samedi 02 janvier 2021, 08:19

Les sept merveilles de Boli

À l'occasion de l'anniversaire de Basile Boli le 2 janvier, FIFA.com vous propose de retrouver l'interview qu'il nous avait accordée en 2016 pour revenir sur les plus beaux moments de sa carrière.

En 15 ans de carrière et 45 sélections avec la France, Basile Boli s'est frotté aux plus grands joueurs de son époque. Celui qui est revenu à l'OM cette saison en tant qu'ambassadeur du club a accepté, pour FIFA.com, d'évoquer quelques-uns des grands attaquants qui ont pimenté sa vie de défenseur.

"Un jour, Bernard Tapie a demandé à Jean-Pierre Papin quel défenseur lui avait posé le plus de problèmes. Papin a répondu 'Basile Boli'. L'année d'après, Tapie a pris Boli à Marseille", raconte Enzo Scifo dans un entretien à paraître sur FIFA.com. "Indiscutablement, il est le défenseur qui m'a le plus impressionné pendant ma carrière", confirme d'ailleurs le maestro belge.

De fait, dans les années 1980/90, Papin et Scifo n'étaient pas les seuls à redouter de se mesurer à ce monumental défenseur, qui a envoyé l'Olympique de Marseille au nirvana d'un coup de tête victorieux contre l'AC Milan en finale de la Ligue des champions de l'UEFA 1993, deux ans après avoir pleuré au même stade face à l'Étoile Rouge de Belgrade.

En 15 ans de carrière et 45 sélections avec la France, Boli s'est frotté aux plus grands joueurs de son époque. Celui qui est revenu à l'OM cette saison en tant qu'ambassadeur du club a accepté, pour FIFA.com, de rebondir sur l'hommage de Scifo en évoquant quelques-uns des grands attaquants qui ont pimenté sa vie de garde du corps.

Marco Van Basten : gentleman-tueurJe l'ai affronté deux fois, avec la sélection et avec l'OM. Malheureusement, c'est moi qui ai arrêté sa carrière le jour de la finale de la Coupe d'Europe. J'ai mis une semelle sur sa cheville qui était déjà morte, et voilà… On a quand même échangé les maillots en fin de match. Ce qui est marrant, c'est qu'un jour on s'est rencontré à Monaco et il m'a présenté sa femme qui a dit "ah, c'est lui Boli alors ?". J'ai donc été l'objet d'une conversation au moins une fois ! (rires). Pour moi c'est l'un des joueurs les plus complets que j'ai rencontrés dans ma carrière. Il était extrêmement technique, très dur au mal, il donnait des coups… Il n'avait peur de rien ! C'était un gentleman et un tueur.

Romario : même pas malC'est un duel que j'ai gagné (26 août 1992, amical France 0:2 Brésil). Il n'était pas physique et voulait tout le temps être dans le un contre un. C'était un pari pour moi parce que mes frères étaient pour le Brésil et me chambraient, alors j'avais à coeur de le bouffer. Romario, je connaissais ses qualités. Il n'est pas très grand et il n'allait pas me créer de problèmes de la tête, mais il était plutôt dans l'anticipation et la vitesse. Je lui ai laissé de l'espace parce que j'étais plus vif que lui, et je lui passais devant en faisant parler ma vitesse plutôt que mes qualités physiques. Il ne fallait surtout pas que je le touche pour ne pas faire faute. Bebeto l'a remplacé en deuxième mi-temps, et il avait à peu près les mêmes caractéristiques.

Martin Dahlin : retour de bâton Au championnat d'Europe de 1992, nous avions joué contre la Suède et je l'avais complètement muselé. C'était le match d'ouverture contre le pays hôte (1:1), et j'avais fait un grand match. Nous avons échangé nos maillots à la fin et je me souviens d'une poignée de main musclée. Nous nous sommes affrontés à nouveau quelques mois plus tard au Parc des Princes (28 avril 1993, éliminatoires de la Coupe du Monde de la FIFA, victoire 2:1 des Bleus), et c'est lui qui m'a bouffé ! Il a pris sa revanche. C'était un gars solide, très physique, et il avait bien étudié mon jeu et me bloquait à chaque fois. Laurent Blanc m'avait dit à l'époque : "Je ne t'ai jamais vu souffrir, mais là, tu as souffert".

Jean-Pierre Papin : meilleur ennemiPapin, c'est un peu particulier parce qu'il était très physique et très athlétique, mine de rien. Très rapide aussi. Il ne fallait pas lui laisser trois mètres, sinon c'était but. Il était extrêmement spontané, très fort sur les volées, sur les centres, les courses en diagonale… Il fallait à tout prix l'empêcher d'être en situation de tir, parce qu'il était capable de tirer dans toutes les positions. Quand on était ensemble à l'OM, c'est lui qui m'a appris à frapper dans le ballon. Pendant deux ans, on continuait après l'entraînement pendant une heure et demie, à frapper et frapper encore, au coeur de la balle. Il m'a appris ça. Pour moi, c'était un régal de l'avoir comme coéquipier ou comme adversaire. C'était l'un des tous meilleurs des années 90. Il a marqué l'histoire de l'OM et a été Ballon d'Or ensuite.

Eric Cantona : cauchemar du KingJe le connaissais tellement bien qu'il avait horreur de jouer contre moi, même à l'entraînement. Moi je ne voulais pas faire les duels avec Papin, je préférais jouer contre Eric, et lui ne voulait pas ! C'était l'un des joueurs les plus techniques de sa génération. Il avait la taille de Van Basten et la technique de Zidane. Il répondait aussi au défi physique. C'était le genre d'attaquant que tu pouvais déstabiliser avec la provoc, mais moi je n'étais pas trop là dedans. Je l'ai affronté quelques fois, et ça s'est plutôt bien passé pour moi. Je me souviens que quand on jouait ensemble en équipe de jeunes à Auxerre, il me disait "je m'occupe de devant et toi tu t'occupes de derrière". Et il marquait trois buts à chaque fois. C'était génial !

Georges Weah : garde rapprochéeÀ chaque fois qu'on jouait contre Monaco ou Paris, tout le monde défendait en zone, mais moi j'étais au marquage sur lui. Il n'a jamais marqué contre moi, donc Raymond Goethals me disait à chaque fois : "tu t'occupes de Georges Weah". C'était toujours très physique, lui aussi était un sacré guerrier. Je me souviens d'un match contre le PSG ou Marcel Desailly était sorti sur lui à ma place et avait pris un coup sur la lèvre. Marcel l'avait attrapé par le cou et je suis arrivé en vitesse pour m'interposer. Georges m'a alors dit "Basile, laisse le moi 30 secondes, je vais le tuer !". Il avait des larmes de rage dans les yeux, et je pense que si je l'avais laissé ce jour-là, Marcel aurait fini à l'hôpital (rires).

Jürgen Klinsmann : le coup de la peurAh, Jürgen ! (rires) Je l'ai affronté avec Marseille contre l'Inter Milan, puis contre Monaco et en sélection. Il faisait des appels de tous les côtés, avec une tonicité physique exceptionnelle. Le seul truc, c'est qu'il avait un peu peur, donc il cherchait à donner des coups avant d'en prendre, et ça faisait mal. Ça a été très chaud, mais c'était le type d'attaquant qui m'allait très bien parce qu'il y avait un vrai combat physique.

Votre opinion ! Quels souvenirs gardez-vous de la carrière de Basile Boli ?