Krishna, trac et vent de fraîcheur

"Avec ce vent, il fait presque froid pour nous", explique un Roy Krishna tout sourire au moment d'entamer cet entretien exclusif avec FIFA.com. "Chez nous aux Fidji, il fait beaucoup plus chaud." Sans doute la brise marine qui souffle à l'intérieur des terres lui donne-t-elle cette impression de fraîcheur.

Après six échecs, cet attaquant de 28 ans et ses coéquipiers ont enfin forcé les portes du Tournoi Olympique de Football. Leur joie est à la hauteur de l'exploit. "Pour nous, c'est un rêve qui se réalise", confie-t-il. "D'ordinaire, nous suivons les Jeux Olympiques à la télévision. Nous n'avions aucune idée de l'ampleur de l'événement. Il faut se rendre sur place pour prendre la mesure des choses. Tout le monde est fou de joie. La veille de notre départ pour le Brésil, personne n'a pu fermer l'œil. Nous avions le trac. C'est une grande fierté et un honneur de représenter notre pays ici."

Toutefois, cette première sortie olympique s'est soldée par un cinglant revers. Écrasés 8:0 par la République de Corée, les débutants ont tout de même apprécié l'ambiance qui régnait dans un stade plein à craquer. Dans les travées de l'Arena Fonte Nova de Salvador, des "Fidji, Fidji" ont résonné pendant une bonne partie du match.

"Les encouragements des Brésiliens nous ont fait chaud au cœur", sourit Krishna. "Les joueurs ont profité de chaque seconde passée sur le terrain. L'atmosphère était vraiment incroyable. Nous avons voyagé loin de chez nous et nous avons découvert que le nom des Fidji signifiait quelque chose pour nos hôtes. C'est une histoire que nous conserverons en mémoire et que nous pourrons raconter à nos amis et à nos familles."

Les responsabilités d'un capitaine Krishna ne manque jamais une occasion de mettre le groupe en avant et de rappeler l'importance du collectif. Il sait pourtant qu'il tient un rôle particulier au sein de cette équipe. L'attaquant de Wellington Phoenix est en effet le seul professionnel fidjien à Rio. Il lui revient donc de faire profiter ses partenaires de son vécu et de leur expliquer les exigences du haut niveau.

"Je suis là pour leur dire qu'ils peuvent manger avant le match et après l'entraînement. Ils doivent faire attention à leur corps et travailler sérieusement. Ce sont les règles de base pour un footballeur professionnel", poursuit Krishna. "Ce n'est pas évident de dire aux autres ce qu'ils ont à faire. Mais ils apprennent vite et ils sont à fond derrière moi. Ils m'écoutent toujours quand je prends la parole. C'est une bonne chose. Ils me respectent. C'est pour ça que j'aime mon travail."

Son travail consiste également, en tant que capitaine, à mener son équipe sur le terrain. Pour l'international fidjien, il s'agit là d'une grande première. "Je suis sous pression. Je savais en arrivant que j'allais découvrir les responsabilités qu'implique ce brassard. J'ai parlé avec mon entraîneur et mon capitaine en club et ils m'ont donné quelques conseils pour bien tenir mon rôle et motiver mes partenaires."

Ces conseils lui seront certainement précieux pour aborder au mieux le prochain match des Fidji. En effet, le prochain adversaire des Océaniens n'est autre que le Mexique, champion olympique en titre, emmené par Oribe Peralta, auteur d'un doublé contre le Brésil en finale de l'édition 2012.

"La première fois, nous avons joué très bas, ce qui a permis à la Corée du Sud de s'installer dans notre camp. Cette fois, nous irons de l'avant. Nous avons les moyens de pratiquer un jeu plus direct et de tenir le ballon. Nous n'y sommes pas arrivés la première fois, sans doute parce que nous avons trop respecté les Sud-Coréens. Face au Mexique, nous montrerons autre chose", conclut-il.