vendredi 30 novembre 2018, 08:20

Lineker, toujours en pleine lumière

A l'occasion de l'anniversaire de Gary Lineker le 30 novembre, FIFA.com revient sur la carrière du légendaire buteur anglais.

Aujourd'hui encore, beaucoup de supporters considèrent Gary Lineker comme le plus grand buteur de l'histoire de la sélection anglaise. Avec 48 buts en 80 matches en équipe d'Angleterre, dont une incroyable série de dix réalisations en 12 apparitions en Coupe du Monde de la FIFA (1986 et 1990), les chiffres plaident en faveur de l'ancien attaquant de Tottenham.

Soulier d'or adidas de Mexique 1986, Gary Lineker a reçu le Trophée du Fair-play de la FIFA quatre ans plus tard, en hommage à son éblouissante carrière. En effet, Lineker n'a jamais reçu le moindre avertissement en 568 matches disputés chez les professionnels. Après avoir raccroché les crampons, Lineker s'est lancé avec succès dans une carrière d'animateur télé. Il présente désormais les programmes de la BBC consacrés au football et au golf. Dans un entretien accordé il y a quelques années à FIFA.com, il se penche sur les souvenirs qui lui restent de ses deux participations à la Coupe du Monde de la FIFA.

Souvenirs, souvenirs


Lineker arrive au Mexique précédé d'une réputation de buteur en série. Il faut dire que l'attaquant d'Everton vient de boucler la saison 1985/86 sur un bilan flatteur de 38 buts en 52 matches. Malgré la réussite exceptionnelle de leur atout offensif numéro un, les Toffees ont terminé la saison les mains vides, le grand rival Liverpool ayant une fois de plus tout raflé en Angleterre. De son côté, la sélection anglaise peine à rentrer dans le tournoi : après avoir été tenue en échec par le Maroc, elle s'incline face au Portugal. Il faut attendre le match contre la Pologne pour voir Lineker trouver enfin ses marques et réussir un triplé en l'espace de 25 minutes.

Auteur d'un doublé en huitième de finale face au Paraguay (2-1), Lineker inscrira son sixième et dernier but du Tournoi à l'occasion de la fameuse défaite (1-2) concédée face à l'Argentine au tour suivant. Evidemment, lorsque les passionnés de football repensent au match du 22 juin 1986 à l'Azteca, le but de l'attaquant anglais n'est généralement pas le premier qui leur vient à l'esprit. On évoque plus volontiers le doublé de Diego Maradona, la fameuse "Main de Dieu" et son incroyable slalom au milieu de la défense adverse. Pourtant, Lineker assure ne nourrir aucune rancune vis-à-vis du génie argentin. La raison en est simple : le match qu'il regrette le plus n'est pas le quart de finale de Mexique 1986, mais la demi-finale d'Italie 1990, perdue aux tirs au but face à la R.F.A.

"Je pense que le coup du chapeau contre la Pologne en 1986 restera comme mon plus beau moment en Coupe du Monde", explique-t-il au micro de FIFA.com. "En eux-mêmes, les buts n'étaient pas exceptionnels. En fait, je crois que je n'ai jamais marqué un but exceptionnel dans toute ma carrière ! Je sortais d'une bonne saison avec Everton, mais je n'avais plus marqué depuis cinq ou six matches avec l'Angleterre. La pression commençait à se faire sentir avec le début de la Coupe du Monde. Sur le plan personnel, le match contre la Pologne a changé beaucoup de choses. J'ai retrouvé mon efficacité devant le but, j'ai terminé Soulier d'or et j'ai finalement été contacté par Barcelone. On peut dire que sur un match, mon destin a basculé."

"La Coupe du Monde est un tournoi à part. C'est le plus haut niveau qui soit. D'un seul coup, vous vous retrouvez sous les projecteurs, mais c'est aussi l'occasion pour chacun de se mesurer aux meilleurs joueurs de la planète. L'Azteca est vraiment un stade fantastique et l'ambiance y est extraordinaire. C'est une chance de pouvoir jouer dans une telle enceinte. Par contre, le terrain était minable ! La pelouse avait été entièrement refaite juste avant le début de la compétition et il y avait des mottes de terre un peu partout. A chaque fois qu'on faisait un pas, on avait l'impression que tout le terrain se mettait à bouger. Dans de telles conditions, le but de Maradona paraît encore plus invraisemblable. Je parle du deuxième, évidemment, pas de celui qu'il a boxé !"

"Mon seul regret est la demi-finale disputée quatre ans plus tard. Nous avions vraiment progressé et je crois qu'à cette époque, nous avions les moyens de remporter ce titre. En 1986, nous ne faisions sans doute pas partie des meilleurs. En revanche, en 1990, nous aurions pu battre n'importe qui. Nous avons été incroyablement malchanceux en demi-finale. Mon seul regret, c'est que nous ayons perdu cette séance de tirs au but."

