La Canadienne Sophie Schmidt s’est réveillée ce vendredi 12 août, à São Paulo, très loin de sa ville natale de Winnipeg, avec le genre de pressentiment qui peut rendre une journée aussi glorieuse qu’angoissante. Au petit déjeuner, elle n’a pas hésité à partager avec sa tablée ce sentiment étrange, faisant fi de l’éventuelle pression qu’il pourrait générer avant le choc contre la France, comptant pour les quarts de finale du Tournoi Olympique de Football féminin, Rio 2016.
"Je le sentais dès le réveil et j’ai dit à tout le monde que j’allais marquer", confie la milieu de terrain à FIFA.com, l’une des plus chevronnées de l’équipe, avec 130 matches en tant que titulaire. Et elle a tenu parole ! Car c’est grâce à sa réalisation, la seule du match, que les Canadiennes ont triomphé 1:0 dans l’Arena Corinthians. "C’est un peu fou. Comment c’est arrivé ? Je n’en sais rien, mais je le sentais dans mon for intérieur. Mes coéquipières m’ont demandé si ce serait un super but ou alors un but un peu moche. Je leur ai répondu que ça ne changeait rien. Tout ce que je savais, c’est que j’allais marquer."
Sa prophétie s’est finalement réalisée avec la manière, grâce à la contribution spéciale de Janine Beckie. L’attaquante s’est envolée côté gauche, a éliminé son adversaire directe et placé un centre parfait pour Schmidt , qui n’a eu qu’à ouvrir son pied pour faire trembler les filets. "C’était comme dans un rêve, un de ces buts qu’on imagine pendant son sommeil et qui devient réalité", affirme l’intéressée, qui permet ainsi à son pays de se mêler à la lutte pour les médailles comme à Londres 2012, où il avait arraché le bronze. "C’est probablement le but le plus important de ma carrière."
On pourrait toutefois nuancer le côté invraisemblable de cette prédiction en rappelant qu’il s’agit de l’une des meilleures réalisatrices de l’histoire du Canada. Mais le rôle de la joueuse de 28 ans a considérablement évolué depuis le début de l’épreuve, puisqu’elle a dû s’adapter au jeu proposé par son équipe. On l’a même vue reculer plus que d’habitude et prendre part aux tâches défensives. "On a affronté des équipes qui jouent plus haut que nous, donc il faut trouver la parade derrière. Sophie descend souvent prêter main forte à ses coéquipières pour consolider le bloc-équipe", explique le sélectionneur John Herdman à FIFA.com. "Quand on a la balle, elle joue son jeu normalement, mais dès qu’on la perd, on lui demande de se replacer et de travailler pour l’équipe. Elle a bien accepté cette idée et ça donne de bons résultats."
Moins de pression et belle impression Lors de ses quatre premières sorties, le Canada a proposé un bloc très compact, avec des lignes rapprochées qui savent réduire les espaces. C’est grâce à cela qu'il n’a encaissé que deux buts depuis le début de la compétition, soit la deuxième meilleure défense parmi les quatre demi-finalistes, derrière le Brésil. En attaque, il mise sur la vitesse de ses deux pointes, qui bénéficient du soutien des milieux de terrain, notamment Schmidt.
Le Canada était arrivé au Brésil avec l'intention d’effacer la déception de l’élimination en quarts de finale de sa Coupe du Monde Féminine de la FIFA, en 2015. "On avait énormément de pression sur les épaules l’année dernière", souligne Herdman. "Maintenant, les filles jouent plus libérées. Jouer une Coupe du Monde à la maison, c’est quelque chose de particulier. Elles sont beaucoup plus libérées à présent, même si les Canadiens les soutiennent pleinement. Elles sont dans une bulle qui leur permet de rester bien concentrées."
Dans cette bulle, Sophie a pu pressentir qu’elle allait marquer le but le plus important de sa carrière. C’est le genre d’histoire qui colle parfaitement avec la montée en puissance de cette équipe. "On a énormément évolué depuis l’année dernière. On progresse au bon moment, avec la certitude de pouvoir battre n’importe quel adversaire, peu importe le jour", explique-t-elle. Peu importe le jour, mais peut-être pas ce dont rêveront les joueuses la nuit précédente.