Peter Gerhardsson est nommé pour le prix The Best - Entraîneur FIFA (F)
La Suède a battu l'Allemagne et l'Angleterre avant de finir troisième à France 2019
Gerhardsson évoque les quatre piliers de sa philosophie
"Les récompenses pour les entraîneurs ont un côté étrange", estime Peter Gerhardsson, l'homme qui a fait monter la Suède sur le podium de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA cette année et l'un des dix nommés pour être élu The Best - Entraîneur de la FIFA pour le football féminin.
Mais en plus cette fois, grâce au poste qu'il occupe en équipe nationale, il a le droit de voter. "Je me demande toujours comment juger le travail des autres", explique-t-il. "Les joueurs, vous les regardez jouer et vous connaissez leurs qualités. Mais les entraîneurs, je ne les ai pas vus lors des séances d'entraînement, dans les vestiaires, en réunion, lorsqu'ils s'expriment auprès des joueuses. Je ne vois que ce que leurs équipes ont accompli. Et je sais que je suis nommé cette fois uniquement parce que mon équipe a fait de belles choses."
Du coup, même au sein de la communauté du football féminin, peu de gens connaissent les méthodes tactiques, de motivation, et autres du technicien de 59 ans. Pour en savoir plus, FIFA.com a demandé au Suédois d'analyser quatre éléments qui lui ont permis de se forger son identité d'entraîneur.
1 : La tranquillité
"Je ne pense pas que la colère permette de tirer le meilleur parti de qui que ce soit. Est-ce que vous travailleriez mieux si on vous criait dessus au bureau ? Alors pourquoi penser que ça marcherait avec des footballeurs ? Pour moi, l'entraîneur a pour mission d'être clair et calme, de faire comprendre à ses joueurs ou joueuses les choses qui permettront à l'équipe de mieux jouer. Crier sur les joueurs, c'était assez courant dans le passé, surtout chez les hommes, mais c'est dépassé, comme la célèbre soufflante d'Alex Ferguson. Si vous avez accumulé une telle frustration en tant qu'entraîneur que cela vous empêche de communiquer de façon calme avec vos joueurs à la mi-temps, je dirais qu'il vaut mieux carrément ne pas rentrer dans les vestiaires. Laissez-les trouver leurs propres solutions."
2 : La flexibilité
"J'aime quand mon équipe a une structure spécifique, mais il faut toujours lui laisser la possibilité d'être créative. En tant qu'entraîneur, il faut faire confiance à vos joueuses et leur donner la liberté de créer et d'improviser. J'aime les joueuses qui prennent leurs propres décisions sur le terrain. Quand j'étais joueur, j'aimais beaucoup évoluer pour des entraîneurs qui me donnaient cette responsabilité. C'est plus intéressant aussi d'avoir des joueuses qui peuvent s'adapter au jeu de différentes manières. J'apprécie cette souplesse. Cela ne suffit plus d'avoir un 4-4-2 où tout le monde joue de la même manière. C'était particulièrement le cas en Suède avant. Une structure, c'est important, mais trop de structure tue la créativité."
3 : Les joueuses sont des personnes
"L'un des plus gros problèmes en tant que sélectionneur, surtout à la Coupe du Monde, c'est que vous avez 23 joueuses qui veulent être sur le terrain et seulement 11 places de titulaires. Nous n'avons eu que très peu de blessées en France aussi. Il faut donc être prudent et faire tout votre possible pour que tout le monde soit content et que les filles restent motivées. Il faut leur parler et les traiter d'une façon qui permet de reconnaître ce dont elles ont besoin en tant que personne. Et si elles avaient envie de nous parler, à moi ou à mon staff, peut-être pour demander pourquoi elles ne jouaient pas autant qu'elles l'auraient voulu, nous répondions toujours présent et nous n'hésitions jamais à expliquer les choses."
4 : La musique
"Je suis un grand amateur de musique, j'y consacre une grande partie de ma vie et de mon travail. Déjà, cela m'aide à me détendre parce qu'en tant qu'entraîneur de football, beaucoup de joueuses et votre staff attendent de vous que vous soyez leur leader et parfois, cela peut être stressant. J'ai donc besoin de prendre soin de moi et la musique m'aide énormément. La musique m'aide dans ma créativité : je travaille mieux, je pense mieux et j'ai de meilleures idées pour les séances d'entraînement et les matches lorsque j'écoute de la musique. J'étais pareil à l'école. Ma mère n'arrivait pas à comprendre ça !"
"Avant d'affronter un adversaire à la Coupe du Monde, je tenais à écouter de la musique venant de ce pays. Donc par exemple, on a écouté Neil Young et Golden Earring avant les matches contre le Canada et les Pays-Bas - j'étais déjà fan - et Rammstein avant l'Allemagne, mais ça ne m'a pas trop plu ! La Thaïlande a été le seul qui a été dur pour moi ! Ça m'a toujours aidé à penser, à me préparer, à me mettre de bonne humeur et à me détendre."