Si tous les regards étaient tournés vers Lisbonne, ce week-end, où se disputait la finale de la Ligue des champions de l’UEFA entre le Bayern Munich et le Paris Saint-Germain, une autre rencontre déclenchait parallèlement les passions sur un archipel de 88 0000 habitants, dans l'Océan Indien au large de l’Afrique…

Affiche de l’alléchante finale de la Coupe des Seychelles, le Foresters FC, auréolé de son premier sacre de champion quelques jours plus tôt, affrontait, ce 22 août, le Côte d’Or FC, champion sortant. Et le match a tenu toutes ses promesses puisque les Verts de Foresters l’ont emporté 4-2 après avoir pourtant été menés au score.

"On a réalisé le doublé. C’est historique, c’est génial. On est d’autant plus fiers que la saison a été longue et compliquée avec ce Coronavirus. Elle a été interrompue pas moins de quatre mois", explique Jean Tigana Hajatiana, capitaine malgache du club champion, au micro de FIFA.com. "Hélas, nous n’avons pas pu célébrer ces titres comme il se doit, avec nos supporters, à cause du virus. Mais nous avons au moins pu leur apporter de la joie !"

Créé en 1979, le championnat des Seychelles met aux prises dix participants en Division 1. Il existe une deuxième et une troisième division, composées respectivement de huit et dix clubs. Le club le plus titré des Seychelles est Saint Louis FC (14).

Ainsi, elles ont beau être situées au milieu de l’océan et sembler être coupées du monde, les Seychelles sont comme partout ailleurs handicapées par le Covid-19. Mais comme toutes les autres nations de la planète, elles sont aussi gagnées par la fièvre du football. "Je sais combien les gens sont passionnés par le ballon rond en Europe, mais le football est aussi très populaire ici", confirme Tigana. "Il y a aussi le volleyball, et la natation. Des sports qu’on aime pratiquer à la plage évidemment !"

Les plages seychelloises, parlons-en. Lorsque l’on évoque l’île, des images d’étendues de sable blanc et de mer turquoise viennent immédiatement à l’esprit. Cet archipel constitué de 155 îles, situé dans l’Océan Indien, au nord de Madagascar et au sud-est des Maldives, est un véritable paradis. "Les plages ont la réputation d’être les plus belles du monde. Je connais bien celles de Madagascar, et elles sont magnifiques. Mais j’avoue que sur cet aspect, les Seychelles les battent", souligne l’international malgache (2 sélections). "Mais Madagascar est meilleur en football !"

Sur ce point, les Pirates souffrent il est vrai de la comparaison avec l’île voisine. Car si Madagascar est toujours en course dans les qualifications pour la Coupe du Monde de la FIFA, Qatar 2022 après avoir participé à la dernière Coupe d’Afrique des Nations de la CAF, les Seychelles, elles, ont un C.V. quasiment vierge, où ne figurent qu’un un titre décroché en 2011 aux Jeux des îles de l’Océan Indien, suite à des succès face aux Maldives, à Maurice et à la Réunion.

Un Seychellois a déjà pris part à une Coupe du Monde de la FIFA : il s’agit d'Eddy Maillet qui a arbitré plusieurs rencontres lors de la Coupe du Monde de la FIFA, Afrique du Sud 2010

Les Seychelles ont décroché un match nul lors de leur toute première rencontre qualificative pour la Coupe du Monde de la FIFA™, sur la route de République de Corée/Japon 2002. Elles ont récidivé quatre ans plus tard, face à la Zambie, mais courent toujours après leur premier succès. "Cela fait dix ans que je suis ici, et je peux assurer que le talent ne manque pas chez les Seychellois. Ce qui fait défaut ici, ce sont les infrastructures, la formation, les équipements…" constate Tigana.

La sélection seychelloise en paye le prix fort : elle est aujourd’hui 202ème dans la hiérarchie mondiale et éliminée des courses à la qualification pour Qatar 2022 (battue 10-0 par le Rwanda sur l’ensemble des deux matches) et pour la CAN 2021 (battue par le Soudan du Sud 3-1 sur l’ensemble des deux matches). Mais visiblement tout cela n’altère pas l’amour que les Seychellois gardent pour le ballon rond.

Cet article s’inscrit dans la série "The Global Game", qui met en lumière le football qui se joue habituellement loin des feux des projecteurs.