Libertadores, mardi 6 mars contre Caracas à domicile. Si l'on demande au défenseur tricolor à quoi doivent s'attendre les Vénézuéliens, ou n'importe quelle autre équipe en visite à Porto Alegre, il répond sans hésiter : "Dans une compétition comme celle-là, on ne peut pas faire de cadeaux. Il faut savoir intimider quand c'est nécessaire, même si ce n'est pas toujours joli". Cris fait partie de ces joueurs qui se satisferaient d'une victoire 0,5 à 0, si cela était possible. Il est sans doute fait pour jouer la Libertadores.