Ah, les tirs au but ! Tout le monde connaît la fameuse formule de Gary Lineker : "Le football est un jeu très simple : 22 joueurs courent après un ballon pendant 90 minutes et à la fin, c'est l'Allemagne qui gagne". Le 4 juillet 1990 à Turin, les Anglais ont sans doute eu l'impression que le ciel leur tombait sur la tête en voyant la tentative de Chris Waddle partir loin au-dessus de la transversale. A l'issue de cette impitoyable séance, la R.F.A. obtient son billet pour un match revanche contre l'Argentine. Malgré ce sentiment d'injustice, Lineker est le premier à reconnaître que l'Angleterre avait déjà eu de la chance d'accéder en demi-finale, après avoir commis l'erreur de sous-estimer le Cameroun au tour précédent.

"Les Allemands étaient très forts mentalement. Ils ne lâchaient jamais et ils ont eu ce petit coup de pouce du destin qui a fait la différence. Il faut quand même reconnaître qu'ils ont produit énormément de grands joueurs. En revanche, nous avons été très surpris en rencontrant le Cameroun. Je me souviens d'une réunion au cours de laquelle un des observateurs dépêchés par Bobby Robson nous avait dit que nous étions pratiquement déjà qualifiés pour la demi-finale. Les Camerounais ont fait un grand match contre nous et nous avons vraiment eu de la chance de nous en tirer. Heureusement, ils n'étaient pas très au point défensivement. C'est ce qui nous a permis de revenir. Mais quand ils avaient le ballon, ils réussissaient des choses étonnantes."

"Ce fut vraiment difficile de repartir d'Italie sans le trophée. J'y repense souvent. Nous étions si près de devenir la première équipe anglaise à gagner la Coupe du Monde hors de nos frontières. Cela aurait été un événement. D'un autre côté, si quelqu'un était venu me voir au début de ma carrière pour me dire que j'allais jouer un quart de finale et une demi-finale de Coupe du Monde et que je marquerais autant de buts, je ne l'aurais pas cru ! Mais, que voulez-vous, on n'est jamais satisfait de ce que l'on a..."

Pour en arriver là...

Après avoir mis un terme à sa carrière de joueur, Lineker s'est tourné vers les médias. Rien d'étonnant à cela quand on sait que son surnom au sein de l'équipe d'Angleterre était "Des Junior", en référence au célèbre présentateur de la BBC, Des Lynam. Un sobriquet qui allait s'avérer prophétique, puisque Lineker anime aujourd'hui "Match of the Day", la grande émission du samedi soir consacrée au football, laquelle fut présentée par Lynam entre 1988 et 1999.

"C'est Waddle qui avait trouvé ça en 1986", se souvient Lineker. "J'étais toujours au milieu des journalistes et des gens de la télévision, car je m'intéressais déjà beaucoup à ce métier. J'essayais d'en apprendre le plus possible, histoire de me constituer une petite expérience. Ce n'est pas si terrible comme surnom, si ? Pour être franc, je n'ai jamais eu envie de devenir entraîneur. C'est un métier vraiment très difficile. C'est amusant, parce que la plupart de mes anciens coéquipiers entraînent aujourd'hui. Ils souffrent beaucoup de la pression, mais il faut dire que c'est une tâche ingrate. Il y a les supporters qui pensent toujours qu'ils pourraient faire mieux, les joueurs qui ne sont pas contents, les exigences des présidents et des agents... Il faut être disponible 24 heures sur 24 et, à la fin, 99,9 % d'entre eux se font quand même virer un jour ou l'autre."

Mais Gary Lineker ne se contente évidemment pas de sa carrière de journaliste. L'ancien international anglais a fait quelques apparitions dans un film et dans une pièce de théâtre, a donné son nom à une marque de chips et travaille régulièrement pour des associations de bienfaisance. Pourtant, c'est sa décision de participer aux émissions de la BBC sur le golf qui a certainement le plus surpris. Lineker, qui fréquente assidûment les greens assure cependant qu'il n'aime rien tant que d'être mis en danger à l'antenne.

"Je suis toujours les grands tournois", explique-t-il. "La seule chose qui me dérange, c'est que je manque les derniers trous quand je dois aller interviewer les joueurs. J'aimerais bien pouvoir suivre le dénouement. En fait, je crois que je suis davantage un passionné qu'un présentateur !"

Gary Lineker

Poste : attaquant

Clubs : Leicester City (1978-1985), Everton (1985-1986), Barcelone (1986-1989), Tottenham Hotspur (1989-1992), Nagoya Grampus Eight (1992-1994)

Palmarès : Soulier d'or adidas (Coupe du Monde de la FIFA, Mexique 1986), Trophée du Fair-play de la FIFA (1990), Coupe du Roi (1988), Coupe de l'UEFA (1989), Coupe d'Angleterre (1991), trois titres de meilleur buteur du Championnat d'Angleterre (1985, 1986, 1990)