jeudi 17 août 2023, 00:00

Le football féminin prend son envol au Liban

Il y a cinq ans, la star du football libanais Sahar Dbouk, en collaboration avec l'ancienne joueuse internationale Sarah Awally, mettait la touche finale à la création de la première académie féminine du sud du Liban. C'est à environ 80 kilomètres de Beyrouth, la capitale libanaise, que le Super Girls FC a vu le jour.

Auparavant, Dbouk devait se rendre tous les deux jours dans le sud du Liban pour s'entraîner à Beyrouth avec le Sadaka SC (qu'elle a rejoint en 2009). Les difficultés qu'elle a elle-même rencontrées en tant que joueuse l'ont motivée à aider une nouvelle génération de filles à jouer, créant ainsi la première académie de la région.

Le rêve de Sahar est passé d'une petite idée impliquant cinq filles au départ à une académie professionnelle qui compte aujourd'hui plus de 50 filles âgées de 4 à 12 ans. Ici, les Super Girls jouent un rôle important en changeant la perception du football féminin.

"L'opinion générale dans notre région est que le football n'est pas fait pour les filles. Depuis la création de l'académie, nous avons progressivement changé cette perception", explique l'intéressée au micro de FIFA.com.

"Nous avons commencé à proposer des activités de football pour les filles dans la région, en encourageant les filles et leurs familles à se joindre à nous. L'objectif est de développer les compétences des filles et de les mettre sur la bonne voie. L'équipe dispose également d'un encadrement mental, qui joue un rôle important en aidant les filles à surmonter les pressions qu'elles peuvent subir."

Super Girls FC training

Des soutiens et de l'espoir

La création des Super Girls a coïncidé avec la détérioration de la situation économique au Liban en 2019. Cependant, malgré ces difficultés, Dbouk pense qu'il y a de l'espoir pour la croissance continue du football féminin.

"Nous ne désespérons pas. Nous avons reçu le soutien de la municipalité et de FINUL, qui a offert un bus spécial à l'équipe pour transporter toutes les joueuses à l'entraînement afin de les motiver à continuer à jouer", explique-t-elle. "Notre prochain objectif sera d'avoir notre propre terrain d'entraînement. Pour l'heure, nous partageons un terrain avec des clubs masculins de la région et, pour l'instant, nous ne pouvons nous entraîner que deux fois par semaine."

"La FINUL nous a également fourni beaucoup de matériel de football et d'équipement médical. L'impact de l'équipe a été considérable au sein de la communauté, car nous travaillons également avec nos filles pour développer leurs aptitudes à la vie quotidienne."

Faire tomber des barrières

Outre le rôle d'entraîneure de Dbouk, la directrice du club, Sarah Awally, joue un rôle important dans l'académie. "Si l'on compare la situation actuelle à celle d'il y a cinq ans, il y a une grande différence", affirme cette dernière.

"Nous avons fait tomber beaucoup de barrières. L'équipe, par exemple, compte de nombreuses joueuses portant le hijab. De plus en plus de familles encouragent leurs filles à jouer au football, et les écoles ont un rôle important à jouer en travaillant avec nous pour développer les talents existants. Il était important d'avoir une équipe de filles dans la région."

Coach Sahar Dbouk gives instructions for girls

Parmi les talents les plus remarquables de l'académie, on trouve la gardienne de but Lynn Mughniyeh, 11 ans, qui est actuellement la plus jeune joueuse du club : "C'est génial de jouer au football pour Super Girls, et les filles plus âgées nous soutiennent beaucoup", dit-elle.

Dbouk a mené l'équipe libanaise des moins de 16 ans à la victoire lors du Championnat d'Asie de l'Ouest 2023 au début de l'année. En cinq ans, son club est devenu un véritable réservoir de talents pour les équipes nationales féminines du Liban.

Cap sur la Coupe du Monde

Bien que l'équipe nationale féminine libanaise n'ait jamais participé à la Coupe du Monde de la FIFA, Dbouk estime que le rêve devient de moins en moins farfelu.

"Nous sommes sur la bonne voie. Les équipes libanaises font partie des meilleures équipes féminines d'Asie occidentale et si nous continuons à travailler au niveau local, le rêve d'une participation à la Coupe du Monde Féminine de la FIFA n'est pas impossible," lance-t-elle.

Même son de cloche du côté d'Awally : "Tous les clubs, académies et écoles développent actuellement le football féminin. La participation du Maroc à la première Coupe du Monde Féminine de la FIFA est une source d'inspiration" souligne-t-elle.

Et de conclure : "Si nous continuons à travailler sur nos équipes U-17 et U-19, je suis convaincue que nous nous qualifierons pour une prochaine Coupe du Monde Féminine."

Coach Sahar Dbouk gives instructions for girls