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mercredi 30 décembre 2020, 11:17

Banks, le gardien qui a tenu tête à Pelé

À l'occasion de l'anniversaire de la naissance de Gordon Banks, le 30 décembre 1937, FIFA.com retrace la carrière du légendaire gardien de but anglais, décédé en 2019.

"Gooool", hurle distinctement Pelé alors que sa tête piquée prend indubitablement le chemin des filets, devant les 67 000 spectateurs du stade Jalisco et des millions de téléspectateurs devant leur écran. Sous la chaleur écrasante de Guadalajara, le gardien anglais Gordon Banks sait que la balle est trop loin pour lui.

Pourtant, au cours de ce match comptant pour le Groupe 3 de la Coupe du Monde de la FIFA, Mexique 1970, le miracle a eu lieu. Banks plonge sur son côté droit, se détend comme un félin et, dans une posture qui défie les lois de la physique, touche le ballon du pouce. L'adidas Telstar est légèrement dévié, suffisamment pour passer de l'autre côté du poteau et sortir en corner.

"Dès l'instant où j'ai frappé le ballon, j'étais convaincu qu'il allait entrer", se souvient Pelé. "J'ai même commencé à sauter pour célébrer le but. Ensuite, je jette un dernier coup d'œil et je vois que le ballon est passé à côté. Je n'arrivais pas à y croire."Le sauvetage de Banks a souvent été surnommé "l'arrêt du siècle". Il est certain qu'il a permis à son auteur d'être connu dans le monde entier.

Un maçon devenu mur infranchissable

A 18 ans, Banks était encore maçon. Il ne connaîtra pas l'élite du football anglais avant l'âge de 22 ans. A titre de comparaison Peter Shilton, successeur de Banks à Leicester City et en équipe d'Angleterre, a débuté chez les professionnels à l'âge de 16 ans.

Le natif de Sheffield a cependant vite rattrapé le temps perdu. Sept mois après avoir fait ses débuts professionnels à Chesterfield, en troisième division anglaise, Banks est engagé par Leicester comme doublure de Dave McLaren, pour la somme de 7 000 livres. L'excellent gardien écossais ne résiste pas longtemps à la concurrence de Banks, qui fait valoir des qualités de placement et des réflexes à couper le souffle.

Au cours des huit années qu'il passera au club, le numéro un des Foxes connaît son heure de gloire en 1964, avec une victoire en finale de la Coupe de la Ligue. Banks disputera également deux finales de FA Cup. Les deux fois, Leicester s'inclinera, d'abord face au formidable Tottenham Hotspur en 1961, puis deux ans plus tard contre Manchester United. A cette occasion, Banks commet deux erreurs inhabituelles, qui coûtent le trophée à son équipe.

En 1967, Shilton pousse son aîné vers la sortie. De façon assez inattendue, Leicester vend son portier à Stoke City. Banks a alors 29 ans. Il gardera les buts des Potters à 246 reprises et contribuera au seul titre remporté par le club à ce jour : la Coupe de la Ligue 1972.

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Dans la cage des Trois Lions

Sur la scène internationale, Banks doit évidemment sa notoriété à ses prestations en équipe d'Angleterre, avec laquelle il débute en 1963. En 1966, il fait partie de la formation qui remporte la Coupe du Monde de la FIFA, grâce à un succès 4-2 en finale contre l'Allemagne. A cette période, Banks réussit l'exploit de ne pas s'incliner pendant 442 minutes, soit plus de sept matches d'affilée. Il cédera finalement en demi-finale contre le Portugal, sur un penalty du légendaire Eusebio.

A Mexique 1970, Banks est au sommet de son talent. En phase de groupes, il n'encaisse qu'un but, contre le Brésil précisément. L'Angleterre perd 1-0, mais son gardien réalise au passage l'arrêt du siècle. La veille du quart de finale contre la R.F.A., Banks est intoxiqué après avoir bu une bière. "C'est incroyable que ce soit tombé sur lui", commente laconiquement le sélectionneur anglais de l'époque, Alf Ramsey, qui n'a d'autre choix que de titulariser la doublure de Banks, Peter Bonetti.

Face à la Nationalmannschaft, l'Angleterre comptera jusqu'à deux buts d'avance mais à la 68ème minute, Franz Beckenbauer réduit l'écart. Finalement, la formation dirigée par Helmut Schön l'emporte 3-2. Après la partie, Der Kaiser fera cette élogieuse confession : "Si Banks avait été dans les buts, mon tir n'aurait jamais franchi la ligne."

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L'arrêt d'une légende

Les malheurs de Banks ne s'arrêteront pas là. En octobre 1972, alors qu'il est encore gardien titulaire de l'équipe d'Angleterre, il perd l'usage de son œil droit dans un accident de voiture. Cela marque la fin de sa carrière dans son pays natal. En 1977, il tente une dernière expérience aux Etats-Unis, avec les Fort Lauderdale Strikers, après quoi il raccroche définitivement les gants. "Quand je jouais contre Gordon, je me demandais comment j'allais arriver à le battre", avait déclaré l'illustre avant-centre Jimmy Greaves au sujet de son compatriote.

Après le fameux Brésil-Angleterre de 1970, Pelé avait dit en plaisantant : "Banks l'a arrêté, mais je suis sûr d'avoir marqué". Même dérision chez l'Anglais, qui racontait de nombreuses années plus tard : "J'ai gagné une Coupe du Monde et pourtant, ce n'est pas pour ça que je suis resté dans les mémoires. Les gens se souviennent de mon arrêt. On m'en parle toujours."

Quoi qu'il en dise, Banks restera comme l'un des plus grands gardiens de l'histoire de football, le deuxième meilleur portier du XXème siècle selon la Fédération internationale des statistiques et de l'histoire du football (IFFHS), devant Dino Zoff, Sepp Maier et Ricardo Zamora. Seul Lev Yashin est mieux classé.

S'il existe une personne qui n'avait aucun doute quant à la valeur de Banks, il s'agit bien sûr du roi Pelé en personne, qui avait déclaré au sujet de l'infranchissable Gordon : "C'est peut-être même le meilleur défenseur de l'histoire du football."

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