Neid : "Le succès ne fait pas tout"
Silvia Neid livre son analyse sur les quatre demi-finalistes
Le Japon favori pour le titre
"Dans les catégories de jeunes, le succès ne fait pas tout"
La biographie de Silvia Neid se confond avec le palmarès de l'Allemagne dans le football féminin. Que ce soit en tant que joueuse, adjointe (aux côtés de Tina Theune) ou sélectionneuse, Neid a participé à la conquête des huit titres de champion d’Europe et des deux titres de champion du monde de la Nationalmannschaft.
En 2016, Neid a mis un terme à son aventure à la tête de la sélection après avoir remporté la médaille d’or du Tournoi Olympique de Football Féminin et son second Prix The Best - Entraîneur de la FIFA pour le football féminin. Aujourd’hui, elle analyse les tendances du football féminin pour lla Fédération allemande de football. Elle livre à FIFA.com ses impressions sur les quatre demi-finalistes de la Coupe du Monde Féminine U-20 de la FIFA 2018.
Quels sont les points forts des quatre demi-finalistes de cette année ? Beaucoup l’ont déjà noté, mais les Anglaises jouent sur un rythme élevé et elles se projettent très vite vers l’avant. Cette équipe se distingue surtout par sa capacité à trouver le bon tempo en phase offensive. De leur côté, le Japon et l’Espagne apparaissent très au point techniquement. Les joueuses sont bien préparées. Elles sont à l’aise balle au pied et repèrent très vite les espaces. Ces qualités leur permettent de passer rapidement les deux premières lignes défensives. Elles possèdent également une capacité intéressante à varier le jeu.
Qu’en est-il de la France ? J’étais dans le stade pour suivre le dernier match de la France. C’est une équipe qui cherche à rester très compacte. En revanche, j’ai le sentiment que ces joueuses ont moins de qualités que les autres demi-finalistes. Je pense que le Japon et l’Espagne iront en finale.
Qui est votre favori ? Si les Japonaises jouent comme elles l’ont fait contre l’Allemagne, elles peuvent aller au bout. Elles ont tellement d’idées et de talent ! Elles cherchent le surnombre sur les ailes, mais sont très flexibles dans leur façon d’occuper les espaces. Je les trouve un tout petit plus complètes que les Espagnoles.
Quelles sont les nouvelles tendances ? Je trouve frappant de constater que tout le monde ou presque est passé à la défense à quatre. Il y a encore quelques années, on trouvait encore des schémas à cinq défenseures. Aujourd’hui, le 4-3-3 est omniprésent. Globalement, les sélections U-20 ressemblent à leurs aînées. Chaque pays a sa philosophie de jeu et on retrouve un thème commun d’une génération à l’autre.
Votre nouveau statut d’observatrice a-t-il changé votre regard sur le jeu après vos nombreuses années sur le banc ? En tant que sélectionneuse, on s’intéresse toujours davantage à son équipe. Quand j’étudiais le jeu de notre prochain adversaire en tournoi, je cherchais toujours une parade. Aujourd’hui, ma façon de voir les choses a un peu changé. Par exemple, quand j’observe une équipe qui presse au milieu de terrain pour se projeter vers l’avant, j’essaie de me demander pourquoi et comment elle a fait ce choix. Je me demande aussi si d’autres équipes ont adopté la même stratégie ou s’il s’agit d’un cas unique. Si c’est la seconde solution, on ne peut pas parler de tendance ! (rires)
Qu’est-ce qui a manqué à l’Allemagne ? Les Japonaises étaient les plus fortes, tout simplement. Les Allemandes ont manqué de créativité en pointe et elles n’ont donc pas pu gagner les duels importants. Mais chez les jeunes, le plus important reste d’identifier quelles joueuses ont les moyens d’intégrer l’équipe nationale. J'en vois déjà une ou deux. Maren Meinert s’est toujours fixé pour objectif d’accompagner un maximum de joueuses vers le très haut niveau. Dans ces catégories d'âge, le succès ne fait pas tout, même si c’est toujours agréable de gagner.