Dimanche 23 août à Lisbonne, la finale de la Ligue des champions de l'UEFA mettra aux prises le Paris Saint-Germain et le Bayern Munich. Cette rencontre sera aussi l’occasion d'un duel entre deux techniciens allemands, Thomas Tuchel et Hansi Flick. Un autre Allemand succèdera donc à Jürgen Klopp, vainqueur de la compétition européenne l’année dernière, sous les couleurs de Liverpool. L’Allemagne réalise même la passe de trois cette année, avec la présence de Julian Nagelsmann (RB Leipzig) en demi-finale.

"C’est une très bonne nouvelle ! Ça prouve que notre pays propose des formations de qualité et dispose d’excellents formateurs", se réjouit Erich Rutemöller, qui a longtemps dirigé la formation pour l’obtention du diplôme d’entraîneur de la Fédération allemande de football (DFB).

L'ancien formateur ne tarit pas d’éloges sur le travail réalisé par ses successeurs Frank Wormuth et Daniel Niedzkowski, ainsi que l’ensemble de leurs collaborateurs. Rutemöller a vu passer dans sa salle de classe les entraîneurs des deux finalistes de la Ligue des champions, Flick (2003) et Tuchel (2006). "Dès les premiers jours, Flick a fait preuve d'une énorme envie d’apprendre. Il voulait tout savoir ! Il a terminé major de sa promotion, avec Thomas Doll. J’ai vite compris qu’il avait un grand avenir devant lui. Je ne suis pas surpris de le retrouver là aujourd’hui", confie Rutemöller, actuellement conseiller du FC Cologne, à FIFA.com.

"J’ai été davantage étonné par la trajectoire de Tuchel. Quand il est arrivé chez nous, il venait de terminer ses études en sciences du sport. Il travaillait au centre de formation d’Augsbourg. Je le voyais plutôt faire carrière dans le milieu amateur ou dans la formation ; en tout cas, je ne l’imaginais pas à la tête d’équipes comme Dortmund ou le PSG. Je suis ravi de m’être trompé !"

Quelles sont aujourd'hui les particularités, les similitudes et les différences entre les deux entraîneurs ? Leur ancien mentor répond :

"Chacun a sa façon de faire les choses. Flick pensait déjà comme un entraîneur lorsqu’il était joueur. Il se posait des questions sur tout, y compris sur lui-même. Il nous est arrivé de discuter stratégie ensemble et pour lui, le collectif passait toujours en premier", décrit Rutemöller, qui a dirigé Flick en 1990/91, lors de son passage à la tête du FC Cologne. "Sa force, c’est son calme et son charisme. Il sait qu’il ne ressemble pas du tout à quelqu’un comme Diego Simeone. S’il cherchait à l’imiter le long de la ligne de touche, il ne serait pas crédible une seconde. Il reste au fond de lui le joueur que j’ai eu sous mes ordres il y a 20 ans. C’était un milieu de terrain flegmatique et généreux dans l’effort. Il n’était pas très spectaculaire, mais il faisait son travail à la perfection et il était toujours prêt à apprendre".

"Thomas Tuchel est un merveilleux professeur. La demi-finale contre le RB Leipzig porte sa griffe. Chacun a pu voir à quel point il excelle dans son métier. Il a réussi à rallier tout son groupe à sa philosophie, ce qui n’est pas évident compte tenu de la renommée de ces joueurs", précise Rutemöller. "J’ai été particulièrement impressionné par la mobilité du PSG. J’avais rarement vu Neymar courir autant. S’il l’a fait, c’est parce qu’il le voulait et non parce qu'on lui en avait donné l’ordre. Quand on constate que toute une équipe fait corps, c’est le signe que l’entraîneur fait de l’excellent travail."

"José Mourinho a dit un jour : 'Le football est un combat de tous les instants contre le hasard'. Je suis d’accord avec lui. Tout va se jouer sur de petits détails. Je m’attends à un match très serré. Les défenses vont être mises à rude épreuve car, de part et d’autre, il y a beaucoup de talent en attaque", estime Rutemöller. "Naturellement, en tant qu'Allemand, j’ai une petite préférence pour le Bayern Munich. Mais j’ai surtout hâte d’assister à un très beau match. À mes yeux, la finale oppose les deux meilleures équipes de la compétition."

Photo : Formation des entraîneurs de la DFB, promotion 2003 : Erich Rutemöller (en haut à droite), Hansi Flick (3ème rangée, 3ème en partant de la gauche)