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mercredi 05 août 2020, 09:37

McCall Zerboni, ciel bleu à l'horizon

  • McCall Zerboni est la joueuse la plus âgée à avoir faire ses débuts en équipe nationale des États-Unis

  • Elle a raté de peu une convocation pour la Coupe du Monde Féminine 2019

  • Elle a choisi de sortir de la zone de confort en aidant le Sky Blue à se reconstruire

Pour quelle raison peut-on quitter le club champion national pour aller aider l'une des équipes les moins bien classées du championnat ? McCall Zerboni a la réponse.

"C'est ce que je voulais", explique-t-elle. "Sinon, on s'ennuie dans la vie. On est à l'aise, on s'installe. Moi, je voulais sortir de ma zone de confort, qu'on me pousse, je voulais relever un défi et me voir grandir au sein d'un nouveau groupe."

Après avoir aidé le North Carolina Courage à décrocher deux titres de championnes de NWSL (National Women's Soccer League) aux États-Unis, Zerboni décide en effet de rejoindre le Sky Blue FC, une équipe qui n'a plus pris part aux barrages de la NWSL depuis 2013, pour participer au changement de culture de tout un club.

Quelques mois après son arrivée, Zerboni et ses coéquipières étaient déjà entrées dans l'histoire en atteignant la demi-finale de la NWSL Challenge Cup, la première compétition de sport collectif à être organisée aux États-Unis depuis le début de la pandémie de COVID-19. La preuve que Zerboni exerce une influence positive sur le club.

Des points de vue mental et physique, le fait d'évoluer dans une "bulle" avec des protocoles sanitaires contraignants, mais nécessaires, n'est pas des plus faciles.

"Cela prend du temps de trouver le succès, mais en plus, c'est à huis clos, sans témoin", regrette Zerboni au micro de FIFA.com. "Personne ne saura jamais ce que ça fait d'être dans cette bulle. C'était dur. C'était contraignant. Nos libertés habituelles, nos libertés d'adultes, nos libertés de la vie normale ont été confisquées. Nous n'avions plus le choix sur beaucoup de sujets. Le seul choix qui nous restait à faire, c'était de savoir à qui nous pouvions parler au téléphone chaque jour ou quel café on souhaitait commander. On voyait les mêmes personnes chaque jour. Et ça a duré longtemps."

Instiller un changement de culture

Au cours de la NWSL Challenge Cup, les joueuses avaient l'autorisation de quitter leur hôtel pour une seule raison : se rendre sur le parking pour charger la camionnette et partir à l'entraînement ou au stade pour un match. Heureusement, la compétition se déroulait dans l'Utah, au beau milieu des montagnes.

On a souvent vu Zerboni à la télé ou en photo au milieu de ses coéquipières, en pleine causerie quelques instants avant le coup d'envoi d'un match. Même si elle sait naturellement motiver ses troupes, est-ce que cela a été plus difficile que d'habitude de le faire lors de cette pandémie mondiale ?

"Oui, bien sûr. Il y avait déjà beaucoup de changements dans ma carrière et dans ma vie. Le Sky Blue, c'est une nouvelle équipe. Et moi, j'ai déménagé. Tout était nouveau. J'ai dû mettre les deux pieds sur terre très, très vite pour être suffisamment solide afin de montrer mes qualités de leader, comme à mon habitude. Ce n'est pas mon genre de trouver des excuses. J'ai dû foncer et trouver le moyen d'apporter mes qualités au club."

"Notre équipe est celle qui a dû faire face au plus grand nombre de problèmes cette année car nous venions de la région de New York et du New Jersey, avec énormément de restrictions et de craintes. Tout le monde s'est retrouvé en terres inconnues. À vrai dire, le fait d'avoir pu obtenir les résultats qu'on a enregistrés malgré tous les obstacles devant nous est plutôt incroyable. C'est ce qui me donne hâte d'être à la saison prochaine."

"On s'est vues dans une situation de vulnérabilité, on a découvert notre sensibilité, nos émotions, notre côté brut, ce qui nous a permis de trouver une certaine alchimie. Nous voulions nous battre les unes pour les autres."

Quelle mentalité doit adapter une équipe pour gagner un championnat ? "Il faut savoir affronter la tempête. Danser sous la pluie ensemble... C'est le meilleur moyen que je trouve pour expliquer le succès d'une équipe en championnat."

Le Sky Blue ont sans aucun doute traversé une tempête en demi-finale de la Challenge Cup contre les Chicago Red Stars. Menées 3-0 à une demi-heure de la fin, Zerboni et ses coéquipières ont recollé à 3-2. Si elles ont fini par perdre la rencontre, cette fin de match illustre parfaitement leur mentalité. "Je suis une très mauvaise perdante", raconte la milieu de 33 ans. "Je ne m'en suis pas encore remise (rires). Non, sérieusement, aucune joueuse n'avait honte. Ce n'était pas grave, on croyait en nos méthodes."

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Au service des autres

Ténacité et persévérance servent souvent à décrire Zerboni qui a grandement bénéficié d'avoir évolué au sein d'équipes qui ont la culture de la gagne. Mais attention, Zerboni ne se contente pas de motiver ses camarades. Son intelligence footballistique et son sens tactique pourrait bien la voir devenir entraîneur.

"Je ne pense pas que les supporters me voient comme une footballeuse de génie", estime la joueuse. "J'imagine qu'ils pensent que je peux me concentrer sur seule une chose, mais en fait, je réfléchis beaucoup. Sur le terrain, mais aussi en dehors. Je suis toujours en train d'analyser et de penser."

Si son poste de prédilection est celui de sentinelle, elle avoue avoir accepté, à sa plus grande frustration, le poste de n°10 tout au long de la Challenge Cup parce que l'équipe en avait besoin. "J'aime dicter le tempo, organiser le jeu, mais aussi faire le ménage derrière."

"Je sais que je n'aimerais pas jouer au foot chez les jeunes, je suis trop professionnelle et intense pour ça (rires). J'aimerais redonner au football féminin et peut-être devenir entraîneur adjointe et travailler avec un entraîneur que je respecte dans le championnat."

"J'ai connu beaucoup de déboires dans ma jeunesse, j'ai eu une vie de famille difficile. C'est certain que la persévérance et le fait d'apprendre à me battre et de savoir que personne n'allait rien me donner sans effort m'a construite. Je vois mon métier et mon sport de la même manière : je vais me battre sur le terrain pour toi. Je n'ai pas peur d'aller tacler parce que c'est ce dont l'équipe a besoin. Je suis au service des autres, c'est ma mentalité. Je suis une compétitrice. Je n'ai jamais peur de rien. La peur limite tes capacités sur le terrain. J'aime donner aux autres. J'aime voir les autres connaître le succès."

Elle puise sa confiance dans une préparation impeccable et dans les choix qu'elle fait. "Les jours de match, je me dis : 'Je n'aurais pas pu faire plus. Allons-y !' Je veux aller sur le terrain et jouer."

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Cet article s'inscrit dans notre série 'Les femmes dans le football' qui propose de découvrir certaines des protagonistes du football féminin. Prochain volet : Abiha Haider, la milieu de terrain de l'équipe nationale du Pakistan.