Un heureux imprévu pour Pina et Hernández

Elles ont été parmi les dernières à intégrer l'effectif et elles savourent plus que quiconque. "J'ai rejoint le groupe la semaine précédant la publication de la liste pour le Mondial. Nous sommes allées faire un tournoi en République tchèque et ça a été un rêve. Quand ils m'ont dit que j'étais retenue pour la Coupe du Monde, ouf, je n'arrivais pas à y croire." Les paroles de Claudia Pina s'accélèrent quand elle raconte à FIFA.com l'instant où elle a appris qu'elle faisait partie de la Rojita destinée à disputer la Coupe du Monde Féminine U-17 de la FIFA, Jordanie 2016.

Depuis le coup d'envoi de la compétition, l'attaquante s'est par ailleurs affirmée comme l'une des meilleures joueuses de l'Espagne. Plusieurs fois buteuse après être entrée en jeu en phase de groupes, elle a été titularisée en quart de finale contre l'Allemagne, où elle a de nouveau livré une prestation de haute volée. "Pina, quelle grande", ne peut s'empêcher de lâcher la sélectionneuse Maria Is en passant à côté de celle qui est tout simplement la plus jeune joueuse de l'équipe. Elle a à peine 15 ans. Claudia rigole. "Ce groupe est incroyable."

Si pour elle ce fut une surprise de voir son nom sur la liste des sélectionnées pour Jordanie 2016, que dire de ce qui est arrivé à sa coéquipière Oihane Hernández ? La défenseuse de l'Athletic Bilbao, qui avait participé avec Claudia au tournoi préparatoire en République tchèque, n'était pas sur la liste initiale, à tel point qu'elle avait même repris l'école. Jusqu'à ce que tombe la nouvelle…

"J'étais en train de m'entraîner avec mon club. C'est là qu'on est venu me dire qu'une coéquipière, Ana Velázquez, s'était blessée et que j'allais probablement la remplacer pour la Coupe du Monde. Quel choc !" La nouvelle est tombée le dimanche et le lundi, Oihane prenait l'avion pour la Jordanie. "Je ne savais même pas quoi mettre dans ma valise. J'étais obsédée par mes crampons et mes protège-tibias, je n'arrivais pas à penser à autre chose. Heureusement, je n'ai rien oublié." Même pas ses affaires d'école… "Chez moi, je n'avais que les manuels pour les devoirs du week-end. Heureusement, j'ai pu prendre mon ordinateur portable avec moi. Ils m'envoient des e-mails pour que je suive ce qu'ils font au collège."

Elle reconnaît d'un air amusé que ses amis n'arrêtent pas de lui rappeler la chance qu'elle a. "Ils me disent que ce n'est vraiment pas juste que je sois là-bas alors qu'eux doivent aller en classe. Quant à ma mère, à mon départ, elle m'a souhaité bonne chance, mais s'est empressée d'ajouter : 'Et n'oublie pas les devoirs' !". De fait, Ohiane a déjà manqué quelques contrôles surveillés… auxquels elle n'échappera pas à son retour.

Du trac et des rêves Aujourd'hui, l'heure est au travail, au temps passé avec les coéquipières… et aux moments uniques. "Le jour de mes débuts en Coupe du Monde, je ne tenais pas en place. On m'avait dit que j'allais entrer en jeu et j'avais vraiment le trac." Après avoir disputé ses premières minutes dans la compétition contre la Nouvelle-Zélande, elle a été titulaire face au Mexique. "Au début, j'étais nerveuse, mais mes partenaires m'ont encouragée et j'ai réussi à me détendre un peu", raconte-t-elle en souriant. Claudia est passée par les mêmes sensations : "Il y a toujours de la nervosité, mais une fois que l'arbitre a sifflé le coup d'envoi… Avant le match contre l'Allemagne, quand on a donné la composition de l'équipe et que j'ai entendu mon nom, j'ai ressenti une grande joie".

Oihane a vécu quasiment tout le quart de finale sur le banc des remplaçantes. "Ça a été très dur. On souffre beaucoup plus sur le banc, mais quand nous avons mis le deuxième but, nous avons commencé à nous voir en demi-finales." Pina, de son côté, a joué les 90 minutes. Elle s'est battue sur chaque ballon. "Nous avions une énorme motivation contre l'Allemagne."

Et maintenant ? Les deux coéquipières sont conscientes que l'adversaire de l'Espagne en demi-finale n'est pas le premier venu. Tout le contraire même. "Le Japon est un peu l'équipe à battre dans ce tournoi, mais si nous faisons le même match qu'en quart de finale, nous pouvons gagner", estime Oihane. "C'est un match où tout peut arriver. Nous jouerons notre football", affirme Claudia.

Aucune des joueuses espagnoles n'a disputé la finale de la Coupe du Monde U-17 au Costa Rica, en 2014, où les Petites Nadeshiko n'avaient laissé aucune chance à la Rojita (victoire 2:0). "Il va falloir tout donner. Je me vois bien championne du monde", lance Ohiane en souriant, elle qui ne pensait même pas être présente en Jordanie.