D'Angelo, à la force du poignet

La gardienne canadienne Sabrina D’Angelo était en train de s’échauffer à Rochester juste avant le match qu’elle devait disputer avec Western New York Flash contre Sky Blue FC. Dans la séance de frappes rapides de près, elle a ressenti quelque chose d’étrange à la main gauche sur une déviation. Pour calmer la douleur, un bandage lui a été posé et elle a pu participer à la victoire 5:2 de son équipe.

Quand elle a enfin pu passer un examen plus détaillé, on lui a diagnostiqué une blessure beaucoup plus grave que ce qu’aurait plus imaginer ce 21 mai n’importe quel supporter new-yorkais. D’Angelo avait en fait joué avec le poignet gauche fracturé. Petit détail : elle est gauchère ! Sachant que le Tournoi Olympique de Football féminin, Rio 2016 commençait trois mois plus tard et qu’elle a fait son retour ce 6 août pour disputer le match du deuxième tour du Canada dans le Groupe F, on ne peut qu’être épaté par son courage.

"Quand c’est arrivé, je ne pensais pas que ce serait possible de revenir aussi vite", explique la joueuse de 23 ans, qui s’est vu poser une broche dans le poignet. "Et puis les médecins m’ont dit qu’il y avait peut-être une chance, donc je me suis fait opérer le plus vite possible et j’ai décidé d’adopter une mentalité optimiste. S’il y avait vraiment une chance, je ne voulais pas la laisser passer", indique-t-elle à FIFA.com après avoir connu son baptême du feu olympique, assorti d’une victoire 3:1 sur le Zimbabwe à Sao Paulo.

C’est la veille du match que la gardienne a appris sa titularisation de la bouche du sélectionneur John Herdman, lequel affirme n’avoir jamais douté de la récupération de sa protégée. Lors de l’entrée en lice contre l’Australie, il avait décidé de faire confiance à Stephanie Labbe, internationale depuis 2008. "J’ai fait tout ce que je pouvais pour revenir au plus vite alors que j’ignorais si ça suffirait", affirme la portière. "J’ai eu la chance d’avoir un bon groupe autour de moi qui m’a aidée à bien travailler."

Pari réussi Membre de toutes les équipes de jeunes du Canada, présente à deux Coupes du Monde Féminines U-17 de la FIFA et à une Coupe du Monde Féminine U-20 de la FIFA 2012, D'Angelo était suivie de longue date par Herdman. Très performante au sein de la formation new-yorkaise, elle a disputé la Coupe de l'Algarve en mars dernier, contribuant aux succès des Canucks sur le Brésil et la Belgique. "Elle fait partie des personnes les plus positives que je connaisse. Et puis elle a une présence énorme sur le terrain et en dehors", soulignait son sélectionneur lors d’un entretien avec Canadian Press. Fin juin, un mois après la blessure, Herdman n’a pas hésité à la convoquer. S’il a tenté ce pari, c’est aussi parce qu’il ne pouvait pas compter avec Erin McLeod, titulaire lors de la dernière Coupe du Monde et éloignée des terrains depuis mars par une blessure au genou. "Malheureusement, sa blessure est beaucoup plus grave que la mienne. Moi, au moins, j’ai réussi à revenir à temps", commente D’Angelo.

Face au Zimbabwe, la gardienne n’a pas vraiment eu à s’employer, mais cela ne la dérange pas le moins du monde. "Toutes les minutes passées sur le terrain sont bonnes à prendre. Même lors d’un match comme celui-là, où on passe beaucoup de temps à ne rien faire, il faut savoir rester attentive", juge-t-elle. "J’ai taché de garder ma concentration du début à la fin. Malheureusement, j’ai pris un but et je n’en suis pas très contente."

Avec deux victoires dans son escarcelle, le Canada va maintenant affronter l’Allemagne ce 9 août à Brasilia pour le compte de la troisième journée. La gardienne ne sait pas encore si elle sera alignée ou si l'entraîneur misera sur Labbe. Pour elle, le seul fait de retrouver les terrains constitue une victoire personnelle. La gardienne met désormais toute son énergie au service de l’équipe et elle veut regarder plus loin pour effacer notamment le souvenir douloureux de l’élimination à la Coupe du Monde Féminine de la FIFA de l’année dernière. "On va continuer à faire ce que l’on sait faire. On a un bon groupe, fait d'anciennes et de jeunes joueuses, et on toutes envie d’aller chercher le podium qui nous a échappé en 2015", annonce-t-elle. "Je suis sûre qu’on va y arriver."