Le Brésil reste inoffensif mais positif

Les chiffres en disent parfois long lorsque l’on veut analyser le déroulement d’une rencontre. La règle se confirme pour expliquer l'inefficacité du Brésil de Neymar, Gabriel Jesus et Gabriel Barbosa lors des deux premiers matches du Tournoi Olympique de Football Masculin, Rio 2016. Contre l’Afrique du Sud et l’Irak, la Seleçao a totalisé 41 tentatives, pour seulement 13 tirs cadrés et aucun but inscrit.

Conséquence de ce manque de réussite, la sélection auriverde ne compte que deux points au classement et voit l’élimination au premier tour de ses propres Jeux Olympiques planer au-dessus d’elle comme une épée de Damoclès. Cette équipe brésilienne, prédestinée à gagner, à prendre du plaisir sur le terrain et à dérouler son football cherche des réponses pour sortir de la crise. Dans la bouche des joueurs, le même sentiment revient sans cesse. "Nous sommes angoissés et voulons tellement marquer que ça nous fait perdre nos moyens. Après, nous n’avons plus confiance en nous", confie Renato Augusto, le vétéran de l’équipe. Anxiété et manque de confiance, une véritable spirale infernale à en croire le Brésilien. "Nous pouvons tenter des choses mais, si nous n’osons plus, la tâche devient plus difficile."

Le milieu de terrain a justement bénéficié de la meilleure occasion de but dans les arrêts de jeu, alors que les Irakiens se contentaient de dégager. Sur l’action, Gabigol Barbosatrouve William lancé. Le défenseur entré en jeu dix minutes plus tôt arrive à toute allure, voit le portier adverse Mohammed Hameed sortir dans ses pieds. Il adresse un centre vers Renato Augusto libre de tout marquage, face au but vide. Sa frappe s’envole. Un commentateur de la télévision brésilienne s’emporte, en direct : "7,32 de large sur 2,44 de hauteur !" La taille des cages de football qui ne veut pas sourire aux Brésiliens depuis le début de la compétition. "Je suis arrivé sur le ballon mais je sentais que le défenseur revenait dans mon dos. Quand j’ai voulu me retourner et frapper, j’ai raté mon geste", explique le milieu brésilien.

Le défenseur central Rodrigo Caio n’arrive toujours pas à expliquer cette situation : "C’est difficile à analyser. Nous avons des attaquants qui sont au top en club. Le problème vient de toute l’équipe. Nous devons progresser individuellement et collectivement", estime-t-il, alors que Luan, entré en jeu au cours des deux dernières rencontres pour dynamiser l’attaque, confirme les propos de Renato Augusto avec amertume : "Lors du premier match, nous avions plus d’espaces que dans celui-ci. Ils étaient tous dans la surface. Nous étions tendus et angoissés à l’idée d’ouvrir le score. Nous avons basculé dans la précipitation". Les Brésiliens avaient peut-être besoin de cette piqûre de rappel afin que "tout aille mieux par la suite et que nous jouions plus libérés".

L'exemple portugais Même si le jeu de la Seleçao n’est pas aussi léché que prévu, le Brésil a effectué un quart d’heure de très haute qualité, juste avant la mi-temps. "Nous aurions pu marquer deux ou trois buts", regrette Renato Augusto. Durant cette période, les Lions de Mésopotamie ont subi les assauts auriverde. Neymar a pris le dessus sur la défense pour placer une tête ; Zeka, de près, a vu sa tentative repoussée par le portier adverse ; Gabriel Jesus a repris un corner de Neymar, dévié par Hameed ; la tête puissante de Gabriel Jesus est passée près du poteau irakien et la lourde frappe de Renato Augusto a fait trembler la transversale.

"Le ballon circulait devant, derrière. Mais ils se dégageaient toujours... On ne peut pas nous reprocher de ne pas nous entraîner dur, de ne pas lutter, de ne pas tout donner. Ça ne veut pas rentrer mais quand on commencera à marquer, on ne pourra plus s’arrêter", positive Gabigol, 19 ans. L’autre compère d’attaque de Neymar, Gabriel Jesus, est lui aussi à un an de la vingtaine. Mais Rodrigo Caio ne veut pas croire que le Brésil paie son manque de maturité : "Même si nous sommes jeunes, nous avons tous acquis de l’expérience en club. Nous ne devons pas nous affoler et notre manque de réussite ne doit pas nous inquiéter."

Gabriel Jesus, qui a touché du bois contre l’Afrique du Sud alors que le but était vide, reprend l’idée de son coéquipier : "Je ne sais pas vraiment pourquoi nous ne gagnons pas. Mais le Portugal a bien remporté l’Euro après avoir concédé deux nuls lors de ses premiers matches. Nous gardons espoir".