1er août 1996 : Milbrett met dans le mille

Inscrire un but décisif dans le match pour la médaille d'or des Jeux Olympiques, réaliser cet exploit devant ses supporters, le tout dès la première apparition de sa discipline au programme olympique : Tiffeny Milbrett a réalisé cette triple prouesse en marquant contre la RP Chine en finale d'Atlanta 1996, gravant son nom en lettres d'or dans l'histoire du football féminin.

Outre la joie évident, qu'a-t-elle donc ressenti en inscrivant ce but si important ? "Du soulagement", lâche Milbrett 20 ans après au micro de FIFA.com. "Nous devions gérer une pression énorme. Notre but était de remporter la médaille d'or, mais une athlète se fixe toujours un certain nombre d'objectifs minimums. Dans notre cas, il s'agissait d'atteindre la finale. Du fait de notre fraîcheur, Atlanta 1996 était une belle expérience. Nous n'avions encore jamais participé à une compétition de cette envergure. Nous ne connaissions pas les Jeux Olympiques. Nous avons vécu chaque instant pleinement, naturellement, comme si tout ça allait de soi."

Les préparations pour Sydney 2000 se sont révélées beaucoup plus stressantes aux yeux de Milbrett. Sachant à quoi s'attendre, les Américaines étaient tendues. Lors du premier Tournoi Olympique de Football Féminin, les joueuses avaient accepté l'idée d'un voyage en terre inconnue. "Quand on ne sait pas dans quoi on s'engage, on aborde les choses beaucoup plus sereinement", estime-t-elle. "En 1996, nous avions l'impression de vivre un rêve en participant aux Jeux Olympiques. Dans mon souvenir, nous étions toutes décontractées, tranquilles et heureuses."

Et encore plus lorsque le ballon a terminé au fond des filets lors du match décisif, même si Milbrett laisse l'émotion de côté au moment d'évoquer cet exploit personnel. "Franchement, je n'ai fait que mon travail. En tant qu'attaquante, j'étais là pour marquer des buts", analyse-t-elle modestement. "Avec le recul, je pourrais dire : 'Oh, mon Dieu ! J'ai marqué dans un match pour la médaille d'or !' Mais sur le moment, j'avais simplement le sentiment du devoir accompli", précise-t-elle. "Ce but n'était qu'une étape sur le chemin qui menait à la réalisation de notre objectif, à savoir repartir avec la médaille d'or autour du cou. Je n'étais pas la seule à travailler dur , tout le monde a contribué à cette victoire."

Une grosse différence... Il faut donc regarder ailleurs pour trouver le meilleur souvenir que la compétition a laissé à la buteuse. "Je me rappelle avoir levé un bouquet de fleurs tandis que je me tenais sur le podium. En fait, je me souviens mieux de ce bouquet que du but ! Je n'entendais rien. Je n'aurais même pas su dire s'il y avait du monde", raconte-t-elle, assurant n'avoir pas encore pris conscience de l'importance d'un tel but. "Je crois que je ne mesure toujours pas l'ampleur de la chose", reconnaît Milbrett, 20 ans après cette folle journée à Atlanta. "Je croise souvent des gens qui semblent beaucoup plus émus par cette victoire que moi. Ça me donne une idée de la portée de l'événement. La différence, c'est que cette médaille, c'est moi qui l'ai gagnée."

À quelques jours de Rio 2016, des centaines de joueuses espèrent marcher sur ses traces, dont ses héritières américaines, qui pourraient entrer dans l'histoire en devenant la première équipe à décrocher l'or olympique un an après un triomphe en Coupe du Monde Féminine de la FIFA™. "Nous ne manquons pas de talent", note Milbrett. "C'est un groupe qui fait plaisir à voir et j'essaye de suivre la progression de nos jeunes joueuses. Sur le plan physique, nous n'avons pas à rougir de la comparaison avec les autres et nous avons de bonnes joueuses. Je crois cependant que le reste du monde a des choses à nous apprendre sur le beau jeu et nous aurions tout intérêt à intégrer ces leçons au niveau de la créativité, du toucher de balle, de la lecture du jeu… les petites subtilités et les astuces. Nous pouvons faire mieux dans ces domaines. Pour moi, c'est tout ce qui nous manque pour atteindre le sommet."

En revanche, pour le sommet de Rio 2016, Milbrett se tourne vers l'une des valeurs sûres du football européen. "Depuis quelques années, j'aime beaucoup la France. Collectivement et individuellement, c'est très intéressant.Il ne manque pas grand-chose aux Bleues pour devenir une sélection de premier ordre. En tout cas, j'apprécie leur façon de jouer", avoue-t-elle, en conclusion.