Toña Is est la première entraîneure étrangère de l’histoire de la Liga mexicaine.
Pachuca est sa nouvelle maison.
Is : "Je veux une équipe affamée de buts et ambitieuse, à mon image."
Quitter son pays pour vivre sur un autre continent, loin de sa maison et de sa famille, le tout en pleine pandémie. Pas de quoi enthousiasmer beaucoup de monde, a priori. Sauf Toña Is. La technicienne a en effet choisi de traverser l'Atlantique, quittant son Espagne natale pour un alléchant projet au Mexique.
"Il fallait que je fasse le grand saut. Depuis mon départ de la fédération espagnole, j’avais reçu des offres, mais j’ai toujours dit que j’accepterais un projet qui me passionne vraiment. Et celui de Pachuca m’a comblée. Nous traversons une période compliquée, mais il fallait que je tente l’aventure, un point c’est tout", indique-t-elle au micro de FIFA.com.
Et la directrice sportive de Pachuca, Eva Espejo, d’ajouter : "Nous avions mené un projet sur quatre ans. C’est toujours bénéfique d’apporter du nouveau. Nous avions passé la période d’adaptation et de structuration. Nous avions besoin de grandir encore et il nous fallait quelqu’un comme Toña pour enclencher cette nouvelle étape."
Toña Is a donc fait ses valises et pris la direction de Pachuca fin 2020. Là-bas, elle a trouvé ce qu’elle cherchait : "Quand l’info est sortie, les gens du milieu du football m’ont dit que j’allais dans un grand club où j’allais disposer d’excellentes conditions de travail, où l’on me donnerait tous les outils nécessaires. Et c’est le cas. Depuis le premier jour, je me sens comme à la maison."
Toña Is avait déjà été en contact avec le football mexicain au plus haut niveau. C’était lors de la finale de la Coupe du Monde Féminine U-17 de la FIFA, Uruguay 2018, où l’Espagne s’était imposée face à la sélection aztèque.
"Je me souviens d’un match très difficile. Une équipe n’arrive pas en finale par hasard. Il y a beaucoup de travail en amont car il faut sortir beaucoup d’équipes en route. Les deux équipes avaient mérité leur place en finale. Ç’a tourné en faveur de l’Espagne, mais le Mexique aurait très bien pu l’emporter aussi," se remémore-t-elle.
Premier objectif : l’ambition
Les semaines passent et le temps de travail s’accumule. Toña Is a une idée très claire en tête : elle veut inculquer sa personnalité à toutes ses joueuses. Une personnalité qui lui a permis de décrocher le titre mondial : "J’essaie de leur transmettre ce que j’ai au fond de moi" confirme-t-elle. "Je suis quelqu’un d'ambitieux, qui est guidé par la victoire. Je veux que mes joueuses soient animées par la même flamme. Nous allons donc travailler pour tirer le meilleur de chacune d’entre elles et emmener l’équipe à la place qui est la sienne."
L’arrivée de la native d’Oviedo à Pachuca a fait beaucoup de bruit. Elle est devenue la première étrangère à exercer en Liga MX Femenil. "Je ne ressens pas de pression au-delà de celle que je m’impose moi-même s’agissant des objectifs. J’ai eu la chance d’être une pionnière en Espagne pour beaucoup de choses et je garde ce statut à l’étranger. En fait, j’ouvre la voie à d’autres collègues," poursuit-elle.
Deuxième objectif : un avenir radieux
Dans le football, les victoires sont le carburant de tous les projets. Les succès se bâtissent grâce à un gros travail entrepris en amont. Consciente de cette réalité, Eva Espejo sait déjà où elle souhaiterait voir les Tuzas dans cinq ans.
"Aujourd’hui, le football féminin au sein du club est en train de se constituer sa propre structure, de se fixer ses propres objectifs. Dans cinq ans, je vois Pachuca avec deux ou trois catégories de jeunes, ce qui fera de lui l’un des plus grands clubs formateurs du Mexique, ce qu’il est déjà dans le football masculin. Je vois aussi Pachuca devenir un gros pourvoyeur de joueuses internationales. Et je prédis aussi un titre dans un avenir assez proche."
Des objectifs avec lesquels Toña Is est parfaitement en phase : "Ce club possède un immense potentiel. Il faut essayer de tirer le meilleur de chaque joueuse. Nous avons beaucoup de jeunes qui n’ont pas encore atteint leur plein potentiel, mais qui possèdent un excellent bagage technique. C’est pour ça que je suis venue ici : pour leur transmettre tout ce que je sais afin que l’équipe continue de grandir."
Les vœux de réussite de la technicienne espagnole ne concernent pas seulement Pachuca, mais aussi la Liga MX Femenil, dont le niveau est encore assez éloigné de celui des grands championnats européens. "Aujourd’hui, on ne peut pas faire la comparaison avec l’Europe. Par exemple, l’Espagne est en avance de plusieurs années par rapport au Mexique, où le championnat n’existe pas depuis longtemps et se limite à des joueuses du cru. On ne peut pas faire la comparaison avec ces championnats où évoluent de nombreuses étrangères de top niveau."
L’ouverture vers l’étranger pourrait se révéler bénéfique. "Cette plus-value qu’apporte l’intégration d’une joueuse étrangère améliore la compétitivité d'une équipe. Cela dit, le niveau est très bon, pour un championnat où n’évoluent que des joueuses locales. Retirez les joueuses étrangères de n’importe quel championnat et vous vous retrouvez avec un championnat décaféiné. Le Mexique a tous les atouts en main pour devenir une grande nation du football féminin dans quelques années," conclut-elle.