En juin 2006, l’arbitre syrien Hamdi Al-Kadri a vécu quelques-uns des plus beaux mois de son existence en officiant pendant la Coupe du Monde de la FIFA™ en Allemagne. Dix ans plus tard, le cinquantenaire est de retour sur les terres des champions du monde en titre. Contraint par la guerre à quitter son pays, c’est grâce à l’arbitrage qu’il prend ses marques dans sa patrie d’adoption.
"Je suis très heureux de pouvoir arbitrer ici", explique à FIFA.com un Al-Kadri installé avec sa femme et ses quatre enfants dans les environs de Nuremberg. Dès son arrivée, la famille a pu compter sur l’aide précieuse de Gudrun Baars, une fonctionnaire locale. C’est elle aussi qui a pris contact avec le club de football du village afin de l’informer qu’un ancien arbitre de niveau international habitait dans la région. Les responsables du SV Postbauer ont été séduits par l’idée d’affilier Al-Kadri à leur club. "Nous devions d’abord vérifier s’il avait besoin d’une nouvelle licence", confie Oliver Johannes, qui dirige le corps arbitral de l’arrondissement. "Mais la question a été réglée de façon épatante et sans formalités excessives par la Fédération bavaroise. Nous avons très rapidement pu compter sur lui et il officie maintenant activement. Aucun de nos arbitres ne possède une expérience comme la sienne. Il peut nous aider à guider les plus jeunes."
La femme et les deux aînés d’Al-Kadri, Leen et Ali, sont arrivés en Allemagne dès septembre 2015, Hamdi et ses deux cadets les rejoignant cette année lorsque leur demande de regroupement familial a été acceptée. Les retrouvailles ont eu lieu le 23 août. À peine deux mois plus tard, le 22 octobre, le chef de famille arbitrait sa première rencontre entre le Pilsach et Oberwiesenacker. Ce n’était qu’une rencontre de ligue inférieure, mais Al-Kadri s’en souviendra longtemps. "Arbitrer me procure beaucoup de plaisir, et c’est une étape dans notre retour à la vie normale", assure-t-il avec une joie perceptible dans la voix. "Sans le soutien exceptionnel des gens qui nous entourent ici, ça n’aurait pas été possible. Je leur en suis très reconnaissant."
Rencontre avec Beckenbauer Cela fait maintenant plus de 30 ans qu’Al-Kadri baigne dans le milieu arbitral. "J’ai d’abord été joueur, mais à 20 ans, une blessure m’a stoppé dans mes ambitions. J’ai alors hésité entre les fonctions d’entraîneur et d’arbitre, mais je me suis rendu compte que lorsque je regardais des matches à la télévision, j’observais davantage l’arbitre que les joueurs", raconte-t-il, heureux que son nouveau métier lui ait permis de voyager aux quatre coins du monde. "J’ai notamment participé à la Coupe du Monde U-17 en 2001 à Trinité-et-Tobago, à la Coupe du Monde des Clubs au Japon en 2006 et aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008. Mais la Coupe du Monde 2006 reste évidemment un moment très spécial", commente-t-il.
Beaucoup de choses lui rappellent actuellement cette période magique et les trois matches de groupes durant lesquels il a officié en tant que quatrième arbitre. "J’ai vécu tellement de moments inoubliables pendant cette Coupe du Monde." Pas uniquement sur le terrain d’ailleurs. "J’ai logé à un moment dans une chambre adjacente à celle de Franz Beckenbauer et il s’est retrouvé soudainement devant moi. C’était incroyable."
Le décor n’est plus aussi grandiose aujourd’hui et c’est dans les ligues inférieures qu’il poursuit sa carrière. Cela ne perturbe en rien cet arbitre expérimenté. "Nous sommes dans le pays des champions du monde. Le football qui y est pratiqué est excellent, peu importe la division", explique celui qui, entre le football syrien et les championnats régionaux de Bavière, a déjà pu noter quelques différences. "Tous les footballeurs se plaignent de l’arbitre, mais ici, ils comprennent plus souvent mes coups de sifflet. J’officiais à un plus haut niveau en Syrie, mais les règles sont mieux connues ici, même par les joueurs des divisions inférieures", note Al-Kadri.
La langue pose-t-elle parfois problème ? "Le football est un langage universel. Je fais des gestes clairs que tout le monde comprend." Cela ne l’empêche pas de suivre assidûment des cours d’allemand. Le football n’est en effet qu’une première étape vers une intégration complète.