L’Irak est la dernière nation à avoir intégré le Classement Mondial Féminin FIFA/Coca-Cola
Le pays a entrepris de gros efforts pour développer la discipline
FIFA Forward a pris part au processus
En juillet dernier, le football féminin irakien entrait dans une nouvelle ère. Organisé avec le soutien du programme FIFA Forward, un tournoi de futsal réunissant 140 joueuses réparties dans dix équipes, battait son plein dans la ville de Duhok. Mais cette compétition historique n’était qu’une étape dans la stratégie globale de la Fédération Irakienne de Football (IFA) visant à accroître la participation des femmes et à donner aux filles des différentes régions du pays la possibilité de jouer au football.
"Nous avons commencé par le futsal, mais notre objectif est de créer des passerelles pour que les femmes puissent, à terme, passer au football à 11", avait annoncé Dr. Rasha Talib, membre du bureau exécutif de la Fédération Irakienne de Football (IFA). Un an plus tard, le but a été atteint. Comme un symbole, l’Irak a intégré le Classement Mondial Féminin FIFA/Coca-Cola en mars dernier.
"L'entrée de l'Irak au 172e rang de ce classement a été un évènement important. C’est une preuve tangible des progrès réalisés par le football féminin dans notre pays", explique Sarah Sahebkran, attaquante de la sélection. "L'Irak a trouvé sa place sur l’échiquier du football féminin mondial. Ce classement lui donne plus de visibilité et de reconnaissance au niveau international et local."
"Cela va motiver les gens à nous soutenir, et encourager encore plus de filles et de femmes à jouer au football", poursuit-elle. "Cela pourrait également permettre de multiplier les occasions de participer à des rencontres internationales, de progresser, et de converger un peu plus vers l'égalité hommes-femmes dans le domaine du sport et du football en particulier."
Nous sommes déterminés à prendre un nouveau départ et avons commencé à mettre en œuvre des plans et des stratégies soigneusement élaborés pour faire progresser le football féminin
En tout cas, la Fédération Irakienne de Football n’a pas ménagé ses efforts pour développer la discipline. Elle a notamment été à l’origine de la création de multiples championnats dans toutes les catégories d’âge. "Tout au long de cette transition, nous avons mis en place un système de contrôle électronique pour gérer les compétitions à chaque étape", explique Dr. Rasha Talib. "Ce système a permis d'assurer le respect des règlements impliquant à la fois les clubs participants, les joueuses, la fédération et les arbitres."
Parce qu’elles n’étaient pas si nombreuses à vouloir ou simplement pouvoir pratiquer le football, par manque d’infrastructures, ou encore pour des raisons logistiques, le futsal a longtemps servi d’alternative pour les Irakiennes. Elles sont d’ailleurs quelques-unes à être internationales dans les deux disciplines. Si des passerelles existent et continueront à exister, la fédération ne compte pas pour autant mettre ses oeufs dans le même panier.
"Le futsal et le football à 11 diffèrent considérablement sur de nombreux aspects, et ne partagent que quelques similitudes. Notre plan stratégique actuel vise à distinguer les joueuses de futsal des joueuses de football à 11 à tous les niveaux, y compris les ligues locales et les équipes nationales", confirme Dr. Rasha Talib.
"En élargissant la base de joueuses, nous avons l’ambition de créer un solide réservoir de talents capables de bien figurer dans les équipes nationales dans les deux disciplines. Cette approche garantit un développement spécialisé et l'excellence dans chaque catégorie", ajoute-elle.
L’envie et le potentiel sont là. Sarah Sahebkran en est le meilleur exemple. Talentueuse et animée par une irrépressible ambition de jouer au football, la néo-internationale avait dû quitter, il y a quelques années, le pays où elle a grandi, par manque de perspectives. Pour se donner les moyens de vivre pleinement sa passion, elle est partie en Espagne, au Club Deportivo El Campello, un club amateur où elle évolue aujourd’hui. Le football féminin ayant enfin pris son essor en Irak, elle est, pour ainsi dire, de retour, prête à défendre les couleurs de son pays.
"J'ai été appelée en sélection en janvier 2024 pour participer au tournoi WAFF à Jeddah, en Arabie Saoudite. Cela a été une grande fierté de pouvoir représenter mon pays en jouant ainsi pour l'équipe nationale. Mais je m’emploie aussi à porter haut les couleurs de mon pays lorsque j’évolue en Espagne", précise-t-elle. "Cela fait maintenant 15 ans que je joue au football et j'ai hâte de découvrir les opportunités que le futur me réserve !"
Et elle le voit radieux : "Je pense avoir un bel avenir dans le football. Je compte bien continuer à participer à des tournois avec l'équipe nationale, améliorer nos performances sur la scène internationale, et gagner les coeurs de nos supporters", lance-t-elle, bien décidée à mettre l’expérience qu’elle est en train d’acquérir en Espagne, au service de sa sélection.
De son côté, la fédération irakienne s’attelle à ce que ses joueuses n’aient plus à s’envoler en Espagne ou ailleurs pour vivre leur passion pour le football. En plus de la création de championnats, la fédération compte "créer des forums et des académies pour promouvoir le football dans toutes les régions du pays, et élargir le réservoir de joueuses", affirme Dr. Rasha Talib. "Cette initiative s'attaque au problème crucial de la pénurie de joueuses. Le but est, à terme, de fournir des talents aux équipes nationales dans toutes les tranches d'âge, y compris l'équipe senior."
L’Irak vient d’intégrer Classement Mondial Féminin FIFA/Coca-Cola, gageons qu’il s’y installera durablement.